L’arme ultime qui permettra aux humains de vaincre les titans pourrait bien se trouver dans le sous-sol de la maison où Eren a grandi. Pour cela, il faudra d’abord reconquérir le district de Shiganshina et donc reprendre le mur Maria en le refermant et en éradiquant ensuite tous les titans emprisonnés. Cette contre-offensive devrait donc nécessiter qu’Eren se métamorphose à nouveau en titan pour aider le bataillon d’exploration, mais n’oublions pas que nous l’avons quitté alors qu’il était emprisonné par les humains qui voyaient en lui une créature potentiellement dangereuse.
Sa dangerosité sera donc évoquée lors du procès auquel le lecteur va être invité. Si les brigades spéciales qui vivent bien à l’abri de la troisième enceinte veulent le voir mort, le bataillon d’exploration souhaite l’avoir à leurs côtés, afin de mener à bien la reconquête du mur Maria. Les débats vont être houleux, mais nous pourrons découvrir que les plus vils ennemis d’Eren ne sont autres que les opulents et les religieux qui sont bien loin de tous les dangers qui guettent les soldats et la populace qui le considère comme un héros. Pour que les politiques gardent leurs pouvoirs, ils préfèrent bien souvent des héros morts à ceux qui, bien vivants, pourraient les remettre en cause. On pourra ainsi se demander si une telle humanité mérite finalement d’être sauvée ?
Avant que le procès d’Eren ne soit évoqué dans ce volume, nous pouvons découvrir le témoignage d’une guerrière appartenant au bataillon d’exploration dont toute la brigade a été massacrée par les titans. Elle va rencontrer, lors de sa fuite désespérée, un titan bien étrange qui ne se comporte pas comme les autres en ne la dévorant pas et en essayant de communiquer. Peut-être est-ce un indice sur l’origine des titans ou bien une déviance dont Eren peut avoir hérité sous une autre forme. Toujours est-il que ce nouvel élément va conditionner la vision des titans que le lecteur peut avoir.
Dans ce volume, on remarque une fois de plus que nombre de mangakas aiment à recourir à des décors purement européens pour leurs séries. Ainsi, à l’instar de Naoki Urasawa pour son remarquable Monster, Hajime Isayama utilise pour son Attaque des Titans une architecture typiquement allemande dans la troisième enceinte, tout comme il attribue à certains de ses personnages des noms germaniques. De même, l’ancien siège du bataillon d’exploration que nous allons apercevoir dans ce volume relève très clairement du château fort tel qu’on l’imagine en Europe.
Certes, il peut être bien égoïste pour nous, occidentaux, de nous attendre à voir des paysages et des bâtiments asiatiques, mais c’est aussi oublier que ces auteurs créent tout naturellement un exotisme pour leurs compatriotes qui sont leurs premiers lecteurs. Hormis la multiplication des personnages et leurs caractéristiques qui sont l’apanage de nombre de manga quitte à noyer le lecteur dans les détails, ce volume est particulièrement réussi, car il mêle action et politique de la cité. Il relance ainsi le récit en l’enrichissant de nouvelles perspectives qu’il sera bien agréable d’explorer, notamment dans le sixième volume qui sortira en mars prochain en France, alors que cette série, toujours en cours, en compte dorénavant douze au Japon où son succès ne se dément pas.
L’Attaque des Titans T5
Hajime Isayama
Couverture illustrée par Hajime Isayama
Traduction par Sylvain Chollet
Pika édition
Collection Seinen
2014
6,95 €