Entretien avec Ingrid et Jérôme, de Jirfiya

Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Jirfiya ?

Bonjour, je suis Ingrid et je suis la chanteuse du groupe.

Bonjour, je suis Jérôme l’un des deux guitaristes du groupe.

Comment en es-tu venu au rock et au metal ?

Ingrid : J’ai découvert Nirvana puis surtout Jeff Buckley, avec qui j’ai commencé à élargir ma culture rock en parcourant ses influences. Au départ c’est vraiment le rock/pop que j’écoute, et des artistes comme Radiohead, Sigur Ros, PJ Harvey, Tori Amos, Sinead O’Connor, et bien sûr Björk, que je vénère. J’ai été marquée aussi par System Of A Down et l’album « Toxicity », A Perfect Circle et l’album « Mer De Noms », ou encore The Gathering.
Puis en jouant dans différents groupes, certains copains musiciens m’ont fait partager leurs goûts de métalleux, et j’ai pu découvrir Dream Theater, Opeth, Pain Of Salvation… Nightwish, Epica, Within Temptation aussi !

Jérôme : De mémoire c’est avec « Smell like teen spirits » de Nirvana et « You could be mine » des Guns N Roses » que je suis venu au rock. Quelle claque à l’époque ! On avait acheté avec mon frère les vinyles. Peu de temps après j’ai découvert à Iron Maiden avec «  Fear of the dark » qui venait de sortir,  le Monoprix à côté de chez moi vendait des cassettes de Maiden et la pochette m’avait intrigué et quelle claque aussi !

Comment est né le groupe ?

Ingrid : J’ai rencontré Jérôme et Pascal (Davoury, ex bassiste du groupe), qui cherchaient de nouvelles collaborations avec leur groupe Born From Lie. Ça a marché dès les premiers essais, si bien qu’ils ont fondé avec moi ce nouveau groupe, Jirfiya.

Jérôme : Tout à fait ! On s’était dit avec Pascal à l’époque que cela mettrai plus en valeur Ingrid de fonder un nouveau groupe que de l’intégrer en tant que  chanteuse dans un projet existant déjà.

« W » est le deuxième album du groupe. Comment s’est passée la composition ? Qui écrit la musique, qui se penche sur les paroles ? Vous avez travaillé comme sur Still Waiting ?

Ingrid : On était restés sur une certaine frustration suite à Still Waiting, qui a subi la période pandémique et tous ces « stop and go » qui ont freiné notre élan artistique et promotionnel.
Jérôme avait toujours envie d’en découdre, et on a cherché sur quels thèmes travailler, sachant que ce serait toujours aussi militant. Rapidement, ce sont les sujets liés à la condition et aux droits des femmes qui se sont imposés. Nous avions déjà un titre sur les conséquences de l’interdiction de l’avortement au Salvador (« Silently » sur l’album « Still Waiting »), avec les femmes emprisonnées et les délations de médecins.
Jérôme a composé et maquetté toutes les musiques, et pour les textes, soit c’est lui seul, soit on co-écrivait, et j’en ai aussi un écrit un qui me tenait à cœur.

Jérôme : La composition se passe toujours un peu de la même façon : je prends ma guitare et je me laisse aller, dès qu’un riff me plait je le prend comme base, j’ajoute des programmations de batterie dessus et fais des essais de ligne de chant pour voir ce que cela pourrait donner, ensuite j’y ajoute d’autres riffs et assemble le tout un peu comme  un puzzle.

Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?

Jérôme : en écoutant de la musique, en lisant, en marchant… le monde est une source d’inspiration ! Mais c’est surtout en jouant et pratiquant que les idées viennent ! Composer est la chose que je préfère ! Dès que je prends ma guitare c’est très rapidement pour  composer et trouver de nouvelles mélodies !

Comment est-ce que vous avez bossé sur l’artwork de cet album ? Il est plus illustré que le précédent.

Ingrid : Jérôme a contacté un ancien illustrateur qui avait travaillé sur l’artwork de certains albums de Born From Lie. Il nous a transmis le contact de son collègue Quentin (Bouilloud), et son style plutôt architectural nous a donné envie de travailler avec lui. On ne voulait pas de femme représentée frontalement, ça nous paraissait trop redondant, et Quentin a ajouté du mystère là où les chansons sont plus explicites.

