Alan Moore, c’est – pour beaucoup d’entre nous, une référence en matière de Comics dont les plus connus sont Watchmen, V pour Vendetta et From Hell (qui ont tous trois eu des adaptations cinématographiques pour le moins réussies).
Mais M. Moore est également un écrivain de talent. C’est indéniable.
Bragelonne a publié le 7 juin la version française de Illuminations. Une excellente occasion d’en découvrir plus sur cet auteur mythique, et c’est donc avec envie que je me suis précipité dans la lecture de l’ouvrage.
Avec son tout premier recueil de nouvelles couvrant quarante années d’activité, l’un des écrivains les plus influents de l’histoire des comics nous emmène dans l’envers occulte et fantastique de la réalité. Issus de son imagination foisonnante,, des personnages aussi variés qu’inoubliables découvrent – et, dans certains cas, font et défont – la trame diverse et encore largement inexplorées de l’existence.
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Des fantômes aux créatures d’outre-monde en passant par un cerveau de Boltzmann façonneur de l’univers pendant le Big Bang, Illuminations est précisément cela, une sélection d’histoires solaires et surprenantes grâce auxquelles une légende contemporaine nous dévoile toute le pouvoir de la magie et de l’imagination.
Il faut prendre illuminations comme un paquet de bonbons surprise dont chacun possèdera un goût différent. Ici, aucune nouvelle ne ressemble à la précédente. Dit comme ça, ça peut paraître évident, mais pour avoir lu de nombreux recueils de nouvelles, on y trouve – la plupart du temps – une sorte de « fil conducteur » qui nous rappelle qu’on est bien en train de lire l’œuvre d’Untel.
Ici, ce qui est totalement bluffant, c’est qu’on bascule d’un univers à l’autre et d’un style d’écriture à l’autre. J’aurai lu ces textes indépendamment les uns des autres, je pense sincèrement que j’aurais été incapable de déterminer qu’elles émanaient toutes de la même plume.
Cela étant précisé, cette puissance d’écriture peut également s’avérer être une « faiblesse » (notez les guillemets). À force de basculer le lecteur à droite et à gauche, il est facile de perdre tous ses repères et de se dire « mais qu’est-ce que c’est que ce truc là ? ». Parce que pour bousculer son lectorat, M. Moore s’y entend !
La lecture interpelle, chahute, déstabilise, choque (?), enthousiasme, laisse bouche bée – ou sur la faim, etc. Les qualificatifs et superlatifs ne sont pas trop nombreux pour donner une idée des sentiments que l’on ressent à la lecture la prose de Moore.
De fait, au milieu de ce maelstrom de sentiments contradictoires, il reste une évidence : vous ne ressortirez pas indemne de votre lecture. Il y aura sans doute des textes qui vous toucheront plus que d’autres, où qui déclencheront chez vous des sentiments d’une grande intensité. Peut-être aurez-vous tendance à laisser de côté un texte qui vous parle moins, à tourner les pages pour aller chercher le texte suivant. Enfin, vous ressentirez (surement) de la frustration à la fin d’une histoire palpitante dont la fin, abrupte, vous laisse un sentiment d’inachevé. C’est la force d’un auteur aussi étonnant : ne laisser personne indifférent à ses univers.
Alan Moore prouve, s’il en était encore besoin, qu’il est un auteur hors du commun. Ne le connaissant que par le prisme des comics, j’ai été bluffé par sa créativité et son imagination débordante.
Je l’avoue, même si certains textes m’ont laissé un peu froid, je ne regrette certainement pas ce voyage hallucinant.
Et mon texte préféré est, de loin, Lecture à froid.