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Du pain sur ses quatre planches pour le défunt Raymond Soulier, activiste résolu : fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines … les morts-vivants se multiplient.
Car une catastrophe frappe le Disque-monde : la Mort est porté disparu (oui, la mort est mâle, un mâle nécessaire). Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel.
Tandis que, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n’attend pas…
Ainsi se présente la quatrième de couverture de ce onzième tome des Annales du Disque-monde dont l’Atalante propose une nouvelle édition préfacée par Terry Pratchett. Nul besoin de présenter encore le bonhomme dont la carrière parle pour lui, de même que les nombreux hommages qui ont eu lieu, suite à sa mort, survenue l’année dernière.
Le speech est simple : la Mort arrête de travailler … ce qui bien sûr a de nombreuses répercussions, à commencer par le fait que les morts ne le sont plus. De même, faute d’équilibre, un trop plein de vie se met à poper un peu partout et dans à peu près n’importe quoi. Pendant ce temps, la Mort n’a pas disparu. Non, il s’est tout simplement trouvé un job, comme tout le monde et fait l’expérience de la vie et de son étrangeté, parfois. Toutefois, la Mort a un temps de vie imparti à la fin duquel Pierre Porte, la personnalité qu’il a développé, se rend compte qu’il ne veut pas mourir, alors que son remplaçant vient le chercher. Cette expérience nouvelle de la mortalité finit donc par être assez touchante et, qui de mieux placé pour défier la nouvelle Mort.
Le roman développe aussi en parallèle toute une histoire autour de Vindelle Pounze, le mage alors le plus vieux de l’Université de l’Invisible, et de morts-vivants de tout poil. Hé oui, comme lui, d’autres créatures ne s’y retrouvent pas, dans ce monde où les vivants sont la norme et, se rassemblent pour former un groupe de parole. Le problème c’est que ce trop plein d’essence vitale dérègle de tous les jours alors que des phénomènes inexpliqués se produisent à Ankh-Morpork. C’est alors qu’entre en scène l’Université de l’Invisible ainsi que l’archichancelier Mustrum Ridculle, à sa tête. Mais, c’est aussi l’occasion de découvrir le frère de ce dernier, Riguenon Ridculle, grand-prêtre d’Io l’Aveugle, un ordre religieux, ce problème étant tant magique que théologique. En effet, un monstre larvaire parasitant la vie se met à se développer et tout détruire. Avec cette métaphore des centres commerciaux qui annihilent les êtres humains, Pratchette singe notre monde, comme à son habitude, offrant au lecteur des parallèles avec son propre univers ou, sa propre absurdité en l’occurrence.
Malgré quelques effets qui tombent à plat par moment ou une métaphore qui se fait laborieuse, le récit est porté par l’humour de Pratchett ainsi que quelques petites trouvailles. Citons par exemple les multiples tentatives de re-mort de Pounze par ses ex-collègues ou la création de la Mort aux Rats. L’histoire peut paraître inégale par moments peut-être sans être pour autant lassante ni longuette. Le charme désuet de l’écriture de Pratchett joue donc ici pleinement son rôle et livre un tome agréable et qui se laisse bien lire.
Le Faucheur – Les Annales du Disque-monde T.11
Terry Pratchett
L’Atalante
Illustration : Josh Kirby
Traduction : Patrick Couton
317 pages
Cat. 5 : 19 €