Le thème féminin se dégage tout au long de l’album. Pourquoi avoir fait ce choix ? D’où sont venues les idées autour de cet album finalement un peu concept ?

Ingrid : On avait donc abordé le sujet du droit à l’avortement dans la chanson « Silently », sur l’album précédent, où l’on prenait le point de vue d’une femme emprisonnée arbitrairement au Salvador, pays où cet acte est interdit.
En lisant l’actualité, qui nous intéresse beaucoup, ce sont des histoires de femmes qui nous ont marqué. Je me souviens que je venais de voir « Le Bal des folles », film de Mélanie Laurent, adapté du roman éponyme de Victoria Mas. Une histoire très forte autour du sort de femmes de toutes conditions, internées à la Salpêtrière, et exhibées devant la bonne société parisienne à la fin du XIXe siècle.
A la même période, c’est le retour des talibans en Afghanistan qui sidérait le monde entier. Et dans un autre registre, les sujets de la PMA et la GPA m’intéressent beaucoup également.
On a creusé le thème entre nous, et très vite on a voulu éviter le pathos, et donner plusieurs points de vue féminins, à travers des situations différentes. Ainsi, on aborde le pouvoir pris par des femmes comme Marine Le Pen ou la sœur du dictateur coréen.

Et au final, plutôt que d’appeler cet album « Women », on a choisi de n’en garder que l’initiale, afin qu’on ait envie de découvrir ce qui se cache derrière, en écoutant les morceaux, et que chacun puisse mettre la femme qu’il imagine derrière ce « W »

Quel est ta piste préférée de ce nouvel album et pourquoi ?

Jérôme : « The Factory », je trouve que ce morceau à toute les nuances et les émotions que je voulais mettre dans une composition. Et puis je ne me remets pas de ce break violon/ violoncelle au milieu du morceau, il est vraiment sublime !

Ingrid : « Asylum », parce que j’ai écrit les paroles, pour la 1ere fois chez Jirfiya ! Et surtout parce que je trouve que c’est symbolique de ce que les sociétés, à travers les siècles et les régions du monde, font subir aux femmes: les enfermer, les surveiller, les empêcher, les violenter, surmédicaliser leurs corps, les stigmatiser, les rabaisser ou les exhiber, et surtout, surtout, en finalité les réduire au silence. Face à cela, une sorte de culture de résistance intrinsèque à la condition féminine, que ce soit personnelle ou collective, se manifestera toujours.

Avez-vous prévu de sortir d’autres clips pour soutenir la sortie de l’album ? Et pourquoi avoir choisi de sortir The Girl With The Perfect Face en premier ? 

Ingrid : Nous avons une lyrics vidéo de « Path Of Hate » qui vient juste d’être publiée, et ensuite on préparera un nouveau tournage pour le prochain titre, oui.
« The Girl With The Perfect Face » était le titre qui paraissait le plus propice à illustrer en clip, car c’est déjà hollywoodien comme thème et composition, à la fois dramatique et épique. Il y avait matière à réaliser un petit film. On était conscient que ce n’était pas le titre le plus pêchu, le plus métal quoi, par sa longueur et son thème. Mais c’est bien de surprendre !

 

Quels sont les prochains projets pour Jirfiya ? De la scène avant tout ?

Ingrid : Oui, priorité à la promotion de l’album, sur scène, à travers la France. Aller à la rencontre de ceux qui partagent nos idéaux, et aiment notre musique !

Et justement, on peut vous voir où et quand sur scène ?

Ingrid : On sera sur la scène de la Péniche Antipode à Paris, le 26 avril pour la Release Party de « W », et nous partagerons la scène avec un autre excellent groupe de metal prog, Wedingoth !

Plein d’excellents albums sont sortis en 2022. Une préférence, un coup de cœur que tu voudrais conseiller ?

Jérôme : J’ai adoré le dernier Joe Lynn Turner  et le dernier Marillion!

Ingrid : Pour moi un nouvel album de Björk est toujours un évènement, alors « Fossora » est une nouvelle belle pièce ajoutée à son œuvre déjà colossale.

Merci pour tes réponses et à très bientôt

 

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