Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman partagent une vision noble : celle d’aider l’humanité à travers leurs recherches innovantes sur l’immortalité. Mais les expériences de Victor vont trop loin et son obsession a de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa monstrueuse création.
Le film n’a engendré que 34 millions au box-office mondial contre un budget de 40. Autant vous dire qu’il n’a pas du tout marché! Cependant, si les critiques ont été assez dures, je l’ai trouvé plutôt sympathique.
En effet, le film est assez fun et visuellement superbe. On se retrouve dans une ambiance Londonienne très 19ème, un brin steampunk. On pourra comparer le film aux Sherlock Holmes de Guy Ritchie même si ces deux derniers possèdent plus de caractère. Cependant, McGuigan nous plonge très vite dans l’imaginaire londonien de l’époque permettant à tous les fans du genre de s’y retrouver.
Le début du film est très intrigant avec un ton burlesque lié aux décors: un cirque. On rentre assez vite dans un monde poétique grâce à la trapéziste Lorelei. Les effets visuels liés à l’anatomie et musculatures sont assez originaux et permettent de rentrer dans la tête d’Igor, alors bossu, enfermé par Monsieur Loyal comme un vulgaire animal.
Si le scénario pêche à cause d’une intrigue un peu prévisible et surtout d’une fin bâclée, la relation entre le docteur et Igor est fascinante à suivre grâce à un James McAvoy complètement fou , presque animal et Radcliffe plus en retrait, timide, mais intelligent et plus humain.
Les deux acteurs interprètent brillamment leur rôle, même si l’on reste plus séduit par la performance de McAvoy dont l’obsession pour la mort glace le sang. Leur relation est intéressante et subit une réelle évolution. C’est d’ailleurs à travers leur relation que l’on en apprend davantage sur l’un et l’autre.
Le personnage du détective permet aux auteurs de mettre en face à face la croyance religieuse (ici presque fanatique) et la croyance en la science. C’est d’ailleurs le progrès de la science qui va prévaloir face aux idées datées de la religion. Le propos est assez clairement mis en avant ce qui est assez surprenant pour un film comme celui-ci (s’entend “blockbuster-grand public-très américain!).
On regrettera que le méchant (Finnegan) soit si peu de consistance. Ses motivations restent très floues et on ne croit pas vraiment à son revirement de comportement. Il est difficile de voir ce qu’apporte le personnage à l’intrigue à part caricaturer l’anglais aristocratique.
L’auteur joue beaucoup avec les symboles notamment sur les couleurs, objets et même noms puisque la trapéziste (Jessica Brown Findlay) Lorelei, évoque sans ambiguïté la sirène du même nom, rappelant Igor à elle pour le sortir des griffes de Frankenstein. Elle représente à elle seule (visuellement parlant), les différentes étapes de l’état psychologique d’Igor grâce aux robes qu’elle porte: d’abord noire, puis verte, rouge sang et enfin dorée. C’est peut-être un peu facile de le voir ainsi, mais en tout cas l’effet est là!
La musique est très agréable et s’accorde parfaitement à l’ambiance et à l’histoire.
CONCLUSION
Docteur Frankenstein est un film très agréable malgré cette énième adaptation de Shelley. Le point de vue est différent, le visuel offre un cadre à la fois merveilleux et cruel, et les personnages sont bien travaillés. Même si le scénario manque d’ampleur, on passe un bon moment de divertissement.
Docteur Frankenstein
réalisé par Paul McGuigan
avec James McAvoy, Daniel Radcliffe, Jessica Brown Findlay, Andrew Scott
20th Century Fox