La Grande Chasse – La Roue Du Temps T2 – Robert Jordan

La-roue-du-tempsCe second tome anglophone a d’abord été divisé en deux volumes par les éditeurs français (Fleuve Noir, Pocket, France Loisirs) sous les titres Le Cor de Valère et La Bannière du Dragon avant d’être réédité par Bragelonne sous sa forme originale et le titre La Grande Quête. On ressent donc dès le titre le changement de traducteur !

Après avoir trouvé le Cor de Valère et la bannière du Dragon au cœur des ténèbres de l’Oeil du monde, les jeunes gens du Champ d’Edmond profitent d’un répit dans la forteresse de Fal Dara, au Shienar, pays des Marches et gardien des terres libres. Tandis que Rand s’entraîne plus que jamais au maniement de l’épée, que Mat s’amuse avec les soldats en leur volant leur argent aux dés, que Perrin rumine de se sentir enfermé, Egwene et Nynaeve commencent à découvrir avec Moiraine les capacités qui leur permettront de devenir un jour Aes Sedai. Le temps se remet en mouvement avec la visite de Siuan Sanche, le siège d’Amyrlin, grande patronne des Aes Sedai. Sur l’invitation secrète de Moiraine, celle qui préside au destin de toutes les femmes capables d’utiliser le Pouvoir Unique est venue rencontrer celui qu’elle et ses semblables craignent depuis toujours : le Dragon Réincarné. Siuan étant également capable de deviner, avec plus ou moins de discernement, l’avenir de ceux qu’elle croise, il ne lui faut pas longtemps avant de jauger Rand. Il est celui qui tient désormais le Monde entre ses mains. Mais fera t-il les bons choix ? Sera-t-il un allié ou un ennemi que les Aes Sedai devront tuer avant qu’il n’engendre le pire comme ses prédécesseurs ? Très vite, Siuan et Moiraine décident de donner sa chance à l’infime possibilité que Rand réussisse là où les précédents Dragons ont échoué. Un départ pour la Tour Blanche des Aes Sedai est décidé. Mais une attaque surprise bouleverse le plan : le Cor de Valère et le poignard maudit auquel est attachée la vie de Mat sont volés. Une course s’engage pour les retrouver, un nouveau périple qui va mener Rand et ses amis à l’autre bout du monde, dans le Seanchan, où ceux capables d’user du Pouvoir Unique sont réduits en esclavage…

Après les péripéties de L’Oeil du Monde, le petit groupe de protagonistes comme l’univers de La Roue du Temps s’étoffent. De nouveaux personnages, de nouveaux peuples viennent s’ajouter à la première trame du récit et on sent que ce n’est que le début. Chaque chapitre apporte son lot de nouveautés : les caractéristiques de chaque pays, de leur population, des liens qui se créent avec les héros et entre eux… La nature des deux sources du Pouvoir Unique, mâle ou femelle, son histoire et l’étendue de ce qu’elles ont engendré se dévoile peu à peu et renforce l’intrigue d’une richesse surprenante. Le Saidin, la Saidar, les Aes Sedai, les Ajah, les Réprouvés, les Voies, les Pierres Portes, des dimensions de temps et d’espace parallèles et différentes, la folie qui guette les hommes capables d’user du Saidin… Peu à peu, chaque élément prend sa place, renforce le suspense, accentue les pistes et la course contre le temps pour sauver Mat ou les rebondissements au détour d’une page font que l’on ne peut se lasser.
Pourtant, le style de Robert Jordan peut sembler lourd ou prenant suivant que l’on est dans l’attente ou dans l’action : tout comme les héros de son récit piétinent, se questionnent, s’inquiètent mais avancent, on tourne les pages avec impatience. L’auteur se plaisait à répéter certains éléments vitaux pour la compréhension de son univers mais il aimait aussi surprendre le lecteur par des retournements de situation très surprenants. A dire vrai, on bascule des instants d’intrigues, d’introspection ou d’apprentissages selon les personnages vers une action qui vous gifle comme si vous y étiez. A peine commence t-on à s’ennuyer qu’une horde de Trollocs surgit et attaque ou que les protagonistes se retrouvent soudain aux prises avec des nouveaux venus franchement pas sympathiques ! La balance entre ces deux types de situations est parfois à la limite mais elle sait projeter le lecteur au-delà, l’invitant à anticiper, imaginer ce que sera la suite, le dénouement de certains liens d’amitié, de rivalité, de haine ou d’amour, le développement de dons magiques qui seront accueillis avec souffrance ou satisfaction, parfois les deux !
Le grand art de Robert Jordan est dès ce tome évident : il sait tenir son public en haleine grâce à un univers très particulier, complexe, une horde de personnages grandissante et des héros que l’on a plaisir à suivre tous autant qu’ils sont.

