Nosferas – Ulrike Schweikert

    En voilà une couverture percutante pour ce roman ado paru dans la collection Wiz d’Albin Michel ! Pour une fois, je dois dire que c’est bien la couverture qui interpelle le lecteur et qui sera, somme toute, le facteur décisif sur une table de nouveautés. Les tons ocre et rouge de cette illustration sont ma foi assez peu répandus sur ce secteur – contrairement aux sempiternels noir, blanc, bleu, rouge… Mettez Nosferas n’importe où, le regard ne pourra que s’y attarder, et lorsque vous aurez assimilé l’illustration, un petit sentiment d’angoisse, sinon d’inquiétude, vous prendra.

    Deuxième originalité de ce titre : sa provenance ! Si la grande majorité des romans de l’imaginaire proposés aux jeunes est traduite de l’anglais, Nosferas est traduit de l’allemand par Dominique Autrand – coïncidence ou pas, un deuxième titre de la collection nous vient aussi d’outre-Rhin, paru en janvier : Jade, fille de l’eau de Nina Blaizon. Cette origine a peut-être pesé dans la balance lorsque j’ai décidé d’entamer la lecture. Et ce fut réellement une bonne surprise : non seulement le style est excellent mais en plus l’action se déroule dans des lieux qu’à défaut de connaître nous imaginons facilement puisque proches géographiquement. Dans ce premier opus, Rome est à l’affiche et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé cette ville, en compagnie de nos six jeunes héros :

    « Dispersés dans toute l’Europe, les six derniers clans de vampires sont sous la même menace : leur disparition progressive. Les  clans décident donc de surmonter leurs désaccords et de s’associer pour leur survie. Un jeune représentant de chaque  communauté est envoyé à la prestigieuse école Domus Aurea, à Rome, pour y développer pouvoirs et connaissances. Alisa, Ivy, Luciano, Malcolm, Latona et Franz Leopold se retrouvent donc à partager les mêmes cours, la nuit, et à dormir dans des sarcophages de pierre le jour. Alliances secrètes, liaisons interdites et trahisons font vite rage au sein ce petit groupe ultra select. Mais Alisa et les autres doivent bientôt faire face à un danger plus grand qu’une simple rivalité : le Cercle des Masques Rouges, une société secrète dirigée par le cardinal de Rome, s’est donné pour mission d’anéantir tous les vampires… »

    Après une accroche digne des plus grands romans de suspens, le lecteur entame véritablement l’histoire imaginée par Ulrike Schweikert et s’en passionne presque immédiatement. Comme je le disais plus haut, le style est excellent mais surtout l’originalité est de mise – même si certains détails peuvent rappeler des lectures antérieures, notamment en ce qui concerne l’année d’étude. Nous suivons donc six jeunes vampires, avec une prédominance pour Alisa, Ivy, Luciano et Franz Leopold. Ces quatre adolescents appartiennent chacun à un clan différent et c’est bien cela le but de leurs aînés : les obliger à se côtoyer pour apprendre à surpasser leurs différences et leurs préjugés. Le tout dans un but très simple : permettre aux vampires de survivre, car leur race est en voie d’extinction. C’est donc en s’alliant et en dépassant leur mésentente – voire même leur haine pour certains clans – que les vampires pourront de nouveau se reproduire.

    Et oui, les vampires d’Ulrike ne sont pas du tout des bêtes assoiffées de sang. La distinction primordiale est faite entre les vampires de pur sang et les vampires impurs. En bref, les vrais vampires naissent et grandissent dans cette condition tandis qu’un impur – ou un(e) ombre – sera au service de la famille qui l’a transformé et sa physionomie n’évoluera jamais plus. Si un nouveau-né est transformé par une vampire désespérée de ne pas enfanter, il restera nouveau-né pour l’éternité…

    L’autre grand point fort de ce roman consiste bien sûr en l’alternance des points de vue. Si l’on suit Alisa, Luciano et Ivy quelques chapitres, on n’oublie pas de rebasculer vers d’autres personnages. D’ailleurs, je crois pouvoir dire que chacun est assez différent pour que l’on s’en souvienne, et c’est pour moi une véritable prouesse que de réussir autant de personnages ! D’autant plus quand ces individus sont construits tout en finesse : aucun ne sera tout blanc ou tout noir. Je pense à Franz Leopold, particulièrement antipathique dès sa première apparition – trait de caractère qui reviendra souvent au cours de leurs aventures – mais qui possède bien des qualités !

    En bref, ce roman mêle histoire, aventures, fantastique et parcours initiatique – n’oublions pas que les jeunes vampires sont à l’école chez les Nosferas, les vampires de Rome, et qu’ils sont amenés à changer d’hôte chaque année pour apprendre les spécificités de chaque clan, celui des Romains étant bien sûr la lutte contre les pouvoirs de l’Eglise…

    J’ai vraiment hâte de connaître la suite de l’histoire de ces vampires européens qui se passera dans la terre de naissance d’Ivy : l’Irlande. Nous en apprendrons sans aucun doute beaucoup plus sur son passé et sur ses dons télépathiques, ainsi que sur son étrange loup qui ne la quitte pas d’une semelle… Qui, à mon avis, est bien plus qu’un simple loup !

    Nosferas
    Ulrike Schweikert
    Albin Michel
    Collection Wiz
    19 €

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