Si le Japon accueille souvent des groupes occidentaux en perte de vitesse chez nous, il est aussi le creuset de toute une scène originale, inventive et déroutante, comme en atteste cet album de Jupiter, véritable pépite de metal néoclassique et baroque. Mené par une paire de guitaristes qui ont dû écouter Yngwie Malmsteen, Vinnie Moore et John Petrucci, le groupe nous entraîne dans un univers haut en couleur, dominé par des ambiances proches de celles de Kamelot ou de Symphony X, avec cette touche supplémentaire apportée par la langue japonaise comme sur le puissant « Dedadence » ou sur l’excellent « Scarlet ».
Chaque titre est une ode à un passé idéalisé que mettent en valeur des costumes de scène chargés en accord avec les climats développés sur des titres comme les ballades « Nostalgie » et « Forever With You » aux arrangements poignants ou sur l’angoissant « Symmetry Breaking » dont les ponts, pesants, ouvrent sur un refrain en anglais et en japonais savamment construit. Classical Element porte parfaitement son nom, puisque de nombreuses chansons incorporent des lignes mélodiques inspirées par la musique classique, souvent baroque, comme sur « Atmosphere » sur laquelle cordes et pianos (sans doute générés par des claviers) apportent une légèreté qui contraste avec les guitares puissantes et le rythme enlevé de la section rythmique.
Mais Jupiter ne s’en tient pas qu’à une revisite de ce qui a déjà été fait, explorant des terres typiquement japonaises, comme sur « RHYTHMOS » qui allie éléments asiatiques, basse slapée, solos mélodiques et chant puissant. En 11 titres, plus deux instrumentaux qui ouvrent et ferment l’album, Jupiter signe un petit bijou qui devrait plaire aux esprits ouverts, amateurs de metal et que la langue nippone ne rebute pas. Car une fois dépassée cette barrière, on découvre des musiciens talentueux et un chanteur à la voix variée qui sont parvenus à se glisser dans le sillage du groupe Versailles sans le copier.
Classical Element
Jupiter
Universal/Spinefarm
2013