Tales From Eternal Dusk – Dark Fortress

Fondé en 1994 en Allemagne, le groupe de black metal symphonique Dark Fortress a pourtant longuement attendu avant de délivrer son premier album. Non pas qu’il soit resté inactif entre-temps (une démo en 96, suivie du split-album Towards Immortality avec Barad Dûr l’année suivante), mais il s’est donné le temps de travailler plutôt que de se précipiter et échouer à offrir un album à la hauteur de ses ambitions. C’est donc à l’automne 2001 que Tales From Eternal Dusk arrive enfin dans les bacs.

L’album s’ouvre sur des chœurs religieux faisant écho à son artwork pourpre, auxquels succèdent rapidement une nappe inquiétante de claviers et une voix démoniaque. Puis le premier riff de Pilgrim Of The Nightly Spheres lance les hostilités. Ce qui frappe après quelques minutes d’écoute, c’est à quel point les mélodies sont familières. Pour quiconque a écouté Storm Of The Light’s Bane de Dissection ou Nemesis Divina de Satyricon, les similitudes sont difficiles à ignorer. C’est pourtant de Dimmu Borgir que Dark Fortress semble tirer l’essentiel de son inspiration : outre le nom du groupe (“dark fortress” étant la traduction anglo-saxonne de “dimmuborgir”, du nom d’une formation volcanique située en Islande), le chant d’Azathoth est très proche de celui de Shagrath. On est cependant loin des orchestrations épiques de Puritanical Euphoric Misanthropia, sorti quelques mois plus tôt. Si les claviers sont bien présents, ils ne prennent pas une place prépondérante dans la composition et se contentent de tisser une toile de fond lugubre et mystérieuse. La trilogie Immortality Profound, en milieu d’album, agrémente l’écoute de samples de bataille médiévale, avec force cris, chocs de lames et hennissements paniqués, qu’on croirait sortis d’une scène de Braveheart – ce qui, soit dit en passant, est probablement le cas ! Le titre éponyme, le plus long de l’album avec plus de 8 minutes au compteur, démontre le talent de Dark Fortress pour plonger son auditeur dans un imaginaire typique du black metal : nocturne, froid et grandiose.

Au terme des 52 minutes que compte l’album, l’impression est partagée. Tales From Eternal Dusk est bien produit et suit fidèlement les formules qui ont fait le succès de ses illustres prédécesseurs scandinaves. À ce titre, on peut voir cette première entreprise comme la copie d’un élève studieux et appliqué, qui a bien révisé ses classiques. Hélas, c’est aussi le défaut majeur de l’album, qui au final reste très générique et ne propose rien de neuf. C’est d’autant plus frustrant quand on se souvient qu’il ne précède que de quelques jours Prometheus : The Discipline Of Fire & Demise, le quatrième et dernier album d’Emperor. Sans chercher à minimiser les qualités de Tales From Eternal Dusk, on ne peut que regretter qu’après six années à préparer ce premier album, Dark Fortress n’ait pas cherché à prendre plus de risques dans la composition en y ajoutant une touche personnelle capable de donner au groupe une identité propre. “Bien, mais peut mieux faire encore”, aurait pu juger un professeur de black metal. Et fort heureusement, Dark Fortress a bien retenu la leçon depuis, chaque nouvel album surpassant le précédent. Mais c’est une autre histoire…

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