Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Grain de sable est ton dernier livre, sorti chez Critic. D’où t’est venue cette histoire de magicienne qui voyage dans le temps pour sauver sa famille ?
J’ai eu une sorte d’épiphanie en écoutant la BO d’un animé japonais. Le manga avait ses passages durs, deuils, guerres et autres massacres, et malgré tout il dégageait une forme d’optimisme : ses personnages ne renonçaient jamais. J’ai eu envie d’écrire une histoire dans cet esprit. En parallèle, j’ai pensé que dans la BD, le cinéma, les séries (je regardais beaucoup Doctor Who à l’époque), l’image créait une puissance difficile à retrouver dans un livre. Je me suis dit : dans une série télé, un pouvoir surhumain se voit ; pourquoi pas dans mon texte ? Il me fallait un ou des pouvoirs visibles dans le texte – les lecteurs du roman comprendront de quoi je parle (clin d’œil). L’idée du voyage dans le temps s’est imposée à ce moment-là. Mais j’ai gardé un univers de fantasy, car la fantasy est mon ADN. Le voyage temporel ne pouvait donc exister que par magie.
Dans ce roman l’héroïne, tout comme l’histoire, prennent de l’épaisseur au fil des pages. Avais-tu déjà tout planifié, ou bien tu t’es laissée porter par les aventures de Lidia ?
Ni l’un ni l’autre ? Un peu des deux ? En fait, je planifie toujours un minimum avant de rédiger. Là, je voulais qu’il y ait plusieurs parties, des temps forts à tel ou tel moment du récit. Mais je mentirais si je disais que toute l’intrigue a été définie sur synopsis avant l’écriture. J’ai plutôt défini l’architecture globale, noté ce qui devait se passer dans chaque sous-ensemble et commencé la rédaction. Quand j’entamais un nouveau morceau, je détaillais mieux le synopsis avant d’écrire la partie concernée.
S’il fallait me définir comme jardinière ou architecte, je dirais que je pose les fondations d’une maison, mais que j’attends que le bambou pousse sur certains murs !
Comment as-tu conçu ce personnage justement ? Car finalement tous les autres restent assez anecdotiques dans l’histoire. Quelle part de toi porte-t-elle ?
Je ne sais pas si les autres sont anecdotiques, ou si c’est un effet de la narration au « je » et au présent : Lidia nous raconte tout, difficile de ne pas partager son jugement (et ses erreurs de jugement).
Au début, j’avais pensé à un héros masculin, un personnage de shônen dont la qualité principale serait la ténacité. Et puis, j’ai décidé que le personnage principal serait une héroïne, ce serait plus rapide à écrire pour moi. Cette décision prise, je n’ai pas changé une ligne de l’intrigue, sauf ajouter une scène où Lidia se heurte à des remarques sexistes. Lidia est d’abord une personne qui agit, et une femme dans un second temps. Je pense que cet aspect joue dans l’intérêt du personnage.
Lidia me ressemble par certains côtés : petite, bouquineuse, arrogante sur les bords, pas séduisante, elle pique une crise quand elle perd sa carte de bibliothèque… Donc, quelle part de moi porte-t-elle : tous mes défauts, évidement ! Ses qualités seraient plutôt des traits que j’aimerais posséder. Aussi, j’ai décidé qu’elle « prendrait cher », qu’on la verrait sans cesse galérer, peiner, pleurer et se prendre des coups, et que chaque fois elle se relèverait pour continuer.
Question subsidiaire : au fil du roman on retrouve quelques références à la mythologie grecque. Tu n’as pas pu t’en empêcher ? Je dois donc supposer que tu en es toujours aussi fan ? (rires)
On ne se renie pas ! Il y a aussi des allusions très codées à des mythes celtiques et indiens, je laisse les lecteurs les retrouver… Oui, je reste fan de mythologie grecque, je continue à en parler sur Twitter, pour les amateurs.