Un excellent thriller d’anticipation écologique et social.
La Terre est au bord de l’effondrement.
Pour sauver l’humanité, un seul espoir : rejoindre Cavendish, une exoplanète propice à l’installation d’une colonie.
Le futur de l’espèce humaine se joue ainsi dans l’espace, à bord d’un vaisseau volé. Aux commandes, Valérie Black, femme d’affaires visionnaire, ayant rassemblé autour d’elle les meilleures des meilleures. À commencer par Naomi, sa fille adoptive, exobotaniste renommée qui a rêvé toute sa vie de rejoindre les étoiles. Mais quand les premiers problèmes surgissent, elle ne peut s’empêcher d’avoir un sombre pressentiment. Quelqu’un à bord jouerait-il double jeu ? D’autant que les nouvelles de la Terre ne sont pas bonnes, et que les cinq femmes pourraient avoir moins de temps que prévu…
J’ai adoré La lumière lointaine des étoiles, et ce pour plusieurs raisons.
Pour le message écologique qu’il porte, d’abord. Cette histoire se déroule dans quelques dizaines d’années, et propose une vision aussi effrayante que réaliste de ce que sera sans doute devenue la Terre. Face au désastre qui s’annonce, une seule solution semble s’offrir : migrer vers une autre planète. C’est sans doute l’aspect le moins réaliste de l’œuvre : au vu de nos connaissances actuelles, nous savons que notre avenir ne s’écrira pas dans les étoiles. Le contexte écologique décrit n’en demeure pas moins pertinent et nous rappelle, si besoin était, que le temps est compté.
Dans ce huis clos spatial se joue donc l’avenir de l’humanité, qui ne repose désormais que sur cinq femmes. C’est le deuxième aspect à m’avoir séduite : ce sentiment de claustrophobie quasi permanent, cette tension constante que portent les voyageuses. Car en cas de problème, nul salut possible. Le suspense n’en est que plus fort, et tient le lecteur en haleine tout au long de l’œuvre.
Mais au-delà de sa thématique et de sa forme, c’est avant tout la complexité psychologique des relations interpersonnelles qui fait la force de ce roman. Car l’être humain est grégaire par nature, et le plus grand défi de l’espace n’est pas la technique… mais la capacité des uns et des autres à cohabiter en comité restreint pendant des mois. C’est ce qu’apprendront ces femmes, au péril de leur survie. Si les machines restent neutres et factuelles, les humains eux ressentent, s’émotionnent et prennent les décisions qui en découlent. La question du choix est d’ailleurs fondamentale ici, et tiraille le lecteur tout autant qu’elle le tient en haleine.
De ces cinq personnages, celui de Valérie est sans doute le plus complexe. Elle est aussi celle dont la crédibilité m’a le plus titillée, mais sa personnalité est si précisément décrite qu’en définitive, ça se tient. Sa relation avec Naomi, dont nous suivons les errances psychologiques de bout en bout, est très bien pensée. On y retrouve en définitive des problématiques assez classiques de la relation mère-fille, poussées ici à leur extrême. Le cheminement intellectuel de Naomi, ses remises en question, ses hésitations sont brillamment décrites. Les autres personnages sont moins fouillés, mais cela ne m’a pas posé problème.
Il y a sans nul doute du féminisme aussi, dans La lumière lointaine des étoiles. Mais celui-ci est plus nuancé que ce à quoi on aurait pu s’attendre. A la lecture du monde décrit – une Terre où les hommes occupent tous les postes importants, où les femmes sont encouragées à s’occuper des enfants, en bref un monde comme le nôtre mais en (un peu) pire – il serait aisé d’imaginer une dichotomie entre les hommes et les femmes, diabolisant les premiers et idéalisant les secondes. Il n’en est rien, pourtant. L’objectif ici est bien plus de dénoncer des dérives sociétales que de mettre les femmes sur un piédestal. De fait, chacune des protagonistes porte sa part d’ombres, et certains hommes apportent aussi un peu de lumière dans cet univers apocalyptique.
La lumière lointaine des étoile est donc une excellente lecture, qui m’a tenue en haleine de bout en bout !