S’il est une chose que Richard Morgan a bien comprise c’est que l’humain va continuer à se faire la guerre dans le futur, quels que soient ses progrès technologiques. Au contraire, ceux-ci serviront les sombres desseins des bellicistes. Takeshi Kovacs change de corps alors que son auteur change de style, passant du polar futuriste au roman de guerre. Cette transformation s’est-elle faite au détriment de l’ensemble ? Réponse tout de suite…
La couverture de Chris Mc Grath est de grande qualité, il n’y a que cela à dire. Futuriste, totalement dans le thème, la cohérence de l’ensemble n’est pas remise en cause par une quatrième qui nous place de suite dans le thème :
Réenveloppé dans un corps conçu pour le combat tactique, Takeshi Kovacs est désormais un mercenaire engagé dans une guerre sanglante qui ravage la planète Sanction IV.
Kovacs profite du conflit pour rejoindre un petit groupe qui essaie de s’approprier une découverte archéologique inestimable. Et, de fait, il est propulsé dans un maelström d’intrigues et de trahisons en comparaison duquel le conflit qu’il vient de quitter fait pâle figure.
En effet, toutes les corporations tueraient pour cette découverte. Car elle risque de signifier la fin de l’humanité ou le début d’une nouvelle ère. Or dans ce XXVIIe siècle d’une humanité ravagée par la violence, les hommes sont bien mal préparés à l’héritage qui s’offre soudain à eux : les étoiles !
S’il est une chose que l’on peut dire sur Richard Morgan, c’est qu’il maîtrise les scénarios complexes. Et Anges Déchus va justement vous étonner par la complexité de ses intrigues, la violence de ses combats mais surtout par le charisme de Takeshi. La question à se poser est : l’auteur utilise-t-il la technologie comme prétexte à son roman pour déchaîner les foudres de l’avenir sur l’homme ? La réponse est oui et non. Dans ce roman le combat intrinsèque entre l’homme et sa nature avide face à un futur qui finalement est sombre et dénué de sentiments. Ce combat va mener le héros sur des sentiers dangereux et c’est bien le propos de Richard Morgan qui, en plus de nous proposer de l’action à l’état pur, nous invite aussi à réfléchir sur l’Homme.
Ainsi, chez cet auteur britannique, le concept de la SF est utilisé comme berceau de réflexions philosophiques profondes. Le regard désabusé de Takeshi Kovacs sur ses congénères lui sert à donner finalement sa propre vision des choses.
Mais au-delà des réflexions philosophique,s Richard Morgan est aussi et surtout un maître en matière d’action et de scénario. Et celui d’Anges Déchus ne devrait pas décevoir le lecteur appréciant la guerre futuriste. Toutefois, je me suis un peu plus ennuyé que sur le premier opus du fait d’une complexité légèrement moindre au niveau des relations entre les personnages. Anges Déchus reste cependant un pavé de 600 pages de pur bonheur SF à savourer sans modération.
Anges Déchus
Takeshi Kovacs T2
Richard Morgan
Milady
8 €