Eclipse revient depuis quelques mois sur le devant de la scène Imaginaire en reprenant son travail, préalablement déjà commence, de découverte à la fois de plumes anglo-saxonnes et françaises. En matière d’auteur français ils sont restés plutôt discrets, n’ayant proposé que le très bon Druide d’Oliver Peru jusqu’à ce jour. Mais voici venir leur second français, même si son nom ne le laisse pas supposer de prime abord : Patrick Mc Spare. Compère d’Oliver Peru dans l’écriture de leur saga Les Hauts-Conteurs, il nous propose cette fois un texte fantastique de son cru, pour le plus grand plaisir des amateurs de sang…
La couverture de Marc Simonetti est une réussite de part sa composition assez spéciale qui met en scène différents personnage entourant la sublime comtesse dans son bain de sang. Une belle illustration qui manque un poil de détail sur le personnage de la comtesse, mais je suis pointilleux…
La présentation de l’éditeur nous explique un peu mieux ce que nous allons découvrir ici, même si le principal protagoniste n’est en rien une surprise :
Archiduché d’Autriche, octobre 1604.
Issue d’une glorieuse lignée princière, Erzébeth Bathory, la belle veuve du comte Nadasdy régit d’une main de fer ses domaines. Après des années de silence, Cadevrius Lecorpus réapparaît. Il ramène avec lui Anna, une fascinante sorcière dont Erzébeth tombe follement amoureuse. La magie démoniaque de l’Obscurité s’abat bientôt sur la région et, jusqu’à la Cour de Vienne, on s’émeut de la disparition de nombreuses jeunes filles. Tandis que la comtesse s’abandonne aux terribles délices des rituels régénérateurs, cinq mercenaires d’élite sont chargés de confondre celle que l’on suspecte d’activités sataniques.
C’était la première fois que je découvrais un roman de Patrick Mc Spare au moment où j’ouvrais ces pages et je dois dire que je n’ai pas vraiment été déçu. Comtesse Bathory est un excellent roman fantastique, classique à la fois dans son thème mais également dans son traitement. L’auteur s’empare d’un mythe bien connu des amateurs de vampires d’Europe de l’Est (oui ceux qui ne brillent pas au soleil…) et le reprend à sa sauce, en proposant à la fois des épices mais également un goût doucereux et fort agréable.
Le scénario qui nous est proposé ici est semblable à la légende dans ses points de départ avant de prendre leur envol de manière indépendante, sous la seule volonté de l’auteur. Jusqu’à maintenant je n’étais jamais parvenu à m’attacher à ce personnage dangereux de la comtesse, la trouvant par trop cruelle pour cela. Et pourtant Patrick Mc Spare est parvenu à me faire entrer dans ce qui aurait pu être ses pensées, à mieux la comprendre, voire à la trouver sympathique. Avant qu’il ne rebrise tout avec un talent consommé par de nouvelles horreurs. Cette dichotomie du personnage est clairement, à mon sens l’un des points forts de ce roman qui vient nous proposer une vision intéressante de la Comtesse sanglante, plus humaine dans un premier temps… La traque des cinq mercenaires, les personnages annexes, les références à des tiers, sont autant de bons éléments qui se placent à merveille dans cette trame finalement très réussie.
Là où j’ai rencontré plus de difficultés c’est sur le style de l’auteur. Ne vous inquiétez pas, le roman est très très bien écrit, cela sans aucun doute, mais j’ai ressenti dans certains passages une ambiance plus young-adult, alors que pourtant le propos ne s’y prêtait pas. Même si cela a tendance à rendre l’ensemble plus aisément accessible au grand public, j’y ai ressenti une légère gêne. Toutefois Patrick Mc Spare nous propose un texte particulièrement vivant, doté d’excellentes qualités littéraires et surtout qui se lit avec une facilité déconcertante. Pour preuve, il ne m’a fallu que deux jours pour dévorer les quelques 400 pages de ce roman…
Comtesse Bathory arrive sur le marché alors que le fantastique classique s’avère assez peur fourni et comble ainsi le manque de certains lecteurs, dont moi, en matière de monstres et de sang. Un excellent titre à découvrir d’urgence…
Comtesse Bathory
Patrick Mc Spare
Eclipse
Couverture :Marc Simonetti