Mune est un faune mignon tout plein qui vit sur un monde où le Soleil et la Lune autour de la planète, guidé par deux « temples ». Les deux astres sont protégés par des gardiens qui doivent veiller au fil des âges au respect de la succession de jour et de nuit, assurant le bon fonctionnement du monde et de ses habitants. Sauf que Mune, en plus d’être un mignon faune tout plein, se retrouve plus ou moins contraint d’accepter le rôle de gardien de la Lune parce qu’il est l’être le plus pur de l’endroit.
Le plus gros soucis, c’est que le copain Mune, en plus d’être tout pur et mignon, n’est pas l’être le plus finaud de la galaxie. Et dans sa relative innocence, voilà que le gourgandin perd la Lune, et se retrouve relativement molesté par son collègue gardien du soleil à cause de ça. Comme une emmerde n’arrive jamais seul, des vilains monstres profites du chaos pour s’emparer du soleil et l’embarquer dans les profondeurs des ténèbres.
Mune, son collègue bourrin Sohone et la créature du crépuscule Cire (ça s’invente pas) décide donc de s’enfoncer dans les limbes du monde pour retrouver le soleil, et rendre au ciel de ce monde onirique sa splendeur et son cycle naturel.
Alors, pour ma quatrième critique sur eMaginarock, je me suis dis qu’on allait changer du cannibale. J’ai faillis partir dessus hein, encore (on a tous nos petits démons). Mais non, la vision de ce film pendant la période d’Halloween (oui je vois des trucs mignons tout plein pendant halloween et le reste de l’année des slasher hardcore… C’est un genre quoi) m’a confirmé qu’il fallait en parler, et urgemment.
Urgemment parce que d’abord c’est un bon film… Enfin pardon, un trèèèès bon film. Et ensuite parce qu’actuellement le plus grand succés français de jeunesse c’est les nouvelles aventures d’aladin. Argh, sérieux les gens ? Les mecs savent même pas écrire Aladdin… Alors voilà, c’est trop tard (à moins qu’un million de personne me lise à temps O.O) mais Mune éclipse de loin la tentative maladroite des autres de faire un vrai film de jeunesse intelligent.
Oui je sais, le jeu de mot était très moche, mais là n’est pas la question.
Au fait, une information s’est glissée dans le paragraphe précédent, une information importante : français. Oui, les trois du fond qui ont un peu de sentiment pour leur pays peuvent faire cocorico avant de se taire, c’est quand même moi qui parle. Si le cinéma français s’enterre toujours plus ou moins, son cinéma d’animation reste un des meilleurs du monde, dés lors qu’on laisse le temps à ses concepteurs de travailler.
Donc, la première chose à dire si on veut parler de Mune, c’est qu’il s’agit d’un film d’animation donc on va causer graphisme. Mune est beau, clairement, et montre à quel point la conception infographique atteint un niveau exceptionnel en quelques années. Regardez juste des Pixar un peu vieux, disons qui date d’il y a 5 ou 6 ans pour voir à quel point la portée infinie du dessin assisté par ordinateur nous attend.
Mais se contenter de dire « Mune est beau » serait une phrase de critique basique mais je suis pas basique. Mune c’est surtout un graphisme au service de son histoire. La véritable beauté de ce film réside dans son imagination constante de créature rocambolesque, poétique, et original. Rien que le design des temples, avec une touche ultra présente d’onirisme abstrait (si si c’est un vrai terme, regardez dans google ce que ça donne)
Le rêve est domaine intégrante du film car le petit Mune, en sa qualité de Faune, est chargé bien avant d’être gardien de fournir les rêves aux habitants de la planète. Dés lors qu’on bascule dans le monde des rêves, le style abandonne l’aspect de dessin numérique pour arriver à un style quasi crayonné qui peut surprendre et dérouter le spectateur lambda.
Ça fait sens néanmoins, en plus de montrer la transition monde réel – rêve, il part du principe qu’un rêve n’est jamais aussi clair et définit que ce qu’on veut bien imaginer. Ainsi dans le monde des rêves les contours ne sont plus clairs, les décors n’ont plus de sens et seul compte l’action de Mune, seul maître des lieux.
L’histoire en elle-même est classique. Le premier qui dit cliché se prend ma chaussure gauche attention ! Classique donc, destiné aux enfants en priorité, le déluge visuelle suffit à ne pas ennuyer un adulte, condition qu’il ne soit pas complètement rongé par le cynisme. Force est de reconnaître que j’ai réussi à être touché par cette histoire d’amour entre un faune et une petite fille bougie.
J’ai eu l’impression de regarder un Guillermo Del Toro vraiment pour enfant. Le film reste une œuvre de fantasy très proche du conte, notamment initiatique, et qui ne va pas flirter vers l’utilisation trop souvent régulière de chanteuse à la mode pour calibrer la bande-son.
Le seul racolage que fait le film est l’aspect mignon creusé au point de faire miauler Mune, mais si vous voulez gueuler sur ça je peux rien faire pour vous.
Donc voilà, il y aurait sans doute beaucoup à redire sur Mune, mais je ne vois raison sérieuse de le faire. Allez voir ce film avant qu’il ne cesse d’être au cinéma, puis procurez vous le blu-ray. Que ce soit pour vos nièces/neveux, vos enfants, ou vos nuits où vous aurez envie de croire un peu en la magie, Mune sera votre nouvel meilleur ami. Un film innovant sans être inédit, un plaisir innocent, et un rêve poétique comme on aimerait en voie largement plus au cinéma.
Mune, le gardien de la Lune
Réalisé par : Benoit Philippon et Alexandre Heboyan
avec les voix de : Michael Gregorio, Izia Higelin, Omar Sy, Damien Boisseau…DVD encore non dispo