Doctor Who : Resolution – Chris Chibnall

Le Docteur et ses compagnons découvrent les fêtes du Nouvel An dans l’univers quand une alarme se déclenche à bord du TARDIS. Une nouvelle menace pèse sur la Terre. Un ancien ennemi est de retour et le Docteur va devoir l’empêcher d’asservir notre planète.

Resolution est le premier spécial de l’ère Chibnall, ces épisodes dédiés à des moments particuliers de l’année, ici Nouvel An. Pour l’occasion, le scénariste a promis du fun, de l’épique, bref un retour aux sources. On peut se réjouir qu’il n’ait pas menti.

Pendant que le TARDIS est en goguette, deux archéologues déterrent les restes d’un corps vieux de mille ans. Entre ses mains, un ancien artefact pourrait bien venir d’une bataille légendaire de l’époque. Mais il devient vite évident que, dans cet objet, quelque chose a survécu aux siècles qui ont passé.

Sur ce pitch résolument épique-fauché, on annonce directement la couleur et, après un démarrage assez lent, l’épisode va nous donner ce que le spectateur attend.

D’abord, Résolution propose une conclusion à une sous-intrigue de la saison 11 autour de la relation entre Ryan et son père. C’est la partie la moins intéressante et la plus longuette de l’épisode, car malgré les efforts louables de Chibnall pour développer le personnage joué par Tosin Cole, cette partie aurait mérité un jeu moins plat et un enjeu moins téléphoné qu’une résolution de trauma en cinq minutes. Dommage, on a connu le showrunner plus inspiré dans l’écriture des drames qui touchent ses héros.

Autre partie, bien plus jubilatoire, parle de la contamination d’une archéologue, Lin (Charlotte Ritchie en roue libre), par la terrible menace du jour. Le monstre, sorte de pieuvre tentaculaire à un œil, prend possession de son hôte violemment. On découvre que l’ennemi est un Dalek, l’espèce extraterrestre historiquement ennemie du Docteur. Rapidement jouissif, l’asservissement du personnage donne lieu à quelques scènes prenantes (la découverte façon les Ombres dans Babylon 5, la reconstruction de l’armure) ou drôles (la rencontre avec les policiers) qui dynamisent immédiatement l’épisode.

Cette réintroduction d’un méchant classique montre que Chibnall maîtrise très bien les codes de la série et qu’il peut facilement se les approprier. Elle redonne aussi des lettres de noblesse à des Daleks pas forcément à la fête ces dernières saisons : un seul d’entre eux suffit à représenter une menace crédible.

Cette démarche nous change du traitement ridicule mené par Moffat (on se souvient amèrement de ses Daleks Bioman) et revient, dans l’esprit, aux épisodes de Russell T. Davies.

Chibnall a surtout compris que les Daleks sont la meilleure menace pour faire du Docteur un héros. En effet, le décompte de morts est très important dans Resolution, obligeant le Docteur à se positionner en défenseur de l’humanité.

Jodie Whittaker continue son exploration du rôle et s’affirme dans quelques scènes décisives, notamment sa scène de face à face avec le Dalek ou celle dans le centre de télécommunications. Elle assure aussi l’équilibre comédie/drame, notamment grâce à des punchlines bien écrites. Bref, elle est le centre de l’épisode et met en avant, pour la première fois depuis longtemps, le TARDIS, qui a droit à un temps de présence décuplé à l’écran. Ajoutez-y quelques références bien senties à l’univers (UNIT) et vous obtenez un très bon épisode.

C’est sans doute l’épisode le plus personnel écrit par Chibnall depuis sa prise de fonctions. On y retrouve sa propension à tuer beaucoup de monde (sur la bataille avec les militaires par exemple) tout en jouant une carte réaliste et torturée, plus sombre (l’asservissement de l’archéologue est un modèle). Il introduit aussi une dose d’ironie, encore peu subtile, que le spectateur prend en pleine face sur deux séquences : celle des déboires financiers de UNIT ou celle de la famille après la panne de Wi-Fi. C’est mieux fait que dans l’épisode Arachnids un the UK – avec son Trump d’opérette – et contribue à la réussite de l’ensemble.

Dommage que le succès du scénario pâtisse encore de quelques défauts de production. En vrac, on remarquera que le budget est encore à la ramasse, et ça se voit particulièrement dans les endroits vides et les rues désertées ; les effets spéciaux sont soignés, mais surtout quand ils sont en dur ; la musique de Segun Akinola est bien plus présente, mais elle se foire totalement sur les Daleks : comparer son thème en trois notes basique à la marche implacable de Murray Gold provoque une sévère déprime. Il faut espérer que ces défauts-là ne perdureront pas pour la saison 12.

Conclusion

Resolution fonctionne comme un épisode de conclusion à la saison 11 et comme une grosse dose de fun et d’épique, un retour bienvenu aux fondamentaux qui nous ont fait apprécier la série. L’objectif de réintroduction de l’univers est toujours là, il est réussi et l’ensemble parvient à associer de manière satisfaisante les obsessions de Chris Chibnall avec ce qu’on aime dans Doctor Who. Il faut espérer que la suite continuera sur ce chemin.

Doctor Who : Resolution

Un épisode spécial écrit par Chris Chibnall

Avec Jodie Whittaker, Bradley Walsh, Mandip Gill, Tosin Cole, Sharon D. Clarke

BBC

Diffusée en France bientôt (on l’espère!) par France 4 et Pluzz

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