La Vénus à la fourrure – Roman Polanski

 

Thomas, auteur d’une adaptation théâtrale de La Vénus à la fourrure, a passé sa journée à auditionner des candidates pour le rôle titre. En vain. Il n’aspire plus qu’à rentrer chez lui lorsqu’arrive Vanda, une jeune femme décomplexée qui le supplie de lui donner sa chance. Thomas refuse de prime abord, comprenant rapidement que cette candidate extravertie et débridée au vocabulaire familier bourré de tics de langage ne peut interpréter une héroïne élégante et distinguée. Mais face à l’insistance de Vanda, il finit par se laisser convaincre… pour sa plus grande surprise : Vanda incarne le rôle titre avec une justesse presque effrayante…

Ce film m’intéressait pour deux raisons : il a été réalisé par Roman Polanski et se déroule dans le huis clos du théâtre.

J’ai immédiatement été happée par l’histoire. Le jeu des acteurs, qui ne sont en tout et pour tout que deux, y est pour beaucoup.
Mathieu Amalric est très convaincant en auteur intellectuel d’abord un rien condescendant, qui se laisse lentement prendre au piège de sa partenaire.
Emmanuelle Seigner passe en un clin d’œil et avec une facilité déconcertante de la Vanda candidate et débridée à l’aristocrate élégante.
Nos sentiments à son égard évoluent d’une façon subtile au fur et à mesure du film : on commence par la trouver un peu trop directe, sans trop comprendre comment elle a atterri là. Puis sa détresse, sa spontanéité nous touchent, et comme l’auteur on a envie de lui donner sa chance. Sa sensibilité d’actrice et la finesse avec laquelle elle analyse son personnage nous la révèlent attachante et séduisante. Plus le temps passe et plus elle devient mystérieuse puis inquiétante, et les questions à son sujet s’accumulent : comment Vanda incarne-t-elle si parfaitement ce personnage ? Par quelle mémoire prodigieuse en sait-elle la moindre réplique alors que le scénario n’a pas été diffusé ? Pourquoi connaît-elle tant de détails sur la vie de Thomas ? En quelques mots, qui est-elle ?

 

Tout le film se joue sur cette progression subtile de Vanda, sur l’évolution de la relation entre les personnages qui bascule et se retourne au fur et à mesure d’un jeu un peu pervers mais toujours maîtrisé. Alors que Thomas semble d’abord mener la danse, lui qui, en théorie, a le pouvoir de lui offrir ou non le rôle, Vanda prend cette place avec un aplomb déconcertant et exerce une telle fascination sur l’auteur qu’elle en devient celle qui domine et non plus celle qui demande…
L’atmosphère s’intensifie petit à petit, la pression monte en même temps que l’angoisse. J’imaginais un huis clos assez classique, mais plus on avance et plus on doute de Vanda et de sa véritable nature. Vient le moment où le fantastique s’invite subrepticement, presque sans qu’on s’en rende compte : cette jeune femme est si étrange qu’on en vient à se demander si elle est véritablement humaine…
Le réalisateur jour avec nos nerfs jusqu’à un final qui se révèle aussi étonnant que Vanda.

J’ai été captivée par ce film, qui renoue avec les anciens Polanski, ce que j’ai particulièrement apprécié.

La Vénus à la fourrure
De Roman Polanski
Avec Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric

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