Entretien avec Daemonicreator, chanteur de Corpus Diavolis

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que tu peux tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Corpus Diavolis ?

Daemonicreator, je suis chanteur et co-compositeur.

Comment en es-tu venu au metal, à la fois en tant que fan et en tant que musicien ?

En tant que Sataniste, ce qui m’a intéressé dans ce style musical, c’est qu’on y trouvait également un côté philosophique qui véhicule la parole de notre Maitre.

Corpus Diavolis propose un black metal à la fois technique, profond et prenant. Quelles sont tes influences en tant que musicien ?

J’ai grandi avec le black metal des années 90, notamment la scène scandinave. Cette période me sera toujours très chère. Mais je n’y suis pas resté bloqué pour autant, maintenant j’apprécie beaucoup les scènes islandaise, polonaise et grecque, des groupes comme Sinmara, Svartidaudi, Acherontas, Massemord, Kriegspaschine, Inferno. Mais tous ces groupes restent des inspirations, pas vraiment des influences.

Apocatastase est le nouvel album du groupe. Comment s’est passée son écriture ? Qui écrit la musique et qui se penche sur les paroles ?

Apocatastase est le plus ambitieux et le plus grandiose projet du groupe à ce jour. L’album représente la nudité du black metal, reflétée dans le miroir du Diable. La sophistication s’est vue déshabillée afin de servir de portail qui mène à un voyage hors de la réalité des apparences.

Nous avons tout composé et enregistré à Marseille, puis la production a été assurée par George Emmanuel (Lucifer’s Child, Rotting Christ, Acherontas…) au Pentagram Studio en Grèce.

Outre la composition traditionnelle, nous avons commencé à expérimenter avec l’improvisation et l’immersion totale. Cette approche est un rituel en soi : une écriture automatique qui aboutit à la canalisation d’un message. Nous enregistrons des heures de sessions live et essayons ensuite de décoder le message. Il s’agit d’une liberté d’expression totale qui donne lieu à des riffs et des structures de morceaux assez inhabituels.

La plupart des paroles d’Apocatastase proviennent directement d’événements qui se sont produits pendant des sabbats réels. Quatre fois par an, nous nous réunissons dans des forêts et des grottes pour célébrer les équinoxes et les solstices avec des personnes partageant les mêmes idées. Parfois, des artefacts altérant l’esprit et des enthéogènes sont consommés et des visions s’ensuivent. Ces visions mélangées à la poésie et à la réalité sont une importante source d’inspiration.

Je suis également l’éditeur d’un zine français appelé La Voix de Satan (www.gloireasatan.com) pour lequel j’écris beaucoup d’articles et de recherches sur les thèmes du mysticisme, de l’ésotérisme et de l’occultisme. Cela joue certainement un rôle énorme dans mon évolution personnelle en tant que magicien pratiquant et parolier.

Notre bassiste et mon partenaire dans Haiku Funeral contribue également au processus d’écriture avec sa poésie satanique abstraite que j’assimile à mes propres visions et histoires.

Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?

Le sexe, l’alcool, la drogue et Satan m’inspirent beaucoup. Autrement dit la vie. L’inspiration se cultive et je trouve du bon engrais chez des auteurs comme Aleister Crowley, Alejandro Jodorowsky, Nikola Furnadziev, Robert Anton Wilson, Stanislaw Przybyszewsk, Anton LaVey, William S. Burroughs, Aldous Huxley, Terrance McKenna…

Quelle est ta piste préférée de l’album, et pourquoi ?

The dissolution and eternal extasy in the embrace of Satan. Ce morceau est un témoignage direct de mes sabbats. La musique et les paroles en décrivent parfaitement l’ambiance.

Comment est-ce que vous avez travaillé sur cet artwork ? Il retrace parfaitement le côté torturé de la musique du groupe.

Nous avons contacté quelques artistes qu’on apprécie et c’est Khaos Diktator Design qui a répondu à l’appel. On lui a demandé une messe noire psychédélique avec des gens nus qui dansent et le diable présidant le rassemblement. La référence principale était le “Sabbat” de Gustave Doré. Pour rendre cette scène moins cliché, Stefan/Khaos Diktator a eu cette idée tordue de serpents sortant du ventre de Satan. Il a vraiment réussi à capturer l’essence ésotérique de la musique et à la traduire dans son style distinctif, presque comme une peinture de la Renaissance.

Est-ce que vous prévoyez de sortir des clips autour de cet album ?

On en a l’envie, c’est le futur qui nous dira si on aura le temps.

Ça ressemblera à quoi un concert de Corpus Diavolis quand vous aurez le droit d’en refaire ? Vous allez jouer dans le noir vous aussi ? (rires)

Oui nos concerts ressemblent à ce qui se passe quand on reste dans le noir. Ceux qui sont à la lumière n’y voient rien, tandis que nous on voit tout. (pleurs)

Le confinement d’un musicien, ça consiste en quoi ? Beaucoup de musique avant tout ?

Le seul confinement qu’on vit est celui de la société de consommation qui se dévore elle-même. On n’avancera pas tant que le système économique et social dans lequel on vit, repose sur la stimulation systématique d’un désir de profiter de biens futiles et éphémères.

2021 a été très riche en sorties d’albums. Quel serait ton album de l’année ?

Il y en a quelques-uns: Le split SamaeLilith- A Conjunction Of The Fireborn, le dernier Ofermod – Mysterium Iniquitatis, Inferno – Paradeigma, Haiku Funeral – Drown Their Moons In Blood

Merci pour tes réponses et à bientôt au détour d’un concert !

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