On dit qu’il pouvait, par son chant, charmer les animaux et les arbres, sa voix fit chavirer les sirènes elles-mêmes. Mais son coeur appartenait à Eurydice, et lorsque la mort vint la lui ravir, Orphée se présenta aux portes des enfers, armé de sa seule lyre, afin de reprendre à Hadès l’âme de sa bien-aimée.
Le dernier chant d’Orphée est une relecture fine et poétique du mythe d’Orphée et Eurydice. Seulement, Silverberg ne se contente pas de narrer la descente aux enfers d’Orphée pour récupérer sa belle. De l’Egypte à la recherche de la Toison d’Or en passant par la rencontre avec Ulysse, l’auteur nous fait traverser les épopées mythologiques grecques.
Avec une écriture simple, un style poétique et des descriptions enchanteresses, on plonge dans une histoire riche et entraînante malgré le peu de pages. Silverberg est un auteur de SF, mais ici on retrouve toute la magie des mythes et légendes ; on retrouve aussi l’Histoire des Grecs et leur passion pour l’aventure et les découvertes. Le choix de la narration à la première personne est tout à fait judicieux puisqu’on ressent vraiment toutes les émotions et états d’âmes d’Orphée qui connaît à l’avance le Destin : le sien et celui des autres. Condamné à revivre inlassablement les mêmes histoires, le personnage n’en paraît pas moins captivé par ses aventures et toujours étonné par les réactions de ses compagnons. L’errance d’Orphée dans le monde à la découverte du sens de la vie et des relations humaines est au final bien plus importante que la recherche d’Eurydice. Point positif, car tout le monde connaît le mythe d’Orphée suppliant le terrible Hadès et attendrissant son épouse Perséphone. On connaît moins son implication dans la quête de la Toison d’Or auprès de Jason ou son apprentissage des cultes égyptiens auprès du Pharaon.
La harpe mélodieuse et envoûtante enveloppe le roman tantôt d’une douce atmosphère tantôt d’une sombre ambiance. La musique est bien au cœur de l’intrigue et accompagne Orphée jusqu’au bout. Sa fin tragique et violente conclue douloureusement le roman. Au final, Silverberg réussit à rendre ce demi-dieu tout à fait humain, pétri de questions existentielles et victime de tous les sentiments, toutes les émotions.
CONCLUSION
Le dernier chant d’Orphée est un petit bijou littéraire qui se lit avec passion et émotion. Un moment de lecture intelligent et touchant.
Le dernier chant d’Orphée
Robert Silverberg
Couverture : Zariel
Traduction : Florence Dolisi et Jacqueline Callier
ActuSF éditions
12 €