Une fois n’est pas coutume pour Mnémos et leur collection Dédales fourmillant de talents : ils nous ont dégoté une nouvelle perle qu’ils font jaillir de leur chapeau avec brio. Raphaël Albert, ou l’art pour un auteur de placer des elfes, des nains et bien d’autres, dans un Paris Haussmannien de la fin du XIXème siècle. Mais cela ne s’arrête pas là. Avec une verve rare, il nous entraîne dans une aventure palpitante dans les entrailles de Panam, ville industrielle où les humains ont pris le pas sur les créatures féériques.
Voici la quatrième de couverture qui devrait vous en dire plus sur ce roman surprenant :
« Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames…
Jusqu’au jour où, lors d’une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l’entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l’affaire par l’un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ? »
La couverture signée Aurélien Police est une de ses meilleures. Elle parvient à conserver le côté glauque du roman tout en en révélant juste assez sur l’ambiance sulfureuse et inquiétante de Panam que le lecteur va parcourir en compagnie de Sylvo. Une grande réussite de la catégorie photo retouchée et déformée à souhait. Les tons bleutés donnent un charme assez particulier également.
Je tenais à faire une mention spéciale aux gros efforts de mise en page de l’éditeur, notamment à l’intérieur avec de beaux éléments graphiques qui viennent pousser encore plus l’ambiance parisienne XIXème. Un tel effort pour sortir du format « classique » de la mise en page de roman est tout à fait louable et mérite d’être encouragé.
Mais entrons dans le vif du sujet : Rue Farfadet est un roman absolument bluffant, car le lecteur ne s’attendra à aucun moment aux revirements d’actions face auxquels il va se trouver. Véritable enquête policière sur fond de, politique ségrégationniste des créatures féériques et d’industrialisation galopante, ce titre sent le soufre dans le bon sens du terme. Une plume allègre et tournant particulièrement bien les mots vient nous servir un discours très parisien, dépourvu de conventions bien souvent lassantes. Ce franc-parler, cet art de l’action non-stop fait de Rue Farfadet un roman bien trop court pour pouvoir réellement en apprécier chacun des aspects à sa juste valeur et l’on ne peut qu’espérer qu’une suite verra le jour, car cela vaut vraiment le coup d’œil. Le dénouement est également à la hauteur des attentes des lecteurs.
Une fois de plus Mnémos vient nous régaler d’une pépite d’or pur avec un roman simple, sans fioritures inutiles. Un bel objet, une histoire passionnante et surtout une discrétion digne de Sylvo Sylvain. Ne pas chercher à trop en faire, comme d’autres peuvent tenter de le faire, peut-être est-ce là cette clé du succès propre à Mnémos…
Rue Farfadet
Les extraordinaires & fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé
Raphaël Albert
Collection Dédales
Mnémos
18 €