Je n’ai pas eu l’occasion de lire la nouvelle édition VF chez Bragelonne, je ne connais que celle de France Loisirs poche. Les couvertures sont très médiévales, il faut deviner que c’est de la fantasy (merci au petit libellé “Fantasy”), la qualité papier et typographique sont au rendez-vous mais il est certain que les maladresses syntaxiques dans la traduction d’Arlette Rosenblum font beaucoup de tort à cette première édition française et à l’œuvre elle-même tant elles sont flagrantes et perturbent la lecture.

La Roue du Temps, t.4, la bannière du dragon, éd. France Loisirs
La Roue du Temps T4, La Bannière du dragon, éd. France Loisirs

Néanmoins… Suivant mon instinct et le parterre de fans de La Roue du Temps, je conseille aux novices d’être patients et de lire l’édition de Bragelonne. Pourquoi ? Parce que le respect de la tomaison me semble important et que le nouveau traducteur, Jean-Claude Mallé, est plus habitué à la fantasy (traducteur de L’Epée de Vérité de Terry Goodkind) que Mme Rosenblum, trop axée sur une vision médiévale de l’écriture qui en ressort rigide et maladroite. Pour les fans qui n’auraient pas encore lâché la version française pour l’originale, je pense que les changements littéraux choisis par M. Mallé peuvent être déconcertants : certains termes importants sont différents d’une version à l’autre et quand on est un lecteur habitué, c’est perturbant… Ne serait-ce que par le titre de ce tome 2 chez Bragelonne, vous avez une idée de ce que je souligne : le titre en VO est The Great Hunt d’où La Grande Chasse pour Mme Rosenblum et sa version “enlevée” de La Grande Quête pour M. Mallé… De la même manière, des termes comme “Pouvoir Unique” devient “Pouvoir de l’Unique”, “la Saidar” devient le” Saidar”, une Ajah devient un Ajah… Et ce n’est que le minimum des chocs littéraux.

Pour les avertis qui ont déjà bien avancé dans la saga, j’ajouterais ceci, merci au site La Pierre de Tear et à son analyse pertinente :

Les “Steddings” devient “Sanctuaires”, “lige” devient “champion”, les “Sagettes” devient “Matriarches”, les “Vierges de la lance” devient les “Promises de la lance”, “Meurtrier des Siens” devient “Fléau de sa Lignée”, les “Réprouvés” devient les “Rejetés”, les “Rétameurs” devient les “Zingaro”… Dans l’ensemble, je ne suis pas sûre que ce soit heureux et, selon moi, ce n’est pas sur ces termes que le problème se posait vraiment mais plutôt sur des interprétations syntaxiques malvenues qui cassaient la fluidité et le confort de lecture, voire d’interprétation des évènements contés. Il semble que le travail de M. Mallé ait d’abord servi à rendre plus vivant, plus accessible La Roue du Temps grâce à un texte français plus moderne. Mon idée principale est de comparer sur la durée si ce changement est si profitable sur l’ensemble de la saga.

La Grande Chasse
La Roue du Temps T2
Robert Jordan

9.99 €
Edition lue : en deux tomes, Le Cor de Valère et La Bannière du Dragon

France Loisirs

 

 

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