Une belle soirée post s’annonçait en ce dimanche si proche de la Saint Valentin.
Deux groupes parisiens très talentueux, que je connaissais déjà depuis un petit moment, et un groupe hollandais prometteur !
POINT MORT
Je suis malheureusement arrivée un peu en retard, j’ai donc loupé les premiers morceaux de Point Mort. Alors que j’étais pourtant très impatiente à l’idée de les revoir tellement ils m’avaient fait bonne impression les fois précédentes…
La dernière fois que j’ai vu Point Mort sur scène, ça datait du Motocultor 2017, donc autant dire que c’était il y a un petit moment déjà. Cette année, ils sont d’ailleurs programmés au Hellfest, les félicitations sont donc de rigueur.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est leur prestation au Klub. Je m’approche de la scène et je remarque que beaucoup de fumée accompagne la musique organique du quintet parisien.
La voix de Sam est toujours autant impressionnante. Passant du guttural à des lignes de chants aériennes avec une aisance remarquable.
Le son est très bon et bien équilibré, même si j’aurai préféré la voix de Sam un peu plus haute dans le mix, car je la trouve malgré tout un peu noyée dans les guitares et la batterie.
Le groupe surfe sur des notes à la limite du dissonant et se donne à fond, l’un des guitariste et le bassiste descendent régulièrement de scène pour se mêler à la fosse. Même si je trouve dommage que le guitariste reste à 90% du temps dos à son public. Je sais que c’est l’esprit du post, mais je trouve ça dommage tout de même que ce dernier nous tourne le dos la plupart du temps du show.
Sam descendra elle aussi à plusieurs reprises dans la fosse. Mais elle, en revanche, créa un véritable lien avec son public. Beaucoup plus face à nous, elle installa un véritable contact visuel. Détail que je trouve important de mentionner car toutes les fois où j’ai pu voir Point Mort, je trouvais justement qu’il manquait ce lien entre le groupe et le public. Ils donnaient trop l’impression de jouer uniquement pour eux, comme s’ils se trouvaient en salle de répète sans le moindre public. Or, ce soir, je n’ai pas eu cette impression. Sam était très proche de son public.
La voix claire de Sam est de plus en plus envoûtante et ensorcelante, je reste une fan incontournable de son timbre. Quant à son chant saturé, il est d’une puissance déroutante.
Les lignes de basse sont très bien mises en valeur, elles sont riches et percutantes. Les parties rythmiques sont bien en place et ponctuées d’excellentes mélodies.
Les riffs sont d’une lourdeur incontestable et d’une efficacité sans pareil.
En fin de set, Sam, littéralement à genou sur le devant de la scène, hurle sur une très belle partie d’arpège aux guitares, elle nous chante sa complainte avec une voix saturée presque écorchée et sans micro ! On l’entend parfaitement bien, il faut dire qu’elle a du coffre la demoiselle.
Bilan pour Point Mort : Des morceaux organiques qui mettent en trans, une voix exceptionnelle, et un groupe un peu plus proche de son public comparées aux autres fois où j’ai pu les voir sur scène, donc que du Positif.
LASTER :
Passons maintenant à la découverte de ma soirée. Nous avons maintenant affaire à un groupe hollandais qui revendique faire de l’obscure dance music. Je dois avouer ne pas du tout connaître le groupe, j’ai donc écouté un de leur album avant de partir de chez moi, afin de me donner un aperçu de ce à quoi j’allais assister dans les bas fonds du Klub… J’admets ne pas vraiment avoir été séduite par ce que j’ai entendu sur album, mais j’attends tout de même avec impatience de voir ce que leur live va donner.
J’ai l’agréable surprise de découvrir un trio de zikos, tout de noir vêtus, arborant de très beaux masques à la fois flippants et malaisants. Je trouve qu’ils ont un petit côté Nosferatu personnellement. Avec en dessous des cagoules noires recouvrant tout le bas de leurs visages. Je ne peux m’empêcher à cet instant de me dire, que le batteur va souffrir le martyr en jouant la dessous…
Les lignes de basse sont vraiment impressionnantes, je dois avouer qu’en fait toute la partie rythmique est incroyable. Plus carré tu meurs, c’est à la fois technique mais au service de la musique, sans trop de démonstration. Ce trio a donc une partie rythmique en béton armé !
Les plans batterie sont vraiment top, avec quelques effets aériens à la guitare. Les voix sont un peu en retrait, c’est le guitariste qui est au chant lead, avec quelques appuies du bassiste. La voix du guitariste tantôt clean, tantôt black metal, est intéressante, bien que trop basse dans le mix à mon goût. Le bassiste joue au doigt, chose que j’apprécie particulièrement surtout vu la qualité de ses lignes de basse. Les deux musiciens de la section cordes ne manquent pas d’énergie et bougent comme de véritables possédés tout en assurant leurs parties respectives. Le groupe a avec lui leur propre ingé son, la musique étant très bien équilibré, cette dernière fait bien le taf, même si les voix mériteraient d’avoir un peu plus de volume.
Les compositions du groupe sont à la fois étranges, riches et groovy. Je comprends pourquoi le groupe proclame faire de l’obscure dance music, car effectivement leur breakdown et leurs plans rythmés nous donnent envie de danser de façon frénétique !
Le tout ponctué de quelques larsen parfaitement maîtrisés avant d’enchaîner sur un nouveau titre. Leurs riffs à la fois obscures et dansant retournera la fosse, comme hypnotisée.
