Waiting For Miracles – The Flower Kings

The Flower Kings est un groupe de rock progressif suédois fondé dans les années 90 par le guitariste et chanteur Roine Stolt. Ce talentueux musicien nous est tout droit issu des meilleures années du prog’, c’est-à-dire les 70’s. Les influences sont nombreuses et toutes d’une qualité que personne n’oserait remettre en doute : Pink Floyd, Vangelis, The Beatles, Cream, ABBA, King Crimson, Procol Harum, David Bowie, Yes… Bref, que du beau linge ! Parallèlement à sa carrière avec The Flower Kings, Stolt collabore ou a collaboré avec les plus grands noms de la scène rock progressive. Citons entre autres Jon Anderson (Yes), Neal Morse, Mike Portnoy, Pete Trewavas (il a formé avec ces 3 derniers le super groupe Transatlantic) ou encore Steve Hackett de Genesis. Depuis le milieu des années 90, Roine Stolt et son groupe de super musiciens The Flower Kings produisent donc des albums de haute volée et totalement imprégnés de l’esprit prog’ rock des 70’s. Intéressons-nous donc à ce Waiting For Miracles dont la date de sortie est prévue pour le mois de novembre.

Avant toute chose, il est peut-être utile de rappeler que tout bon album de prog’ qui se respecte comprend la plupart du temps des compositions souvent longues, étirées, très instrumentales et multi-facettes. Waiting For Miracles ne fait pas exception à la règle. Avec 2 CD’s pour une durée totale de 84 minutes et 56 secondes, si vous êtes réfractaire au style, pas la peine de vous torturer ! Vous pouvez passer votre chemin. Pour les autres, si l’aventure vous tente, ouvrez grand vos oreilles !

CD 1

House of Cards est une forme de prélude joué principalement au piano et qui introduit le véritable premier titre de l’album : Black Flag. D’une durée de 7 minutes et 42 secondes, ce morceau varie les ambiances, tantôt électriques, tantôt planantes notamment dans son dernier quart. D’entrée de jeu, on y note le joli travail des voix, le son de basse qui ressort du mix de manière très audible et bien entendu l’étendue de la place accordée aux guitares. Roine Stolt s’en donne à coeur joie ! Les claviers ne sont pas en reste avec ce fameux son d’orgue Hammond. Black Flag m’a cependant donné le sentiment d’introduire lui-même le titre qui allait suivre. Cette impression est certainement dûe à son côté relativement lent et très séquencé. Si le titre procure un certain sentiment d’euphorie à son écoute, cette sensation se renforce dès l’introduction de son successeur : Miracles For America. Nos chères oreilles se délectent immédiatement des sonorités d’un orgue Hammond avant que la chanson ne débute véritablement. Et celle-ci se révèle très entraînante ! Il faut attendre d’être parvenu à la moitié de sa longueur (qui est de 10’03” tout de même !) pour que les Suédois nous guident vers un break plus atmosphérique. Le dernier quart est plus nuancé avec le jeu des guitares, de la basse, des claviers… Une bien belle compo qui nous laisse présager du meilleur quant à la suite de l’album. Et avec Vertigo, le véritable coeur de Waiting For Miracles est atteint. Dès l’intro, nous avons affaire à un enchantement auditif. La basse de Jonas Reingold est splendide. Définitivement, le son d’une fretless procure des frissons uniques ! Les solos de Stolt sont bien entendu superbes, tout comme le travail du chant et des choeurs. Aucun mot ne peut retranscrire de manière précise et fidèle ce que l’oreille ressent. C’est tout simplement du grand art ! Un titre plus prog’ que prog’ et très différent de ses 2 prédecesseurs. Vertigo est bien plus atmosphérique. Le break présente des ambiances à la Pink Floyd avec de très longues plages instrumentales et planantes. Bref, une compo à découvrir absolument pour tout amateur de rock progressif qui se respecte. On en redemande ! Selon un format plus “chanson”, The Bridge et son intro au piano est un bien joli morceau sur lequel le chant vient nous caresser les oreilles. C’est un titre acoustique et tout doux, du moins dans sa première partie. On y note d’ailleurs des arrangements de violons. Et puis bam ! Les guitares électriques arrivent accompagnées de la batterie, de la basse et de l’orgue Hammond (instrument phare sur l’album) et nous avons droit à un énorme final instrumental et d’une grande beauté. Impossible d’écouter un tel titre sans en avoir des frissons. À moins d’avoir des oreilles en carton pâte… Les solos de guitare y sont à pleurer. Un titre fort (TRÈS fort !) de l’album et conclu par ces quelques mots chantonnés en toute fin : “Waiting For Miracles”, le titre de l’album donc. De nouveau un changement d’ambiance avec Ascending To The Stars qui fait de suite songer à la B.O. d’un film de Tim Burton. La compo, entièrement instrumentale, est très séquencée et regorge d’arrangements de cordes (et pas que celles d’une guitare électrique !), le tout dans une atmosphère assez étrange et qui s’accomoderait à merveille avec un film d’animation fantastique. Original et surprenant ! Retour à un rock progressif plus classique avec Wicked Old Symphony. La compo, loin d’être inintéressante, se révèle toutefois un peu conventionnelle et ce jusque dans le choix de la mélodie de chant. Les Suédois nous ont tellement fait voyager depuis le début de ce Waiting For Miracles que l’on a soudainement le sentiment d’avoir davantage affaire ici à une petite escale de transition. Incroyable intro que celle de The Rebel Circus (on y perçoit même des barrissements d’éléphant !) avant que le titre ne débute véritablement. On reste alors dans un rock progressif de jolie facture et entièrement instrumental faisant la part belle aux guitares. Ceci dit, la compo est très loin d’être aussi haletante qu’une petite merveille comme Vertigo. Avec Sleep With The Enemy, le chant refait son apparition. On peut donc noter à quel point The Flower Kings a souhaité varier les ambiances d’un titre à l’autre en nous proposant des compos tantôt uniquement instrumentales et tantôt davantage construites sous forme de chansons. Et ce Sleep With The Enemy fait définitivement partie du second panier. Malheureusement, on ne peut pas dire qu’elle soit inoubliable. Sympa, certes. Mais sans plus. Encore une fois, la mélodie vocale n’a rien d’exceptionnel. Ce premier CD se termine avec le titre The Crowning Of Greed. Le schéma est ici à l’inverse d’une chanson comme The Bridge : la première partie est purement instrumentale et la seconde comporte du chant (certes, très peu !). Néanmoins, si The Bridge s’avère particulièrement réussie et envoûtante, The Crowning Of Greed ne l’est pas franchement. Ce premier CD se termine donc de façon moins passionnante qu’il n’a commencé. On se demande ce que nous réserve la seconde galette.

