Deuxième volume de A Storm of Swords, L’épée de feu démarre à un train d’enfer avec la capture de Jaime et de Brienne par des brigands. Il en est de même pour Arya et Gendry, comme nous l’avions vu dans le volume précédent. L’action se déroulant sensiblement dans la même zone géographique de Westeros, nous pourrions penser que les deux groupes vont être amenés à se rencontrer. George R. R. Martin explique néanmoins dans un préambule fort instructif que la chronologie des actions prêtées aux différents protagonistes pourrait bien être quelque peu désordonnée décrivant des actions à venir, puis passant à de plus récentes au chapitre suivant. Cela ne rend l’intrigue que plus tortueuse.
Je ne vous dirais pas pourquoi, mais Jaime retrouvera-t-il la stature qui était la sienne ? De même, Robb se trouve bien peu évoqué dans ce volume, car ayant perdu Winterfell comment pourrait-il encore briguer le trône de fer ? Nous verrons cependant que les menaces se précisent au Nord avec Jon qui, au sein des troupes des sauvageons, s’apprête à déferler sur les sept couronnes, alors que Samwell devient peu à peu plus sûr de lui et pourrait même trouver une arme qui enfin mettrait fin à la terreur que peuvent semer les Autres.
A Port-Réal, Joffrey est prêt à épouser Margaery, la veuve de Renly Baratheon. Nous verrons donc les Lannister se doter de nouveaux alliés au travers de la maison Tyrell, mais des sables de Dorne, d’autres alliés se profilent, mais peut-être seront-ils tout aussi retors et manipulateurs que les Lannister. Pour ce qui est des manipulations, un mariage inattendu, voire incongru, sera célébré ici.
Si des scènes grandioses comme la constitution de la redoutable armée de Daenerys Targaryen nous laissent sans voix, ce seront des échanges, notamment les belles piques entre Tyrion et les Dorniens qui vaudront le détour. L’auteur manie aussi bien les mots que les combats et je ne suis pas certain que ce soient toujours les seconds qui s’avèrent les plus ravageurs et lourds de conséquences. L’évocation du passé des sept couronnes du temps des Targaryens donne une dimension supplémentaire au récit, laissant au lecteur la tâche d’assembler un puzzle qui nous mène au présent.
Nous découvrirons enfin plus de fantasy encore avec l’émergence de moins en moins contestable du culte de R’hllor, le Maître de la Lumière, que Mélisandre vénère et utilise à ses fins propres. Les dieux risques de se prendre une part de plus en plus active dans le conflit comme le montre l’illustration, toujours essentiellement monochrome, d’Olivier Frot qui nous présente un œil, au cœur d’un des arbres vénérés par les hommes du Nord, qui observe un champ de bataille alors qu’un loup noir se tient poster à sa base. Cette série renouvelle sans cesse les intrigues et George R. R. Martin réussit brillamment à mener ses lecteurs dans des sentes insoupçonnées. C’est à cet art de la narration que l’on reconnaît les plus grands auteurs qui autorisent à la fois les lecteurs à faire vivre leur propre imaginaire, tout en les contraignant parfois à suivre le sien.
L’épée de feu – Le trône de fer T7
George R. R. Martin
Couverture illustrée par Olivier Frot
Traduction par Jean Sola
Editions J’ai lu
Collection Fantasy
2003
7,70 €