Guidé par l’espoir de renflouer sa guilde, la Cape fulmine depuis son trône dans les ténèbres e la cité tentaculaire de Blanchâme.
Pour sauver ce qui peut l’être, il envoie son meilleur homme piller les Archives Impériales. Il devra ramener quelques vieux manuscrits qu’il sera aisé de vendre par la suite à de riches collectionneurs.
Ce qu’il dérobe dans les rayons poussiéreux de l’auguste bibliothèque est un vieux vélin que le temps lui-même avait oublié. Ecrit d’une main fiévreuse, malhabile, dans une langue oubliée de tous, il pourrait être porteur de nouvelles délétères ou un simple papier inutile.
Seule la traduction des mots griffonnés en révélerait le sens.
Ancien héros de guerre fuyant son passé, courtisane rompue aux arts de la conversation et du combat, complots théologiques et politiques, peste mystérieuse, jeu d’un destin auquel les morts n’entendent rien…
Venez écouter les murmures de La Confidence d’Althios …
A la lecture de la quatrième de couverture, on s’attend à retrouver tous les éléments d’un bon roman d’aventures, lequel prend place dans un univers d’heroïc fantasy. Quant à la couverture, elle est sobre et efficace, rappelant la Légion des Griffons à laquelle appartenait Drel Argos, dont on va suivre le parcours tout au long de ce premier tome. Et en effet, ce sont des personnages assez classiques (entre, notamment, un ancien soldat éprouvé mais au grand cœur et une jeune femme tout aussi belle que dangereuse) que l’on retrouve mis en scène au sein d’un royaume au bord de la guerre et dirigé par une dynastie, les Gwenstone, qui s’essouffle : entre les complots politiques et religieux, c’est donc un ordre immémorable qui est menacé, tant de l’intérieur, que de l’extérieur; et ce fameux vélin pourrait être le levier qui précipitera la chute de ce monde tel qu’on le connaît.
Mais, derrière cette approche assez entendue se cache bien plus qu’il n’y paraît et c’est là le talent d’un véritable conteur que l’on découvre sous la plume de Rosati au fil des pages. En effet, le style est tantôt incisif et percutant, tantôt poétique et plus lent, le tout, sans lasser. Au-delà de ça, le récit est surtout rondement mené et sait très bien ménager ses effets de surprise, sans tendresse ou pitié aucune pour ses personnages dont certains ne feront qu’une brève apparition, réussissant pourtant à gagner déjà notre affection. C’est d’ailleurs cette construction réunissant regards multiples et parcours croisés qui peut faire penser à une fresque, dont les multiples facettes révèlent le véritable « héros » qui sous-tend cette aventure, à savoir le Dyved lui-même, les histoires des hommes ne faisant que nourrir individuellement l’histoire bien plus vaste et complexe de ce monde que l’on découvre. La Tour du Skade, nouvelle disponible sur le site de l’éditeur OVNI, peut être l’occasion d’une première plongée dans ce monde torturé afin de le découvrir (ainsi qu’un petit mot de l’auteur pour le présenter).
Quant à la langue elle est à la fois habillement charpentée tout en se montrant incisive et pleine d’une gouaille fort savoureuse : précise et acérée, elle fait mouche. La brutale beauté de certains passages n’est d’ailleurs pas sans rappeler selon moi les amours de Kassad et Monéta, dépeintes dans Les Cantos d’Hypérion de Dan Simmons. Et c’est bien cette verve qui fait toute la force et le charme de ce premier tome, somme toute savoureux et réussi. En espérant que le prochain tome ne soit pas trop long à venir !
Le vélin oublié
La confidence d’Althios – T1
Christophe Rosati
OVNI – Editeur d’autres réalités
306 pages
19,90 €