La Rançon du temps – La Patrouille du temps 3 – Poul Anderson

J’ai découvert, il y a de nombreuses années déjà, le premier volume de La Patrouille du temps. J’en garde un souvenir mitigé et un certain manque. Si le style était irréprochable, la densité des informations du volume m’avait gâché le plaisir de la lecture. Certes, le concept de cette série de La Patrouille du Temps repose sur l’existence d’une organisation qui n’hésite pas à envoyer des agents dans le passé, et notamment le personnage récurrent de Manse Everard, afin d’analyser et corriger des variations dans le passé qui menace le futur. Il convient donc d’apporter des éléments historiques afin d’apporter une crédibilité au récit. Il faut cependant reconnaître que trop de données historiques peuvent écraser l’action et le côté science-fiction. Les effets spéciaux sont essentiellement historiques, limite peplum, et personnellement, moi qui aime à la fois les romans historiques et la science-fiction, je n’y avais pas du tout trouvé mon compte. Avec ce troisième volume, j’espère retrouver un auteur qui a pu corriger son enthousiasme, compréhensible, du début de série.

Le présent volume est le troisième et comprend deux récits. Le premier s’intitule Stella Maris. Nous y retrouvons l’agent Everard qui va, au côté de la mystérieuse Floris, se plonger dans le passé européen. Ils vont tenter d’approcher la prêtresse Veleda afin de comprendre quelle influence elle pourrait bien apporter au sein des tribus germaines qui se sont rebellées contre l’Empire de Rome. Une nouvelle version d’un texte de Tacite est apparue et il pourrait bien s’agir d’un risque potentiel d’altération qu’il convient de cerner avant toute action. Un récit qui s’est avéré assez difficile à suivre pour moi, car nous avons affaire à des peuplades germaniques peu connues et à une époque guère plus enseignée. De même, pour remonter aux sources qui motivèrent la prêtresse, nous verrons une succession de saut en arrière : lire un texte en antichronologie est peu évident, même si cela est parfaitement justifié par rapport à cette histoire passionnante où nous verrons Everard faire un écart déontologique au sein de la Patrouille.

La couverture d’Alain Bion représente un conquistador chevauchant un des fameux scooters temporels de la Patrouille. Il surplombe une armée espagnole au contact avec une tribu inca prête à en découdre, d’autant que nous apercevons en arrière-plan des pyramides qui semblent en feu. Cette scène laisse à penser que nous nous trouvons devant une scène de La Rançon du temps, second texte de cet ouvrage. Personnellement, je n’aime guère ces représentations épiques, car il est bien rare que nous découvrions dans le texte l’exacte intensité qu’elle nous offre. Cela ne remet d’ailleurs pas en cause la qualité de cette illustration, reste à savoir si elle a été pertinemment retenue.

Nous entamons La Rançon du temps avec la narratrice qui est étudiante, se nomme Wanda Tamberly et est en déplacement avec quelques amis aux îles Galápagos. Elle apprend qu’un homme étrange est à la recherche d’une jeune femme blonde, jusqu’à ce qu’elle se fasse enlever par un homme revêtant l’armure et l’armement d’un conquistador sur un scooter, qui s’avère avoir le pouvoir de remonter le temps. C’est ainsi qu’elle se retrouve dans le passé, quelque part dans ce qui allait devenir le Pérou. Bien entendu, la Patrouille n’y est pas pour rien et Everard va encore faire son apparition. Un récit à fort potentiel qui est brillamment mené par Poul Anderson, même si les passages à la première personne croisent ceux à la troisième et donnent à l’ensemble un aspect assez déconcertant.

Bien entendu, la traduction de Jean-Daniel Brèque, un de nos plus talentueux traducteurs, est irréprochable. Il a su restituer l’œuvre de Poul Anderson, malgré les pièges que pouvait recéler la technicité historique de certains passages. Il est resté fidèle à l’esprit de l’auteur, y compris dans les choix narratifs étranges que j’ai énoncés plus haut à propos de la seconde histoire.

Se situant dans une longue tradition, Poul Anderson a créé cette Patrouille du Temps qui a pour mission d’éviter les paradoxes. En effet, dès les légendes arthuriennes, on prêtait à Merlin le don de voyager dans le temps. Très longtemps, ce type de récits n’avait pour but que de découvrir le futur, sans se préoccuper outre mesure du passé. C’est avec H.G. Wells et sa fabuleuse machine à explorer le temps qu’on fit la transition de l’exploration magique à l’exploration scientifique. Maintenant que la science fait le lien entre matière, espace et temps, et même si l’échelle du temps s’est toujours déplacée dans le même sens – le voyageur de Langevin ne s’y étant pas soustrait – on commence à entendre certains scientifiques parler de l’antimatière comme d’une matière qui remonterait le temps…

La réalité dépasse souvent la fiction, mais les auteurs sont là pour nous faire rêver, même si ce qu’ils décrivent ne voit pas le jour, enfin pas dans les termes qu’ils utilisent. Ce roman est distrayant, basé sur des faits historiques – à peine tronqués -, c’est donc une lecture honnête sans être pour autant inoubliable.

Poul Anderson
Couverture illustrée par Alain Brion
Traduction par Jean-Daniel Brèque
Le Livre de Poche
Collection Science-Fiction
2011

7,10 €

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