Abyss – Forest In Blood

Les pirates de Forest in Blood nous reviennent en 2023 avec un nouvel album, le troisième depuis la reformation du groupe en 2018 pour leurs 20 ans. Ce nouvel album Abyss, qui compte 10 titres, offre un concentré de hardcore brutal et de trash, alternant titres en anglais et en français avec toujours la même énergie. Abyss ravira sans aucun doute les fans du groupe et promet de belles bagarres dans le pit lorsque le groupe viendra défendre son album sur scène !

Les parisiens de Forest in Blood tournent déjà depuis un bon moment sur la scène hardcore. Le groupe nait en 1998 et se fait rapidement un nom sur la scène hardcore parisienne. Ils sortiront en 2000 un premier EP puis en 2003, l’album « What a wonderful world » dans un style mêlant influences trash et hardcore. On y sent l’influence de classiques comme Slayer, Hatebreed, etc. et d’un hardcore old school tout droit sorti du metal des années 90. Forest In Blood aura alors l’occasion de jouer sur de très jolies dates et avec de grands groupes des scènes metal et hardcore internationales. Le groupe prend une pause en 2005 suite à des changements de line-up et se consacre à d’autres projets musicaux. Il faut attendre 2011 pour que sorte un nouvel EP « Shameless and limitless » qui permet aux musiciens de revenir à leurs premières amours du hardcore et du trash. Finalement, le groupe se reforme pour leurs 20 ans, en 2018, et accompagne son retour d’un album « Pirates », rapidement suivi en 2020 par le très bon « Haut et Court ». Les parisiens conservent la même formule avec des morceaux brutaux, efficaces, alternant paroles en anglais ou en français. « Abyss » est le troisième Opus de cette trilogie Odyssée débutée il y a 5 ans, qui symbolise aussi le périple du groupe depuis leur reformation, passant au travers de la pandémie, des changements de line-up, etc.

J’ai eu le plaisir de croiser Forest In Blood lors d’un plateau exclusivement hardcore au O’Sullivans Backstage en mars 2022. Le groupe que je manage assurait la première partie de cette soirée organisée par Stay in the Pit. Et nous avions plus qu’apprécié leur prestation ultra énervée et l’énergie qu’ils avaient transmis au public ! Ils entretiennent aussi soigneusement la relation avec leurs fans, leurs pirates comme ils aiment à les appeler, et ont construit tout un univers autour de l’imagerie pirate, du rhum, de la camaraderie et du métal. Une belle énergie qui se confirme à l’écoute de ce nouvel album !

Qu’il s’agisse de la composition ou de la production de l’album, on est sur un son un poil plus hardcore et moderne, légèrement moins trash que les années précédentes. L’album est bien rythmé, les morceaux sont relativement longs pour du hardcore et encadrés par deux morceaux instrumentaux. On alterne entre chansons en anglais et en français, le français passe plutôt bien, pas trop cliché et sert assez bien le côté plus « punk » du groupe et le scream très hardcore du chanteur.

L’album s’ouvre sur le morceau instrumental Abysses, une belle intro très douce, uniquement des cordes. Elle crée une ambiance plutôt mélancolique et triste soutenue par des murmures que l’on distingue dans le fond. L’intro se termine par quelques notes très graves avant d’enchainer sur la suite de l’album.

Le second morceau, Children of the 666 démarre immédiatement, très énergique et chanté en anglais. C’est le premier single que le groupe avait sorti pour l’album et il est accompagné d’un clip paru sur YouTube en mai dernier. Une ambiance volontairement rétro, comme une VHS des années 90, et un hymne qui fait référence aux origines trash des membres du groupe et de leurs fans qui les suivent depuis le début. Le groupe tient à montrer d’où il vient, ce par quoi il est passé et son objectif. Pas de répit, les riffs très énergiques et la batterie transmettent une ambiance quasi démoniaque et le chant ne prendra presque pas de pause hormis pendant le court break suivi par un solo de guitare.

 

On enchaine ensuite avec un second titre en anglais, Dying Lord. Une intro très heavy suivie par des riffs plus lourds. Je suis par contre moins convaincue par le scream du chanteur dans les graves sur ce morceau mais j’ai bien apprécié le petit break. On ne nous laisse clairement aucun répit et ça s’enchaine très vite.

