« Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIe siècle est purement intentionnelle. »
Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d’éclater. Afin de sauver la Terre, des extraterrestres en prennent possession. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l’équilibre écologique.
Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme.
Mais derrière l’image d’Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques.
Buca, la prostituée, Moy, l’artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n’aspirent qu’à une seule chose : fuir… partir…s’exiler… quitter la Terre… par tous les moyens !.
Mnémos a rejoint les éditeurs de poche en mars dernier grâce au lancement de leur collection Hélios. Celle-ci est destinée à faire découvrir et redécouvrir leurs auteurs phares, avec une maquette sobre mais qui fonctionne bien, en reprenant l’illustration du grand format.
Planète à Louer a fait partie de la première fournée des rééditions et c’est avec un grand intérêt que j’ai pu, pour ma part, découvrir le travail de Yoss.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Yoss est un auteur cubain et la courte préface qui débute le livre nous permet de mieux appréhender la dimension de ses écrits et surtout de cet écrit-là. Car l’auteur a eu à cœur de dénoncer le Cuba des années 90 dans cet ouvrage de science-fiction, avec toutes ses dérives sociales, politiques… Nous sommes donc dans un univers du XXIe siècle, où la Terre et les Terriens ont été, pour leur bien, mis sous la domination d’une espèce extraterrestre. Notre planète devient alors un lieu de tourisme très prisé mais dont les anciens habitants sont considérés comme quantité négligeable et inintéressante.
Ce qui fait de Planète à Louer un ouvrage intéressant, outre ce parallèle avec le Cuba de Castro, c’est la multitude d’histoires racontées. Ce sont en effet 7 récits qui composent ce livre, dont les personnages principaux, tous humains, ont un lien les uns avec les autres, plus ou moins fort. C’est donc tour à tour à travers la vie d’un artiste, d’une travailleuse sociale, d’une enfant des bas quartiers, d’un agent de police ou encore d’une équipe de sport que l’on commence à entrevoir les règles qui régissent cette nouvelle société, où le corps et sa possession prennent une autre dimension. On devient avec eux des choses, mises à la disposition de ces aliens et soumis à leurs diktats. Il serait trop long de décrire chacune de ces nouvelles mais sachez qu’elles commencent toutes par un petit prélude, sortes d’anecdotes qui nous permettent de rentrer dans cette époque par un autre biais encore.
Nous avons donc des histoires extrêmement intéressantes qui donnent un éclairage nouveau sur Cuba et la vision de l’auteur. Le tout avec une plume fluide et agréable à lire, des nouvelles toutes différentes, toutes écrites sous un angle particulier.
Seul petit reproche de mon côté : il a manqué ce petit quelque chose, cette petit étincelle qui vous donne envie de tourner les pages sans discontinuer et de plonger tout entier dans le récit sans en sortir ne serait-ce qu’un instant. Mais Planète à Louer est sans conteste un de ces livres que l’on referme avec des réflexions plein la tête et qui ne laissent pas indifférent.
Bref un roman très instructif, très bien construit, très bien écrit, à lire.
Planète à Louer
Yoss
Couverture : Alain Brion
Mnémos
9,90 €