CD 2

Et le premier titre du second chapitre débute par une… Reprise ! Hé ! Hé ! Mais il n’en a de reprise que le titre puisque son nom est House Of Cards Reprise. En réalité, il s’agit d’une version plus électrique et plus rythmée du même morceau figurant au début du CD 1. Très courte, celle-ci débouche ensuite sur Spirals, un titre aux sonorités plutôt modernes dans ses arrangements puisqu’électros. L’ensemble est surprenant car très différent d’un rock progressif classique tel qu’il nous a été présenté par le groupe sur le premier CD. On a d’ailleurs davantage affaire à un remix de Miracles For America (sur le CD 1) dont on y perçoit des bribes de paroles. Déroutant… Avec Steampunk, l’auditeur se dit qu’il recroise enfin la route de nos amis suédois ! Les sonorités y sont effectivement plus familières. Ceci dit, reste toujours en suspens ce “je ne sais quoi” de modernité qui dénote par rapport aux compos du premier CD. Indéniablement, ce second disque montre une facette bien plus expérimentale dans son approche. Et ce We Were Always Here qui suit ne fait que le confirmer. Comme si le premier CD avait été enregistré dans les années 70 et le second dans les années 80. Busking At Brobank clôture le nouvel album des Flower Kings. Il s’agit d’un tout petit titre acoustique sonnant comme un vieux bootleg capté dans un bar. Bref, tout ceci se termine un peu en queue de poisson et on finit par se demander quel intérêt il pouvait bien y avoir à sortir ce deuxième CD. Car d’intérêt à proprement parler, celui-ci n’en comprend pas des tonnes…

The Flower Kings aime à nous faire revivre l’esprit de ce bon vieux rock progressif des années 70. Et il y parvient à merveille, tout en laissant la voie ouverte à des sonorités plus modernes et inattendues. Si vous aimez un groupe comme Yes par exemple, vous ne serez pas dépaysés car force est de constater qu’on est amené à y songer. Et plutôt dix fois qu’une ! Une influence évidente. Bien entendu et comme je le précisais en début de chronique, Waiting For Miracles est un (double) album réservé aux amateurs du genre. Vous le trouverez peut-être au rayon “Metal” de votre disquaire mais on est ici à des années lumière de groupes tels que Metallica, Volbeat, Slipknot ou autres ! L’album en lui-même m’a laissé un goût un peu amer, notamment quant à la seconde partie du premier CD et la totalité du deuxième que je juge assez anecdotique. En revanche, j’ai été grandement emballé par la première grosse moitié du CD 1, avec des compositions de la trempe de Miracles For America, Vertigo (indéniablement un des meilleurs titres de l’album), The Bridge (véritable joyau) ou encore le surprenant Ascending To The Stars. Disons qu’à eux-seuls, ces titres-là justifient l’achat de l’album. N’oublions pas que nous avons affaire ici à des musiciens de grand talent et que “même quand c’est un peu moins bien”, ça reste largement au-dessus de nombre de saloperies (excusez du terme !) que l’on tente de nous faire écouter sur nombre de radios quand bien même ce serait comparable (ce qui n’est pas le cas la plupart du temps). Bref pour résumer, si vous aimez le prog’ des années 70 / début 80, vous pouvez y aller les yeux fermés et les oreilles ouvertes. En revanche, si vous ne savez écouter rien d’autre que du grindcore ou du death metal, vous risquez d’être déçus !

Waiting For Miracles
The Flower Kings
Inside Out Music
2019

 

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