Nous voici de retour au cœur du métro moscovite, alors que le monde au-dessus est en ruines, dévasté par les radiations datant de vingt ans auparavant. Le personnage d’Artyom a déjà su, à travers deux premiers tomes, convaincre les lecteurs qui ont suivi ses pérégrinations au cœur d’un métro moscovite devenu seul îlot de survie de l’humanité. Mais est-ce réel ? Bienvenu à nouveau à VDNKh pour découvrir ce qu’il en est…
- Station VDNKh. Artyom y est retourné vivre. C’est un héros brisé, obsédé par l’idée que c’est à la surface qu’est le salut de l’humanité. Les Noirs anéantis, un souvenir le taraude, celui de la voix qu’il a entendue sur une radio militaire, deux ans plus tôt, quand il était au sommet de la tour Ostankino avec les stalkers. Aussi, depuis son retour, remonte-t-il quotidiennement à la surface, escalade des gratte-ciel en ruines, pour tenter d’entrer en contact avec d’autres survivants. Tenu pour fou, la risée de certains, Artyom sombre peu à peu jusqu’à ce que l’arrivée d’Homère bouleverse la situation : le vieil homme qui n’a de cesse que d’écrire son Histoire du métro, prétend en effet que des contacts radio ont déjà été établis avec d’autres enclaves…
Le lecteur retrouve Artyom, le héros des deux précédents romans, Metro 2033 et Metro 2034, pour son plus grand plaisir. De retour à VDNKh, en compagnie de son épouse, il est en un an devenu complètement obsédé par un bref message radio capté à la fin du premier opus et provenant a priori de survivants d’une autre ville. Passant pratiquement pour fou, aussi bien auprès de ses contemporains que du lecteur par moment, il va parcourir à nouveau le métro moscovite sur les traces de ses chimères, notamment avec un certain Homère.
Dmitry Glukhovsky nous propose de nouveau un roman d’une densité impressionnante (608 pages) proposant une aventure purement et simplement grandiose, un épilogue de toute beauté à sa saga métropolitaine. Replonger dans les ténèbres des tunnels à la suite d’Artyom est un pur plaisir et de nouveau nous sont dépeints toutes les facettes de l’âme humaine. On y retrouve donc le 4e Reich, les communistes de la Ligne Rouge, les marchands de La Hanse, mais aussi la station-bordel ou encore celle qui fut pratiquement engloutie. Pour reprendre une phrase issue d’un autre univers post-apocalyptique qui s’adapte également à l’univers Metro 2033 : « La Guerre, toujours la Guerre… ». Car oui il va encore nous être raconté une facette de l’histoire du métro mettant en avant de nouveaux et anciens conflits, montrant que l’homme passera son existence à se battre pour la moindre suprématie.
L’un des points forts de cet auteur est également de savoir proposer une galerie de personnages absolument étonnante : d’Artyom en héros qui n’en est pas un, à Homère, en passant par Melnik, Anna, Sacha, ou encore le broker, chacun d’eux est unique, se promène dans les tunnels du métro avec son histoire tout en participant à la grande histoire du métro. Qu’il s’agisse de leurs caractères, de leur passé, ou encore de leur avenir au fil du roman, Dmitry Glukhovsky les dépeint avec un talent rare, comme un ensemble d’aquarelles des destins du métro de Moscou.
Metro 2035, tout comme le reste de la série, est un roman excessivement social. En effet on y retrouve tous les aspects de la société humaine, des plus vils aux plus glorieux, on voit se développer sous nos yeux une histoire qui vient se placer au cœur d’une société établie, qui fonctionne tant bien que mal, et qui n’a peut-être pas envie d’évoluer en-dehors d’elle-même. Véritable critique de l’esprit russe je pense, ce roman et surtout sa conclusion m’ont proprement convaincu une nouvelle fois, si cela était encore nécessaire, est un de ces grands auteurs de science-fiction capables de développer un scénario passionnant tout en offrant une critique sociale forte.
Avec ce dernier roman de la saga Metro 2033, Dmitry Glukhovsky nous propose une conclusion en apothéose. Cet univers dont de nombreux auteurs se sont emparés, le développant selon leurs propres idées, va pouvoir continuer à s’étendre et nous montrer ce qu’un monde détruit par les bombes de la folie des hommes peut devenir…
Metro 2035
Dmitry Glukhovsky
L’Atalante
27 €