Sur une intro beaucoup plus lente et lancinante, vient le quatrième morceau Crève, première chanson en français de l’album. Le français donne clairement une sonorité beaucoup plus punk au chant et au morceau de manière plus générale. Les paroles sont volontairement simples et directes, au service d’un morceau plus court que les précédents et surtout plus incisif. Ça se termine d’ailleurs sur un « crève charogne » qui coupe net le morceau.

On poursuit avec Battlefield, dont l’intro fait monter la tension progressivement grâce aux riffs très heavy. On retrouve un chant en anglais et des paroles qui mariés aux guitares donnent une ambiance assez martiale au morceau. C’est clairement une chanson qui devrait produire une jolie énergie sur scène. Une belle mélodie et un solo de guitare annoncent un dernier break très efficace qui m’a beaucoup plu.

A la vie, à la mort est le sixième morceau de cet opus et propose de nouveau du chant en français. Le scream et les paroles créent une ambiance plus punk. Le morceau sera assez facile à faire chanter par le public avec son refrain scandé et ses paroles plutôt trash. On a vraiment le sentiment que Forest In Blood a composé un album destiné principalement à être joué et à mettre une belle ambiance dans le pit.

S’en suit une pause instrumentale avec un morceau simplement nommé Ténèbres. Les guitares et les sons de cloches offrent une ambiance démoniaque et plus death avant d’enchainer directement sur le morceau suivant.

The harder they come commence sans laisser le temps de respirer. La batterie impose immédiatement un rythme très énervé et promet de belles bagarres. Pas de grandes variations mis à part un petit break pour le dernier refrain scandé.

Libertalia est le neuvième morceau de l’album dont j’ai beaucoup aimé les riffs d’intro qui ont une sonorité plus moderne, plus beatdown. Sonorité plutôt bienvenue et que j’aurais aimé entendre un peu plus pour renouveler un peu le son de l’album. Le morceau conserve la structure des autres chansons avec un solo de guitare avant un dernier refrain.

Finalement, l’album se termine sur In Pirates We trust, un morceau de nouveau en anglais. Forest in Blood y introduit quelques riffs plus death. L’ensemble est beaucoup plus heavy que le reste de l’album avec des paroles assez simples mais efficaces. Le morceau se termine presque net sur des sons de cloche qui rappelle l’intro et la pause dans Ténèbres.

Forest in Blood a parfaitement conclu sa trilogie Odyssée avec un troisième album très efficace, très bien produit et surtout en totale cohérence avec leurs compositions précédentes. On retrouve ce qui fait l’âme du groupe et leur musique. On y perçoit beaucoup d’honnêteté et une vraie volonté de faire plaisir à leurs fans. Forest in Blood c’est un son qui reste malgré tout assez old school, avec son hardcore très heavy et très trash et un scream très punk. C’est efficace et ça fonctionne surtout très bien sur scène. Forest in Blood est un groupe dont la musique est vraiment faite pour la scène, qui donne une belle énergie au public et le chauffe dans la bonne humeur. Ça se ressent au travers des morceaux dont les riffs très énergiques et la batterie indiquent facilement comment le pit doit bouger et dont les paroles assez sobres et les refrains scandés permettent au public de suivre et de chanter. Si c’est un très bon album, Forest in Blood ne se renouvelle pas non plus et ne prend pas de trop gros risques. J’aurais bien aimé les voir explorer des sonorités plus beatdown du hardcore ou tenter des structures un peu différentes dans leurs morceaux. On a le sentiment d’une structure qui se répète de manière très similaire sur chacun des morceaux et j’avoue ne pas avoir eu de grosses grosses surprises sur les titres. En conclusion, tout est bon et bien réalisé, efficace, énergique et cohérent, mais presque trop convenu et trop sage. L’explication est sans aucun doute, que Forest In Blood est un groupe qu’il faut d’abord écouter en concert ! A n’en pas douter, Forest In Blood saura défendre ce nouvel opus avec force en octobre prochain lors de leur release party au Glazart à Paris. On viendra les soutenir avec grand plaisir !

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