Avec l’apparition du roi des enfers, ce suspense de science-fiction prend une autre dimension !!
Sur le trajet du retour, ils croisent un homme étrange qui se rend lui aussi à la police. C’est un représentant du royaume de Perse qui séjourne au Japon depuis trois mois déjà. Son pays fut le centre de la guerre qui vit les robots les plus puissants se combattre. Cette guerre fut déclenchée pendant une inspection des Nations Unies pour y trouver des robots de destruction massive dont la preuve de l’existence n’a finalement jamais été prouvée. Si cet homme est convoqué à la police, c’est parce qu’il avait rencontré un des hommes assassinés dans le cadre de discussion pour la reconstruction de son pays.
Ce qui intrigue Astro quand il le croise où quand un détecteur est à proximité, c’est que cet individu ne semble relever ni de la catégorie humaine, ni de celle des robots. Un autre point attire l’attention du lecteur, c’est que quand cet homme apprend qu’une tornade est passée sur le parc central de Tokyo, il est intéressé de s’y rendre. Nous apercevons d’ailleurs, dès la fin du premier chapitre, une créature s’extraire de ce parc, une créature dotée de corne comme les précédentes victimes tant humaines que robots. Il ne fait guère de doute que nous avons affaire au roi des enfers dont il est question dans la quatrième de couverture. Qui est-il ? Quel est son rôle dans cette affaire ? Et l’homme de Perse est-il aussi mêlé de près à cette série de crimes ? Autant de questions, autant de pistes que Naoki Urasawa va entretenir tout au long de cette série tout en nous donnant parcimonieusement des éléments de réponse.
Il est intéressant ici de voir l’usage que fait l’auteur de l’histoire mondiale. En effet, je serais tenté de rapprocher l’action disproportionnée que fut l’usage de deux bombes atomiques sur des villes d’importance moyenne pendant la Seconde Guerre Mondiale et la description qui est faite de la Perse détruite par les alliés, même si c’est une conjecture qui m’est ici toute personnelle. En revanche, et là j’en suis certain, il est intéressant de se dire que ce monde décrit par Naoki Urasawa où les robots vivent aux côtés des humains, subissent parfois des reproches racistes, voire se trouvent obligés d’emprunter d’autres voies de circulation que les humains, est indéniablement à rapprocher de la période trouble qui sévit aux Etats-Unis avant que le mouvement pour les Droits Civiques n’amène une relative égalité en les blancs et les noirs. Je le dis d’autant plus que je lis en parallèle la dernière série de Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki intitulée Billy Bat où j’ai pu voir dans le second volume une scène se déroulant pendant la montée de ce mouvement aux Etats-Unis.
La tension monte encore d’un cran et l’on commence ici à voir des méchants, du moins potentiellement. Ce qui reste la marque de Naoki Urasawa, c’est sa capacité à développer au cours d’un seul et même chapitre une tension propre à ce chapitre, pour en établir une autre dès le suivant en passant à un autre personnage. C’est tout à fait remarquable, mais il faut reconnaître que le grand mangaka met ici tout son art au service de l’hommage à rendre à son maître, Osamu Tezuka, et qu’il est assisté en cela par son ami Takashi Nagasaki. De plus, il bénéficie de l’aide de Tezuka Productions et de la supervision de Macoto Tezka, le fils d’Osamu Tezuka. Cela ne retire rien à son talent, mais lui donne tous les atouts pour réaliser une série d’exception, comme l’indique en postface un critique manga japonais qui retrace un peu la carrière de Naoki Urasawa et son traitement des thématiques.
Pluto 3
Naoki Urasawa et Osamu Tezuka
Traduction par Thibaud Desbief
Editions Kana
Collection Big Kana
2010
7,45 €