Le bassiste bouge de plus en plus comme un diable sorti de sa boîte, (chose d’autant plus accentuée vu le masque qu’il porte) tout en assurant d’une main de maître ses parties basse très techniques. Le frontman descend en fin de set parmi son public et continue de bouger comme un forcené, comme en trans sur les parties hypnotisantes de leurs titres où la basse est encore une fois bien mise en valeur. Il hurle sans son micro (décidément c’est la soirée où les chanteurs nous montrent l’étendue de leur coffre) et nous ne peinons pas un seul instant à bien l’entendre. Le bassiste donnera le mot de la fin en remerciant chaleureusement les groupes et le public et en annonçant le dernier morceau de la soirée pour Laster. Quelques secondes après le frontman monte debout sur la grosse caisse de la batterie, sa guitare toujours à la main (je dois avouer que c’était impressionnant). Et Laster enchaîne avec son dernier morceau où les bpm sont un peu plus soutenus. Avec une voix black metal bien criarde pour accompagner le tout. Le trio clôt ensuite le concert en venant saluer le public au devant de la scène.
Bilan pour LASTER : Je n’étais pas convaincue par l’album que j’ai écouté chez moi avant de partir (même si j’avais de suite remarqué à quel point la basse était incroyable), mais au final ce que j’ai vu sur scène m’a complètement séduite. J’étais presque à me demander si le groupe que je voyais sur scène était le même que j’avais écouté plus tôt sur Youtube… Je tiens à faire une mention spéciale pour le batteur qui a tenu tout le set avec son masque et sa cagoule sans jamais faiblir, quel talent !
Je tiens aussi à dire que j’ai remarqué que la section corde n’avait pas de pedalboard de malade, juste 2, 3 pédales qui se battaient en duel, et pourtant leur son était oufissime ! (quoi ce mot n’existe pas? ben pas grave, je l’utilise quand même car il faut bien au moins ça pour décrire le son de malade que le trio hollandais nous a offert ce soir là !)
Bref, Laster est un groupe énigmatique et d’une efficacité incroyable à suivre de près et un groupe à voir absolument en LIVE !
PËRL :
C’est maintenant au tour de la tête d’affiche de la soirée de faire son show. Nous sommes donc en route pour un voyage initiatique plein de poésie en compagnie de Përl. Des lumières de feu sur le rythme organique du groupe. Aline enfourche sa guitare pour l’intro du morceau Himalaya issu de leur dernier album en date Luminance.
Aline est multi instrumentiste, au sein de Përl, elle chante, joue parfois de la guitare et elle s’occupe également d’ajouter quelques mélodies au clavier fortement appréciées.
Le guitariste et le bassiste (Bastien) dispose de pedalboad massifs et impressionnants, on comprend pourquoi leur son est aussi bon et travaillé…
Bastien est un bassiste vraiment très talentueux, il joue sur une cinq cordes et aux doigts. Ses lignes sont très techniques et d’une richesse indéniable.
Une très belle énergie se dégage de chacun des musiciens, il y a une véritable cohésion et complicité entre eux. De plus, le groupe est très généreux avec son public. Le quatuor semble en trans pendant leurs morceaux tellement ils se déchaînent sur scène.
Aline nous transporte à milles lieux d’ici avec sa voix authentique et ses magnifiques textes. Car en plus d’avoir des titres très bien composés, les textes sont en français. En général, je suis très difficile lorsqu’il s’agit d’un chant en français, c’est rare que j’apprécie. Mais Përl fait parti des rares groupes à m’avoir convaincu et à m’avoir impressionné à travers leurs paroles. Les textes sont d’une beauté incontestable et ont un véritable impact sur leur musique.
Le timbre de voix d’Aline est à la fois doux et épuré, parfois écorché et lorsqu’elle chante en saturé, on ressent toute l’émotion des textes et toute leurs profondeurs. La musique de Përl se ressent, se vit. Tantôt lourde, tantôt rapide, tantôt groovy, toujours organique, c’est de la poésie pour les oreilles. J’apprécie également beaucoup le côté tribal ressenti dans les plans batterie.
Les lignes de chant sont quelques fois aériennes et j’ai été surprise d’entendre des couplets presque rappé au cours du titre Parenthèse 56 issu de l’album R(a)ve paru en 2013. D’ailleurs ce morceau commence par une prose déclamée par Aline, qui démontre encore une fois la force des mots de la chanteuse.
Des frissons parcourent ma colonne vertébrale en entendant les morceaux de Përl, leur univers est tel un volcan en pleine effusion, tellement d’émotions se dégagent de leur musique et de leur prestation ce soir…
Le son de la guitare est cristallin, les plans de batterie sont très efficace sans parler du fait que Thibault derrière ses fûts est un batteur très visuel. A plusieurs reprises, celui ci s’est même mis à jouer debout en frappant sur ses tomes.
Pendant le titre Séléné, j’aperçois plusieurs personnes du public chanter les paroles en choeur avec Aline. Morceau sur lequel est sorti un superbe clip récemment (que je vous conseille grandement de visionner). Le public est très réactif, et frappera plusieurs fois dans ses mains, sans compter les “hey” scandés pour soutenir la partie rythmique de certains morceaux.
Le groupe nous offrira même un rappel en nous jouant le titre “je songe” et c’est ainsi que s’acheva leur prestation très réussie.
Bilan de Përl : Un groupe généreux qui offre des centaines d’émotions différentes sur un plateau d’argent. De la musique à la fois forte et mélancolique, accompagnée par une chanteuse charismatique dont les textes peuvent vous retourner le coeur et le cerveau…
Si vous n’avez pas encore écouté leur dernier album, je ne peux que vous conseiller de foncer le découvrir. C’est de la beauté à l’état brute.
Résumé de la soirée :
Trois groupes très intéressants et très talentueux. A voir absolument en live !