La Belle et la Bête

1810. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine de grâce.
Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Au château de la Bête, ce n’est pas la mort qui attend Belle, mais une vie étrange, où se mêlent les instants de féerie, d’allégresse et de mélancolie.
Chaque soir, à l’heure du dîner, Belle et la Bête se retrouvent. Ils apprennent à se découvrir, à se dompter comme deux étrangers que tout oppose. Alors qu’elle doit repousser ses élans amoureux, Belle tente de percer les mystères de la Bête et de son domaine.
Une fois la nuit tombée, des rêves lui révèlent par bribes le passé de la Bête. Une histoire tragique, qui lui apprend que cet être solitaire et féroce fut un jour un prince majestueux.
Armée de son courage, luttant contre tous les dangers, ouvrant son cœur, Belle va parvenir à libérer la Bête de sa malédiction. Et se faisant, découvrir le véritable amour.

On aura beau dire que le cinéma français ne peut nous offrir ce genre de film, il faut pourtant reconnaître que Christophe Gans, après Le Pacte des Loups, revient avec un film fantastique en costumes. Pour seulement 35 millions d’euros (ce qui peut paraître très cher, mais qui ne l’est pas vu le prix de certaines comédies…), le réalisateur nous entraîne dans un monde où tout le sens du terme “féerie” reprend de la valeur.

Un conte à l’ancienne

La Belle et la Bête est un film à voir en famille; un film pour tous comme le dit le réalisateur lui-même. Pour tous, car si les enfants seront enchantés par le traditionaliste du conte, les lecteurs les plus chevronnés retrouveront le décorum de Les Métamorphoses d’Ovide et les cinéphiles avertis l’ambiance des films de la Hammer où les monstres sont souvent plus chics que les humains.

On connaît le goût et la passion de Gans pour le cinéma et le fantastique ce qui donne à l’écran un film aux nombreuses références et symboles comme la fameuse forêt ou le jeu avec les miroirs. Et si l’on sent un peu de Cendrillon, de Blanche-Neige et du Petit Chaperon Rouge dans l’ensemble de l’histoire, ce n’est pas pour déplaire!

L’histoire nous est racontée par Belle elle-même à un frère et sa soeur qu’on imagine vite être ses enfants. Ce choix d’une voix-off savamment dosée permet de poursuivre l’aventure du conte classique né dans l’oralité à travers la campagne.

Léa Seydoux en Belle m’a, je dois l’avouer, assez surprise, car je ne m’attendais pas à un jeu juste et simple. Cependant, on sent que l’actrice prend un réel plaisir à jouer une princesse à la fois vulnérable et vaillante.

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Peut-être Vincent Cassel était-il un choix trop facile pour jouer la Bête, mais finalement l’acteur a dû jouer plus avec son corps ce qui change la performance. En Prince, il est d’ailleurs bien moins intéressant!

On pourra regretter le manque de présence d’Eduardo Noriega en Perducas, belle crapule faussement dandy, qui, avouons-le, surpasse tous les autres acteurs, même Dussolier qui pourtant rempli bien son rôle de marchand manipulé par deux de ses filles et aveuglé d’amour pour Belle.

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Si les personnages se tiennent bien, le scénario n’est pas forcément très efficace. D’abord, 2h c’est beaucoup trop long pour un film qui, malgré une formidable ambiance, ne dit pas grand chose. De plus, il manque cruellement d’émotions notamment la fin qui arrive beaucoup trop vite et que les plus grands auront du mal à avaler. La présence d’Audrey Lamy dans la bande-annonce laissait présager à quelques pointes de comédie et ça n’a pas loupé! Le problème, c’est que les deux soeurs ne servent absolument pas l’intrigue et on aurait préféré voir plus les trois frères qui présentent un intérêt supérieur. Ces quelques incartades dans la comédie ne gâchent certainement pas le film, mais n’étaient clairement pas nécessaires.

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La deuxième partie du film manque vraiment de dynamisme, car Belle ne fait que se promener dans le château en ruines. Suivie par les Tadums, on nous annonce qu’ils vont devenir les meilleurs amis de Belle, mais ils ne sont jamais exploités. On les voit deux ou trois fois, complètement apeurés et refusant de se montrer à la princesse. Ainsi, les effets comiques liés à des personnages mignons qui là auraient mérité d’être développés, ne le sont pas!

On peut donc dire qu’il est possible de s’ennuyer parfois, mais la maîtrise de Gans d’un univers féerique ne peut qu’être saluée. La musique reprend aussi bien les codes des films fantastiques que de l’horreur notamment les séquences de rêves de Belle. L’ensemble est judicieusement travaillé et souligne parfaitement chaque moment du film. Un vrai travail d’orfèvre!

Bienvenue à Fantasy Land!

La Belle et la Bête est un film superbement grandiose! D’abord les effets spéciaux sont complètement maîtrisés, rappelons-le pour un budget tout à fait correct. Le visage de la Bête est réussi et tout en nous rappelant Cassel, on découvre véritablement un monstre au regard mélancolique qui permet de nous attacher immédiatement.

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L’ensemble du film a été réalisé sur fond vert et bleu: seulement un décor est tourné en extérieur!

Les quelques séquences au ralenti arrêtent le temps pour nous laisser profiter au maximum du délice féerique proposé par Gans.

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Les décors justement.

Ils sont tout simplement magnifiques et finement travaillés. Comme l’a dit Gans durant la conférence de presse, il est obsédé par les détails et cela se voit. Entre le port d’époque, le superbe cottage et son jardin, le magnifique château enguirlandé de roses et son jardin merveilleux où se cachent les lucioles, les spectateurs seront conquis par tant de beauté. Saluons donc le travail de Thierry Flamand, décorateur du jeu vidéo français Heavy Rain!

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La-Belle-et-La-Bête-Photo-Film-Christophe-Gans-05Les costumes réalisés par Pierre-Yves Gayraud sont un ravissement pour les yeux! Les petites filles seront aux anges et les plus grandes n’auront pas d’autres choix que de suivre les plus jeunes.

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375562.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxLes robes de Léa mélangent habilement celles des princesses Disney et des grandes dames de la Renaissance, mais les costumes des hommes sont tout aussi maîtrisés. On notera la séquence dans la taverne avec malfrats et pirates que l’on croirait tout droit sortie d’Assassin’s Creed Black Flag!

CONCLUSION

La Belle et la Bête est un film méritant largement le terme de “féerique” employé souvent à tort. Si certains aspects du scénario ne sont pas aboutis et si l’histoire aurait pu être raccourcie, la prise de risque est à applaudir. Effets spéciaux, photographie, décors et costumes s’allient parfaitement pour donner un film ambitieux donnant à rêver et sourire.

Pour résumer le film, mettons en avant une citation du réalisateur: “Le cinéma n’est jamais aussi grand que lorsqu’il se souvient de son passé tout en se projetant dans le futur.” La Belle et la Bête, c’est exactement cela!

sortie le 12 février

La Belle et la Bête

de Christophe Gans

avec Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussolier, Eduardo Noriega

Eskwad Productions

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