La sword and sorcery fait partie de mes genres de fantasy préférés. QU’il s’agisse de Conan, Elric, ou d’autres encore, c’est avec plaisir que je découvre leurs aventures très épurées et violentes dans des univers imaginaires d’une profondeur surprenante. Quand j’ai appris que Denoël, dans sa collection Lunes d’Encre dédiée à l’imaginaire, publiait une intégrale de Dilvish le Damné par Roger Zelazny, je n’ai pu m’empêcher de me jeter dessus. J’avais entendu parler de ce héros à de multiples reprises et je dois dire que je n’ai pas été déçu…
La couverture de Jean-Sébastien Rossbach est un pur bijou du genre. Elle reprend la nouvelle La Tour de Glace où Dilvish va se trouver devoir combattre dans une tour que l’illustrateur a parfaitement, ou presque su représenter. L’esprit du livre dans son entier tient dans cette illustration que la quatrième de couverture ne vient pas déparer…
Il s’appelle Dilvish de Sélar, mais les vieilles chansons parlent plutôt de lui comme de Dilvish le Libérateur. Vaincu par Jélérak, il a été exilé plusieurs siècles durant aux enfers. Un séjour qu’il a mis à profit pour apprendre les douze Abominables Formules de la magie noire. Chevauchant un sombre cheval d’acier capable de cracher du feu, chaussé de bottes d’elfe qui ne laissent aucune empreinte derrière elles, armé de l’Épée Invisible, Dilvish est de retour. Et la route qui le mène de la résurrection à la vengeance lui fera traverser un monde magique où derrière chaque rencontre se cache un danger mortel ou un faux-semblant.
Le premier aspect marquant de la littérature de Roger Zelazny est un imaginaire extrêmement vaste. Créant tout d’abord Dilvish à travers une série de nouvelles, on se prend réellement au jeu de la découverte de l’univers totalement magique que l’auteur veut nous faire découvrir. L’intégrale ici présentée commence avec onze nouvelles, reprenant de manière plus ou moins lointaines les personnages de Dilvish. Par exemple dans La Ballade de Théline le lecteur entendra parler des hauts-faits de Dilvish sans pour autant le voir réellement en action.
Un mot sur l’organisation des textes. La première nouvelle, qui inaugure donc l’intégrale, est un texte haletant présentant une chevauchée éperdue de Dilvish monté sur Ténèbres, cheval démoniaque, vers une ville qu’ils doivent sauver. Lorsque j’ai lu ce texte je suis entré immédiatement dans l’univers de Roger Zelazny, accroché que j’étais à la selle de Ténèbres. La route de Dilfar est un grand moment de fantasy qui permet au lecteur de prendre la mesure de ce qu’il va découvrir dans ces pages.
Onze nouvelles et un roman, ce n’est pas rien et l’amateur de sword and sorcery va s’en donner à cœur joie dans ces cinq cent pages de bonheur fantasy à l’état pur. Bien entendu comme sur une anthologie j’ai eu mes préférences parmi les nouvelles ici proposées. Je commencerais par citer La route de Dilfar dont le rythme haletant est particulièrement séduisant. Les cloches de Shoredan est un modèle d’héroïc-fantasy où le héros est en danger à chaque instant. Ce texte m’a particulièrement plu car il reprend les bases du genre en les amenant à leur paroxysme littéraire. Je dirais la même chose de La Tour de Glace et Le démon et la danseuse, deux textes modèles du genre. Terres changeantes est également un roman de grande qualité qui prend le personnage de Dilvish et l’amène à son apogée. Damné, Dilvish n’en est pas moins revanchard et va traquer son ennemi aux confins du monde…
L’intégrale de Dilvish le Damné fait partie de ces indispensables à toute bibliothèque fantasy un tant soit peu fournie. Traduit avec talent, proposant un imaginaire dénué de nouveauté réelle mais reprenant avec talent les classiques du genre, ce livre devrait connaître le succès. Car Roger Zelazy est Roger Zelazny, que la sword and sorcery est la sword and sorcery, jetez-vous sur cette intégrale dont le prix de 27 €est finalement bien amorti par un plaisir de lecture absolument inimitable…
Dilvish le Damné
Roger Zelazny
Lunes d’encre
Denoël
27 €