Succès sans pareil des années 80, Gremlins a généré une suite, une flopée de produits dérivés et offert une belle réputation à Joe Dante son réalisateur.
Inventeur sans reconnaissance, Randall Peltzer quitte sa bourgade de Kingston Fall pour les rues de New York, sûr qu’il pourra y vendre une de ses inventions. La chance ne lui sourit pas aussi profite t-il de son passage dans le grande ville pour dénicher un cadeau de Noël original pour son fils unique. Et quand il tombe nez à nez avec le Mogwaï de Mr Wing, il pense avoir trouvé la perle rare, un petit animal tout mignon, intelligent, bref l’idéal. Mais Mr Wing refuse de le lui vendre, prétextant que le possesseur de cet animal devrait assumer une bien trop grande responsabilité. Randall insiste et pense repartir bredouille quand le petit-fils de Mr Wing accepte de lui vendre l’animal en cachette. Seules trois règles sont à respecter absolument : ne pas exposer le Mogwaï à la lumière du jour car cela le tuerait, ne pas lui donner à manger après minuit et ne jamais le mouiller. Randall ne voit pas en quoi cela serait si difficile à tenir aussi paie t-il l’animal et rentre t-il tout heureux d’offrir son cadeau de Noël en avance à son fils. Billy est très surpris mais rapidement séduit par ce nouveau compagnon baptisé Gizmo par son père. Le petit être se révèle adorable, très intelligent et affectueux. Pourtant, par une succession de maladresses et autres tromperies malignes, Billy va enfreindre les trois règles. Gizmo va se multiplier et donner naissance à des jumeaux maléfiques par dizaines, les Gremlins. Saccageurs, démoniaques et parfois meurtriers, les Gremlins vont mettre Kingston Fall à feu et sang. Billy parviendra t-il à protéger sa famille, ses amis et la fille qu’il aime ? Comment fera t-il pour arrêter le phénomène Gremlins ?
Partie prenante de la vague créatrice enclenchée par Spielberg (accessoirement producteur principal de ce film), Zemeckis ou encore Reitman, ce film phénomène a marqué son époque et séduit encore à chaque rediffusion ou réédition DVD.
L’originalité du scénario, logiquement signé Chris Columbus le champion du divertissement familial US, transformant un animal de compagnie très particulier en créature dangereuse malgré elle fait mouche. Ajouté à cela une multiplication de ces créatures, un aspect physique rebutant et un ton général oscillant entre humour noir, clins d’oeil comiques à d’autres films du genre, fantastique réaliste et suspense façon thriller… Gremlins regroupe de nombreux atouts propres à faire d’un film non seulement une distraction idéale mais surtout un long métrage destiné à toute la famille, au public le plus large. Le petit Gizmo et son vice caché est présenté comme venu du fin fond de la Chine, pays dont la culture et la mythologie fascinent décidément l’Occident hier comme aujourd’hui. La morale de fin est d’ailleurs calquée sur ce que l’on croit comprendre de cette culture, le monde occidental n’est pas prêt pour assumer l’existence d’une telle créature…
Le succès de Gremlins tient également à l’innovation technique très populaire d’alors, l’animatronique, donnant vie à toutes ces créatures étranges, leur conférant postures, mouvements anthropomorphes et, plus attrayant que tout, une palette d’expressions et des mots propres aux humains. Ce mimétisme improbable dans la réalité prend vie avec naturel, immergeant le spectateur dans le monde “merveilleux” des Gremlins. L’apparence de Gizmo, petite peluche vivante au poil visiblement doux, aux yeux attendrissants intelligents, et celle des Gremlins, êtres à peau nue et visqueuse, pleins de dents pointues, au regard malin mais sadique, est aux antipodes l’une de l’autre, accentuant le caractère délibérément manichéen de l’histoire. Les Gremlins sont vraiment l’expression faite chair de la part maléfique du petit Gizmo, comme les miroirs d’une règle élémentaire régissant la vie sur Terre, deux faces dépendantes l’une de l’autre, le Bien et le Mal, célébrée ici dans tous ses excès.
Le jeu des comédiens face à ces marionnettes affirme leurs talents respectifs. Hoyt Axon et Frances Lee McCain campent des parents un rien fantasques qui savent réagir le moment venu et surtout sauver leur peau avec efficacité, contrairement à des personnages tels que la mégère Polly Holiday/Mrs Deagle pourtant si efficace à détruire la vie des autres mais incapable de faire ce qu’il faut lorsque le danger se dresse face à elle. Zach Galligan et Phoebe Cates interprètent le maître “officiel” de Gizmo et sa potentielle petite amie. Post-ados malmenés par les réalités de la vie adulte, ils font face courageusement aux impératifs du quotidien, de réactivité et de malice dans ce contexte surnaturel qui vient gâcher leur Noël. Tous “jouent le jeu” et contribuent à la crédibilité d’un récit loufoque mais diablement prenant !
Gremlins est un film qui n’a pas trop vieilli, fait pour plaire à tous et qu’il fait bon voir et revoir en famille, entre amis, ne serait-ce que pour passer une chouette soirée d’Halloween!!
Gremlins
Réalisateur : Joe Dante
Production : Amblin Entertainment, Warner Bros.
Scénario : Chris Columbus
Musique : Jerry Goldsmith
Avec : Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axon, Frances Lee McCain, Polly Holliday, Keye Luke…
Sortie France : 1984