Encore un roman sur les vampires penserez-vous. Oui mais Les Radley n’est pas comme les autres. Cela vient peut-être du fait qu’il ne s’adresse pas en priorité aux adolescent(e)s. Dans tous les cas, il faut absolument le lire, rien que pour découvrir la plume de Matt Haig, pleine d’humour, bourrée de talent et ponctuée de références culturelles.
La couverture a de quoi susciter l’intérêt. Selon moi elle colle parfaitement au thème du roman : une famille de vampires typiquement anglaise qui tente de vivre normalement parmi les humains. La quatrième de couverture, si elle commence sur un ton aguicheur, aura vite fait de vous convaincre.
« Ils n’ont qu’une addiction : le sang.
Mais depuis plus de vingt ans, ils ont décidé de renoncer à leur pêché mignon et de se désintoxiquer. Pas facile d’être un vampire urbain au XXIe siècle !
Dans une banlieue british tout ce qu’il y a de plus respectable, la famille Radley essaye désespérément de se comporter comme « des gens normaux ». Mais des vampires de souche peuvent-ils définitivement refouler leurs désirs et leurs instincts ? Pas sûr… »
On l’aura donc compris : parmi les vampires, certains décident de s’abstenir de sang humain en suivant scrupuleusement les règles du Manuel de l’Abstinent. Mais substituer le sang humain par du sang animal ne refoule pas les instincts primaires bien au contraire : chez les extrémistes, l’abstinence provoque de graves crises de manque. Helen et Peter Radley font donc partie de ces gentils vampires qui vivent comme les humains, sortent en plein jour (en prenant préalablement soin de protéger leur peau). Helen veille d’une poigne de fer à ce que tous les membres de sa famille respectent l’abstinence. Peter, lui, aimerait bien se délecter de sang de temps à autre tandis que leurs deux enfants, Clara et Rowan, vivent tant bien que mal leur vie de lycéens…
Qu’est-ce qui pourrait bien troubler la vie de cette famille pas comme les autres ? Peut-être un accident provoqué involontairement par une jeune vampire qui s’ignore ? Peut-être encore l’irruption du passé causée par Will Radley, l’oncle non-abstinent, un brin fou et vraiment très dangereux ? Lorsque les enfants Radley découvrent leur véritable condition de vampires, les évènements s’enchaînent, l’angoisse monte petit à petit car le lecteur sait qu’un danger rôde. Et il arrivera assez vite puisque l’histoire se déroule sur trois jours seulement, ce qui accentue la sensation de peur et que les chapitres courts accélèrent le rythme de lecture.
Matt Haig a réussi l’exploit de créer une très brillante satire des romans de vampires en même temps qu’une satire de notre société actuelle. Peut-on vraiment ignorer ce qu’on est ? Là se trouve le véritable sujet de ce roman. Les secrets entraînent les mensonges, et les mensonges les peurs, dont la première est la découverte de la vérité. Un vrai régal de lecture grâce aux clins d’œil à la littérature anglo-saxonne. Un superbe frisson d’angoisse provoquée par le personnage de Will, qui a tout de même un petit côté attachant (et… humain !). Un ton sarcastique divin qui sert à merveille un humour parfois noir. Bref : un véritable chef-d’œuvre qui renouvelle le genre !
Les Radley
Matt Haig
Albin Michel
19,90 €