Claire Panier-Alix est une de ces auteures françaises qui se font trop rares sur les étals des libraires. Surtout connue pour sa trilogie de La Chronique Insulaire (aux éditions Nestiveqnen) elle nous propose un nouveau roman de fantasy à la française comme nous les aimons tant sur ce site. Sang d’Irah est un roman plein de promesses de prime abord et en l’ouvrant j’ai espéré de tout cœur ne pas être déçu. Je vous laisse maintenant découvrir quelles furent mes impressions, car ce roman bénéficiera aussi d’une chronique de Tsaag Valren…
La première chose que j’ai vue en prenant en main Sang d’Irah est une magnifique couverture. Signée Martine Fassier, illustratrice dont j’apprécie tout particulièrement le talent, qui met particulièrement bien en place l’ambiance générale de ce que le lecteur va trouver dans les quelques 490 pages du roman. Duncan et Maryanor sur fond d’une cité placée sur une montagne escarpée… Comment mieux définir ce roman ? Difficile de faire une meilleure proposition tant la couleur rouge sang est tout à fait adaptée…
Mais entrons dans le cœur du roman. Le scénario, sans innover réellement, parvient parfaitement à mettre en œuvre les standards de la fantasy de manière agréable et presque ludique. En effet le lecteur se prend au jeu de l’auteur et suit les aventures de Duncan avec grand plaisir tant la tortuosité des relations et des aventures vient le séduire.
Même si Claire Panier-Alix sait jouer des standards de la fantasy, elle n’en est pas moins une auteure française et ce qui est le plus appréciable chez elle c’est finalement cette « french-touch » qu’elle sait donner à son texte. Comment se définit ici cette « french-touch » ? Tout simplement par un art consommé de la formulation, de la poésie, que je ne trouve que très rarement chez les auteurs anglo-saxons qui sont plus brusques dans leur manière d’écrire. Chez Claire Panier-Alix on perçoit une sensibilité de l’écrit qui est, à mon sens, tout à fait française, ou au moins francophone.
Malgré tout, Sang d’Irah ne m’a pas paru exempt de défauts. Si l’auteure est particulièrement agréable à lire du fait de la poésie de sa plume, il est possible de discerner par moment quelques longueurs descriptives qui risqueraient malheureusement de rebuter le lecteur habitué aux page-turner anglo-saxons. Mon avis est qu’à avoir voulu trop bien faire elle a par moment un peu oublié l’action au profit de la psychologie de ses personnages.
Car c’est également là l’un des points centraux de cette œuvre : les personnages, mais aussi l’univers créé. Les personnages créés par Claire Panier-Alix appartiennent également aux standards de la fantasy, mais restent vraiment très agréables à lire et à suivre. Leur psychologie est poussée, les liens entre eux parfaitement établis et rien ne vient entacher ce qui relève vraiment de la prouesse tant la réussite est grande. L’univers de l’île Nopalep’am Brode est particulièrement détaillé également. Une carte vient aider le lecteur à comprendre où vont se situer les différentes actions, de même qu’un arbre généalogique vient ponctuer les liens entre les personnages. Ces deux éléments montrent le niveau avancé de la réflexion de l’auteur sur ses personnages et son univers, à tel point que l’on en arrive finalement au défaut que je donnais plus haut.
Sang d’Irah est donc un grand roman de fantasy qui tient de la fresque épique. Claire Panier-Alix créé un univers dans lequel le lecteur a envie de se plonger pour ne plus en sortir. Bien que pourvu de quelques défauts ce livre saura séduire les amateurs de fantasy tout comme ceux qui hésitent à entrer dans le genre. Comme quoi le classicisme fait encore recette : sans innover, Claire Panier-Alix nous emmène dans une grande œuvre aux confins de l’imaginaire que l’on ne quitte qu’à regret, attendant avec impatience de se replonger dans les lignes d’encre de cette auteure…
Sang d’Irah
Claire Panier-Alix
Le Pré aux Clercs
19 €