Venom – Ruben Fleischer

Eddie Brock, journaliste subversif et provocateur, tombe lors d’une enquête sur un organisme inconnu. Le “parasite” décide d’élire domicile dans son corps.

Quand un ami m’annonce il y a quelque temps la sortie de Venom, seul, je me suis d’abord dit “wow trop cool, un film sur un super vilain!”. Après j’ai flippé, Marvel et moi… c’est un désamour latent. Hum. Qu’allaient-ils bien pouvoir trouver pour faire un film sur le super vilain, sans son homologue gentillet: Spiderman. Quelle ne fut pas ma surprise, en voyant arriver dans le rôle le très graouuuuu Tom Hardy. Mais qu’est ce qu’il fait là lui??? Il semblerait que son fiston soit un fan inconditionnel du personnage. Bon, c’était plutôt une bonne surprise à vrai dire, surtout que globalement, il est assez compliqué de jouer un être “habité”. Sachant que le film est produit par Columbia Pictures en association avec Marvel et Tencent Pictures et distribué par Sony, j’avais espéré passer un peu outre les poncifs pénibles de Marvel, à savoir, les bons sentiments à outrance, la bien-pensance et les scènes un peu mielleuses, que j’exècre dans tous les films de la franchise. Ruben Fleischer à la réalisation était aussi une bonne nouvelle (j’ai tellement adoré Zombieland que je ne peux que trouver cool qu’il soit là). Une autre présence m’a fait dire que c’était une bonne idée : Riz Ahmed. Cet acteur anglais originaire du Pakistan est un vrai régal dans la série The night of, si vous ne connaissez pas et que vous aimez les polars, foncez !

Mais revenons à nos moutons. Enfin, à notre parasite.

Eddie Brock (Tom Hardy, donc) est un journaliste à succès, qui enchaîne les reportages sensibles sous la houlette de sa direction. Il semble particulièrement apprécié par son chef, ses collègues, sa femme, le public… bref, tout le monde. Ce matin, le grand manitou l’envoie interviewer le très célèbre Carlton Drake (Riz Ahmed), entrepreneur à la pointe de l’innovation médicale, qui possède des millions et un laboratoire de recherche ultra spécialisé dans la recherche. Eddie voit par inadvertance un mail accusant Drake d’expérimentations humaines pas vraiment autorisées. Il décide de faire son entretien à sa manière, étant reconnu pour appuyer là où ça fait mal. Il échoue lamentablement et se retrouve immédiatement mis au placard de sa propre vie. Il perd son job, sa femme et toute perspective d’avenir. Un jour comme un autre, il fait ses courses quand une femme l’aborde. C’est une des scientifiques qui travaille pour Drake. Elle souhaite dénoncer les expériences interdites de son patron, car elle commence à avoir peur pour sa famille. Il finit par accepter et la femme le conduit dans le laboratoire de recherche où il rencontre Venom. Venom est un organisme extra terrestre, un symbiote, qui a besoin de parasiter un autre être vivant pour survivre. S’en suit une histoire tout à fait conventionnelle de héros malgré lui qui sauve des gens, en tue d’autres. Rien de très original donc. L’histoire peine à décoller vraiment, mais globalement tout est relativement censé et classique. Nous sommes face à un film américain typique, avec son lot de bons sentiments, de bien-pensants et mièvrerie (contrôlée celle-là!). Caramba ! Encore raté !!!

Ce n’est qu’un divertissement et non pas une plongée dans l’enfer d’un super vilain comme je l’avais espéré. Par contre, dire que c’est mal présenté serait faux. Tous les ingrédients indispensables pour un « bon » film américain de Marvel y sont. Amour, argent, bataille du bien contre le mal, trahison, humour, liberté, égalité, choucroute… heu… non pardon, je m’égare.

En attendant, le rythme est parfaitement maîtrisé, on ne peut pas dire que c’est trop ou pas assez, ce serait mentir. Ce film est amusant, il ne lasse pas, et les scènes d’action sont bien gérées et équilibrées dans le temps. Les effets sont réussis, comparativement aux autres Marvel, je n’ai rien à dire. J’ai été d’ailleurs étonnée de voir à quel point ils avaient réussi à fusionner les humains et les symbiotes, et contrairement à beaucoup de mes contacts, j’ai trouvé la dernière scène particulièrement graphique. Elle est imagée au possible et nous donne, du coup, un vrai support visuel de la fusion active des protagonistes. J’ai beaucoup aimé, les ralentis et autres effets de style qui permettent, à mon sens, d’apprécier le jeu des acteurs et la maîtrise de l’ordinateur. Les acteurs ont livré une performance excellente, Tom Hardy luttant contre lui-même, et Riz Ahmed étant à la fois bienveillant et totalement dénué de toute empathie. Ces ambivalences leur vont à ravir.

Il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas Spiderman. Et bien non. Pourquoi y serait-il au final ? Le personnage est apparu bien avant sous le nom de Symbiote #998, souhaitant créer un lien fusionnel avec son hôte au lieu de le parasiter. Certes il a été libéré suite à une mission de Spiderman (et d’autres) sur une planète lointaine, mais je me dis que l’origine dans le film n’est pas si idiote que ça. Il pourrait très bien y avoir plusieurs « souches » de symbiotes identiques ou presque. Il n’est pas non plus un super vilain, globalement. En jeu de rôle, l’alignement de ce personnage serait chaotique neutre. Il n’agit que pour sa survie. Alors voilà, ici il agit plus ou moins selon sa « conscience ». Ce qui le place d’emblée dans le camp des héros plutôt que des méchants, calculateurs et violents. A mon grand regret.

N’oublions pas que c’est une adaptation, et comme je le dis souvent, l’adaptation est une réécriture d’un personnage/histoire à la convenance d’un script, et basé souvent sur un tout petit détail. Il est à déplorer que de film de super vilain, ça ait dévié en buddy movie (Venom et Eddie sont tous les deux des loosers, qui ensemble, arrivent à leurs fins), puis en film de super héros. C’est à mon humble avis, le plus gros loupé de ce film.

En conclusion je dirai que Venom est un film pour enfants, bien maîtrisé. Je ne me suis pas ennuyée et si l’on passe sur le Spiderman-gate, il est extrêmement honorable. L’humour est présent enlevant encore un peu plus le glacis de violence ou de glauque, qu’il aurait pu y avoir. C’est dommage et en même temps très prévisible de la part du réalisateur. En attendant, s’il le fallait, je re-regarderais plus volontiers Venom que Deadpool.

Venom

réalisé par Ruben Fleischer

avec : Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed

Columbia Pictures

One thought on “Venom – Ruben Fleischer

  1. Je l’ai vu hier soir. Alors oui, ça se laisse regarder…mais ça aurait pu être tellement mieux. Dommage.

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