Kelem – Arkan

 

Aujourd’hui, c’est d’Arkan et de leur dernier album intitulé Kelem dont nous allons parler. Présent depuis 2005 sur la scène metal, le groupe aujourd’hui formé de Foued Moukid, Samir Remila, Mustafa El Kamal, Florent Jannier et Manuel Munoz (Sarah ayant décidé de se consacrer à sa carrière d’actrice) ne cesse de nous impressionner. Ce changement de line up plutôt brutal, puisque l’on passe d’une chanteuse à un chanteur, est plus que réussi et donne une nouvelle dimension à leur œuvre.

Avec la volonté ferme de créer une musique proprement nouvelle, Arkan, « le pilier », se fait le porte parole de tous horizons! Les origines des membres sont en effet très diverses : Mustafa et Samir sont nés en Algérie, Florent est française né de parents grecs et Foued est issu d’une famille marocaine. On ne s’étonne donc plus de cette ambiance orientale qui entoure principalement les refrains, même s’il est bon de noter que le groupe utilise beaucoup moins d’instruments orientaux sur cet opus que sur les précédents. L’album se fait donc hybride : il reste dans le genre de l’oriental metal tout en se distanciant de ces attributs premiers et en y plaçant la voix d’un homme au lieu du traditionnel et caractéristique chant féminin.

Ces jeunes hommes nous offrent toutefois un sujet d’actualité et ,qui plus est, qui se prête totalement au son de l’album; ils disent eux-même que «ce nouvel album traite de la crise au Moyen Orient qui a débuté avec la révolution de Jasmin jusqu’à nos jours et de la radicalisation des jeunes par des groupes terroristes». En plus d’un excellent son, nous avons aussi le droit à des textes qui font réfléchir et qui ne sont pas dénués de sens étant donné l’actualité récente. L’artwork est quant à lui surprenant. Non pas qu’il soit de mauvaise qualité, mais plutôt qu’il révèle plus le genre de musique que joue Arkan plutôt que le contenu réel de l’opus. Le manque d’originalité est tout de même à déplorer car le visuel rappelle sensiblement et Infection.Erasure.Replacement de Noein, mais aussi Post Mortem Nihil Est de Dagoba.

Mais finis les préliminaires, maintenant parlons musique ! L’album débute sur Kafir, un titre qui va vous rester dans la tête pour les cinq semaines à venir au moins. C’est une de mes préférées de l’album car elle offre quelque chose de très différent de ce que l’on peut entendre dans le metal en général, mais aussi parce qu’elle est un bon moyen d’introduire cet album. La transition se fait douce, Kafir apparaît comme le prologue de l’histoire que va nous conter le groupe. Plus on avance dans l’album et plus la violence s’installe. On passe du chant clair au chant saturé à partir the The Call, d’un accompagnement très léger reposant sur les guitares à une batterie aussi détonnante que les bombardements dont il est question par exemple dans Nour. La présence de voix sur ce morceau donnent d’ailleurs un petit effet journalistique, voire une dimension de témoignage à l’opus qui ne sont pas déplaisants. Ehral sera un titre coup de cœur pour les metalheads, les vrais ! L’alternance entre couplets hurlés et refrains à voix claire raviront cependant tout amateur qui soit, mais nous retiendrons surtout les riffs saccadés qui donnent la puissance de ce titre et son ton : « We’ll fight to survive ».

Après la première attaque si l’on peut dire, nous retrouvons pour un court instant le calme avec l’interlude Eib sur lequel enchaîne Just a Lie, un titre où, encore une fois, nous sommes heureux d’entendre la voix de Manuel ! Ce morceau est particulièrement apprécié car il parle d’immigrés prenant la mer pour fuir leur pays. Seulement, ceux-cis périront après la brève accalmie au centre de la compo. Beyond the Wall est un des morceaux les plus orientalisants de l’album, comme si nous arrivions enfin dans ces pays où règne le chaos, et où le chant se fait entendre comme un cri de douleur. Kelem, le tire qui donne son nom à l’album, n’apparaît qu’à la fin de ce dernier et fera frissoner tous les amateurs de choeurs et de guitares langoureuses. Les trois derniers morceaux de l’album, Captial City Burns, As a Slave et Jasmine Harvest, se confondent, semblent être la continuité de chacun des morceaux précédents. On retrouve cependant du chant féminin sur As a Slave. Nous dirons donc que ces trois morceaux constituent un épilogue sur lequel ne se referme justement pas l’histoire des conflits du Proche et du Moyen-Orient. Les derniers riffs de guitare résonnent dans notre tête comme les attrocités comises et subies tous les jours dans cette région du monde sans que l’on puisse vraiment parler d’une fin. Jasmin Harvest est donc un titre à points de suspension…

Kelem

Arkan

2016

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