Katniss et Peeta sont revenus vainqueurs des jeux mortels. Devenus riches, ils vivent désormais au village des vainqueurs de leur district. Mais rien n’est réglé pour autant. Katniss est hantée par ceux qu’elle a dû tuer ou vu mourir et le simple fait de chasser des animaux lui est devenu impossible. Pire encore, Peeta et elle vont devoir se plier à une énième exigence du Capitole : participer à une tournée des vainqueurs, visiter chaque district, évoquer les tribus morts, mettre en avant les bienfaits du Capitole et le bonheur de leur nouvelle vie. Car bien entendu, pour tous les spectateurs, ils sont un couple, fous amoureux et c’est cet amour qui a poussé Katniss à défier les règles établies par le Capitole en menaçant de mourir avec Peeta à la toute fin des jeux, obligeant ainsi les organisateurs à nommer deux gagnants au lieu d’un. Cet affront n’est pas passé inaperçu et c’est ce que le président Snow en personne vient dire à Katniss. Par cet acte de rébellion face aux règles, elle a déclenché un mouvement de révolte qui grandi chaque jour dans tous les districts, menace l’ordre établi. Snow exige donc de Katniss qu’elle utilise la tournée et sa médiatisation pour désamorcer la situation, qu’elle affirme par son attitude et ses paroles que son geste n’était motivé que par l’amour et non par une quelconque volonté de provoquer le Capitole. Dans le cas contraire, elle risque non seulement d’engendrer une rébellion qui serait un massacre mais elle pourrait surtout voir mourir ses proches, sa mère, sa sœur, Gale et même Peeta.
La peur au ventre, Katniss tente de se plier à ces exigences mais est incapable d’ignorer l’évidente révolte qui anime les habitants des districts comme de savoir ce qu’elle ressent véritablement pour Peeta et Gale. Et lorsque les Hunger Games de l’année sont annoncés, il apparaît évident que tous les efforts du monde n’auraient pu suffire car ce sont les jeux de l’Expiation, aux règles différentes : cette année, les tributs seront sélectionnés parmi les vainqueurs de tous les précédents jeux ! Katniss comprend, horrifiée, qu’on la renvoie dans l’arène…
Avec un budget presque doublement plus important que pour l’adaptation du premier volet, on pouvait penser que ce second film serait plus proche encore du livre, ce qui n’est pas le cas.
Certes, les éléments fondamentaux sont là mais il manque toujours ce ton un peu plus tragique, bien plus sanglant et surtout la cassure psychologique qui s’installe lentement mais sûrement dans l’esprit et le cœur de l’héroïne. Bien évidemment, le film vise un public très large, se soucie de la censure et ne peut durer des heures mais la grande densité de l’univers Hunger Games perd peu à peu de son intérêt et c’est vraiment dommage, surtout lorsque l’on est fan des livres avant de voir les films. Il manque le grand changement disciplinaire qui secoue le quotidien du district 12 et fait planer une menace bien plus pesante et certaine qu’auparavant dans l’esprit des deux héros mais aussi l’évolution douce de la relation qui unit Katniss et Peeta hors caméra et enfin, comme dans le premier film, les épreuves et blessures endurées dans l’arène sont édulcorées.
Pour sa défense, cette adaptation est dynamique, rythmée, elle ne vire pas dans le pathos avec excès et convainc largement un public qui n’a pas lu les romans.
Le jeu des comédiens tente à l’évidence de contrebalancer ce scénario épuré et ils se débrouillent plutôt bien. Jennifer Lawrence, bien que devenue un peu trop mature pour jouer une fille de 17 ans, dévoile une palette d’expressions mettant en valeur les non-dits, le manque de dialogues, prouve qu’elle a lu les livres, connaît bien son personnage et son évolution psychique. Et puis c’est toujours un plaisir de voir une actrice jolie et physiquement normale, entendez pas un sac d’os peroxydé stéréotypé Hollywood, dans un bon film pour ados. De même Josh Hutcherson interprète un Peeta au rôle franchement minimisé dans le film mais qui tire son épingle du jeu grâce à quelques moments bien écrits et des scènes d’action marquantes.
La fine équipe entourant les héros se retrouve fidèle au casting du premier film, détail toujours agréable pour les fans, tous ont un rôle actif, soutenant le duo phare et fidèle au récit. Nouveaux personnages obligent, de nouvelles têtes apparaissent. La présence du regretté Philip Seymour Hoffman (Plutarch), de Sam Claflin (Finnick) et de Jena Malone (Johanna) assure une relève cruciale pour la suite de la saga, impose un nouveau genre de jeux de la mort avec forte impression.
L’enjeu esthétique est plus important que sur le premier volet de la saga. Si les décors se divisaient en deux catégories dans Hunger Games, ils se multiplient ici par la mise en scène des autres districts, des intérieurs des habitants du Capitole, de grandioses préparatifs aux jeux de l’Expiation et d’une nouvelle arène, une jungle infestée de pièges, brûlante, foudroyée à heure pile, remplie de singes sanguinaires, de vapeurs empoisonnées…
La photographie s’adapte à cette évolution des décors et environnements, souligne le passage des saisons entre le début et la fin du film, affirme les changements brutaux auxquels sont soumis les concurrents dans l’arène et suggère des atmosphères tour à tour angoissantes, tristes, apaisantes, suffocantes…
Un beau bonus dû au budget plus conséquent : les costumes et maquillages en jettent bien plus et font sensations autant auprès des habitants du Capitole que des spectateurs ! De son côté, James Newton Howard brille un peu plus dans la composition de la bande son de cet opus qu’il ne l’avait fait pour le premier volet. Le petit air de quatre notes est bien là, la musique assure l’ambiance des scènes et marque de son empreinte le déroulement des évènements.
En dépit de ses manquements scénaristiques qui pourraient poser problème pour l’adaptation du troisième et dernier roman, Hunger Games : L’Embrasement réussi son pari. Il tient en haleine son public, respecte les grandes lignes du roman et donc les fans de l’univers de Suzanne Collins. On passe un bon moment et on peut le regarder en famille. C’est d’abord un film pour ados, un peu édulcoré mais jamais naïf ni rose bonbon !
Réalisateur : Francis Lawrence pour Lionsgate Film
Scénario : Michael Arndt et Simon Beaufoy d’après le roman éponyme de Suzanne Collins
Avec : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Lenny Kravitz, Donald Sutherland, Philip Seymour Hoffman, Stanley Tucci, Elizabeth Banks, Sam Claflin, Jena Malone, Lynn Cohen…
Décors : John Collins
Costumes : Liz Vastola
Musique : James Newton Howard
Sortie France : 27 novembre 2013