Chroniques Cruelles d’Hier et de Demain – Boris Darnaudet

darnaudetchroniquescruellesdhieretdedemainVingt cinq ans, c’est l’âge qu’aura à jamais Boris Darnaudet. Souffrant d’une grave dépression, il a été longtemps un funambule tantôt avec des projets, tantôt avec des regrets et des doutes. Ecrivant seul ou avec son père, François Darnaudet, ou Philippe Ward, il a jusqu’au bout eu un regard sévère sur son œuvre et des écrits à venir étaient déjà clairement établis dans son esprit.

Ces Chroniques Cruelles d’Hier et de Demain rassemblent des témoignages amicaux sur l’homme, sur l’ami, sur l’écrivain en devenir, mais surtout des textes solos sous la forme de deux romans, d’une novella et d’une dizaine de nouvelles relevant tous des littératures de l’imaginaire, car Boris ne se voyait pas écrire autre chose, et surtout pas du mainstream.

Dans Les Chroniques de Don Emilio il nous conte les aventures d’un jeune noble espagnol qu’un revers de fortune mène de l’autre côté de l’Atlantique d’abord aux côtés des conquistadors, puis parmi les forces de cette nature que la conquête menace. Avec Le cycle du Cube, nous suivons quelques épisodes où un cube maléfique se manifeste lors de certaines phases critiques de l’évolution de l’humanité. Je n’ai pas réussi à effacer de mon esprit le monolithe de 2001 pendant tout le récit, mais là s’arrête la seule ressemblance. Un autre texte, le Projet Orbis, nous projette dans un futur à la Mad Max avec un homme qui s’y retrouve sans en savoir la raison, ni même qui il est.

Parfois le style peut paraître maladroit, mais Boris Darnaudet va droit au but plutôt que de tergiverser sur des figures de style qui éloigneraient le lecteur de son récit. En effet, si les textes sont inégaux en termes de style, il est indéniable que l’auteur savait construire des mondes cohérents et les agrémenter de personnages et de situations inattendus et propres à s’attacher le lecteur. La qualité de cet ouvrage est de mettre en avant toute la richesse des imaginaires que Boris Darnaudet pouvait inventer.

Alors oui, nous avons ici d’abord un hommage. Mais nous voyons évoluer son style, nous assistons presque à la construction de ses mondes et surtout nous avons un beau panel de toutes les qualités que cet auteur aurait encore pu faire grandir et obtenir enfin une plus grande reconnaissance. Prolifique, touche à tout, il avait tous les atouts, tout le potentiel pour devenir un auteur incontournable des littératures de l’imaginaire. Malgré quelques petits défauts, il est vertigineux – et Le sas en est encore un bel exemple – de se pencher sur l’imagination de cet auteur parti trop tôt.

Chroniques Cruelles d’Hier et de Demain
Boris Darnaudet
Couverture illustrée par Didier Graffet
Rivière Blanche
Hors collection
2016

18,00 €

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