Le Foyer

Ô Dieux ennemis !

Dernière gamme en date des XII Singes, Dieux ennemis est la traduction / adaptation du jeu Ennemy Gods de John Wick. Pour sa publication française, l’éditeur a décidé de le présenter sous la forme de pack – à la façon de Tenebrae par exemple.

Outre la traduction du jeu-concept américain, ce pack comportait également un univers original – le Monde –, hélas assez peu développé. D’un abord original (une sword & sorcery dans un empire dont ne subsistent que l’armée et l’administration), il ne pouvait guère acquérir de profondeur en un seul livret de trente deux pages…

Mais comme toujours avec les XII Singes, les gammes se construisent dans la durée : Dieux ennemis ne fait pas exception à la règle et des suppléments centrés chacun sur un dieu et une contrée du Monde étaient prévus dès l’origine du projet.

Le premier (le Foyer)vient de sortir et il est consacré à Manna Renay et au Yerval. Sans surprise, il arbore la forme désormais connue et bien appréciée d’un pack, à l’instar du jeu de base : une chemise (dont le verso est un carte du pays traité) entoure ainsi trois livrets. Une présentation pratique à l’usage qui a déjà fait ses preuves avec Tenebrae (mais aussi le jeu de base de Wastburg).

 Déesse amie

Manna Renay est la déesse du Foyer (qui donne son titre au supplément) et donc de tout ce qui s’y rattache : la famille, les enfants, la nourriture (et par extension la nature), etc. C’est une déesse plutôt bienveillante tant que l’on respecte son domaine de prédilection.

Le Livret de Manna Renay lui est ainsi consacré. On y apprend la façon dont chaque pays du Monde la vénère à sa façon, on y lit la description des différents lieux qui lui sont consacrés, on y découvre l’organisation et la liturgie de son clergé, on y fait connaissance avec ses représentants les plus fameux, etc. C’est très exhaustif sans pour autant se perdre dans les détails. La religion de Manna Renay sonne réellement juste grâce à quelques choix judicieux (dont l’importance de la symbolique : le lait, la nourriture, les enfants…) et ajoute ainsi de la profondeur au background du jeu. Des objets sacrés et de nouvelles bénédictions de la déesse sont également fournis. Le livret se conclut alors sur une règle optionnelle intéressante : comment traiter d’autres aspects du jeu en utilisant les règles d’affrontement. Ici, c’est la traversée d’un marais dangereux qui sert d’exemple et l’idée est plus que bien trouvée ! C’est une mécanique simple, pratique et élégante qui réutilise les bases du jeu et n’induit ainsi pas de nouveau sous-système à apprendre.

Le Yerval est le livret qui développe ce pays. Grande plaine peuplée de cavaliers nomades, on est rassuré de voir que les auteurs ont évité le cliché de la peuplade type « Mongols violents ». Au contraire, les cavaliers du Yerval ne demandent qu’à vivre en paix dans leur pays et préfèrent louer leurs services comme messagers ou transporteurs plutôt qu’en tant que guerriers. L’autre originalité tient dans la dichotomie du pays : car outre ces clans nomades, le Yerval est également peuplé sur ses cotes par des communautés de pécheurs et agriculteurs sédentaires – seuls autorisés à bâtir des cités. La grande ville du pays, Sorghol, est même une métropole marchande riche de multiples opportunités. Le Yerval possède un système politique qui essaie de concilier les modes de vie de ses deux populations (le conseil des plaines et des cités). Diverses figures majeures du Yerval sont décrites et le livret se conclut par des lieux impies où plane l’influence des dieux ennemis – autant de pistes d’aventure pour les héros !

Enfin, les Fruits de la Vengeance est une petite campagne en trois scénarios qui met à profit tout le background présenté dans le supplément. Elle se déroule ainsi au Yerval et Manna Renay y tient un rôle de choix. Les auteurs, outre l’intrigue classique, y indiquent de quelle manière les dieux peuvent influer sur son déroulement (que savent-ils, quels sont leurs intérêts, etc.), de façon à aider les joueurs à les interpréter. Ces trois aventures sont présentées selon un canevas éprouvé (le même que dans Tenebrae) et qui, comme d’habitude, demandera au meneur de jeu de bien se les approprier.

Beauté divine

Derrière une couverture de toute beauté (représentant une personnalité du Yerval et non Manna Renay), la chemise du pack offre une carte du Yerval ainsi qu’un tableau comportant des noms typique de ce pays.

Les livrets sont en noir et blanc, mis en page sobrement et parfaitement lisibles – bien que trop peu illustrés (comme souvent avec les XII Singes). Toutefois, la maquette permet de se plonger dans l’ambiance du Monde.

Au suivant

A partir de ce premier supplément, on devine donc que Dieux ennemis est amené à se développer à raison d’un supplément par divinité – associé à un pays du Monde, celui qui lui est le plus dévolu. La formule est classique et éprouvée et permet au meneur de jeu d’acquérir les extensions qui l’intéresseront le plus – même si toutes les avoir permettra sans doute de réellement profiter de la profondeur du Monde.

Si l’on se base sur le Foyer, la gamme promet donc une belle qualité : ce premier supplément parvient à vraiment densifier l’univers du jeu, apportant richesse et crédibilité non seulement au clergé de Manna Renay mais également au Yerval. Avec une campagne pour profiter de tout cela en plus, le meneur de jeu a largement de quoi faire jouer et les joueurs (spécialement celui qui incarne la déesse) de quoi s’approprier le background pour améliorer leur interprétation des héros.

On est à présent curieux de voir la suite – déjà annoncée : ce sera donc un supplément sur le dieu de la fortune Ashalim Avendi qui paraîtra prochainement. L’impatience guette déjà.

 

Un supplément au jeu Dieux ennemis édité par les XII Singes

Pack composé de trois livrets de 32 pages et d’une carte

25 €

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