Bifrost est l’une des rares revues liées à l’imaginaire qui continue encore et toujours à faire découvrir à ses lecteurs les textes et les univers d’auteurs d’horizons divers. Et c’est un numéro dédié aux auteurs francophones que nous avons entre les mains pour les mois d’avril, mai et juin avec un dossier sur Laurent Genefort et des nouvelles signées Claude Ecken et Jean-Claude Dunyach. Vaste programme donc…
La couverture de ce numéro est assurée par Nicolas Fructus. L’illustration colle parfaitement au thème de la nouvelle de Laurent Genefort et est donc parfaitement dans le ton. L’ensemble de la mise en page est particulièrement harmonieux et saura donner envie au lecteur de parcourir la revue, ce qui est précisément le but.
La revue justement commence avec un éditorial assez revendicatif mais particulièrement intéressant. Il y est question de la surproduction dans les genres de l’imaginaire, ce qui est un fait avéré. Les chiffres avancés sont assez effrayants et je ne peux que me ranger du côté d’Olivier Girard sur ce thème. Un éditorial passionnant par rapport à ceux d’autres revues, ce qu’il est intéressant de noter et laisse présager du meilleur pour la suite…
Le lecteur entre ensuite directement dans le vif du sujet avec une nouvelle de Jean-Claude Dunyach intitulée Trois hourras pour Lady Evangeline… Ce long texte, sans m’avoir marqué de manière exceptionnelle, est très agréable à lire et particulièrement bien écrit. Cette histoire de jeune fille de bonne famille parachutée dans une école sur une planète isolée et qui va voir sa vie basculer du tout au tout est intéressante mais j’ai eu beaucoup de mal à accrocher sur la longueur. Je ne remets en cela absolument pas en cause l’auteur canadien car il fait preuve d’un grand talent littéraire. Que demander de mieux qu’une bonne histoire servie par un auteur de talent pour débuter cette revue ?
Eh bien je dirais une autre nouvelle de l’un des plus grands auteurs imaginaires français : Claude Ecken. Miroirs mutilés est un texte intéressant à plus d’un titre : imprégné de philosophie, il nous dépeint une société où les robots ont apparence humaine ce qui peut parfois porter à confusion… Je vais m’arrêter là pour ce qui est du scénario de cette nouvelle et ne pas céder à la tentation de vous révéler la fin. Sachez simplement qu’elle est très bien écrite, avec un style vivant et que la conclusion vous surprendra.
La troisième et dernière nouvelle est signée Laurent Genefort, l’auteur auquel est consacré le dossier qui suit… Intitulée Rempart, elle nous présente un futur possible pour notre chère planète, futur où les aliens arrivent sur Terre en passant par des Bouches, sorte de disques lumineux. S’ensuit un nombre incalculable de problèmes et cette nouvelle d’anticipation va satisfaire ses lecteurs comme rarement. Signer un texte d’une telle qualité au sein d’une revue lui étant dédiée est un excellent présage pour la suite.
Suivent ensuite les chroniques de livres. Argumentées et bien écrites, je n’ai pas grand-chose à dire dessus si ce n’est que parfois, je ne suis pas d’accord avec certaines d’entre elles ; mais après tout, tous les goûts sont dans la nature. Je ne vais donc pas m’étendre sur le sujet. S’ensuit un article sur la crise de la japanimation qui est assez intéressant mais sur lequel je ne me suis pas appesanti.
Par contre la très longue interview de Laurent Genefort est un monument de plaisir. Cet auteur si particulier de la scène imaginaire française se dévoile totalement sous le regard du lecteur. De son enfance en passant par ses premières armes d’auteur, il nous révèle ses secrets, ses inspirations,… Vraiment très intéressant à lire, cet entretien confirme si besoin en était que Laurent Genefort est à la fois l’un des meilleurs auteurs d’imaginaire français mais également l’un des plus sympathiques. La bibliographie qui s’ensuit est également impressionnante.
Les deux derniers articles concernent le film Avatar et la possibilité que cela puise advenir. Particulièrement bien rédigé, il laisse le lecteur dubitatif devant cette hypothèse. La rubrique Infodéfonce & Vracanews donne encore quelques infos de dernières minutes au lecteur.
Ce 58 numéro de Bifrost est donc une excellente mouture que les lecteurs d’imaginaire découvriront avec plaisir. Le dossier sur Laurent Genefort est bien mené, les nouvelles sont d’une qualité rare et les autres rubriques tiennent leur place en second plan. Il ne reste plus qu’à attendre avec impatience le prochain numéro et à souhaiter longue vie à cette revue de qualité…
Bifrost n° 58 (avril-mai-juin 2010)
Dossier Laurent Genefort
Le Bélial’
11 €