J’ai eu l’opportunité de rencontrer Anne Larue, universitaire talentueuse, il y a quelques années lors des conférences organisées à l’Université Paris 13 autour des littératures de l’Imaginaire. Je connaissais son parcours en tant qu’auteure d’ouvrages éminemment savants en littérature mais il ne m’avait jamais été donné l’opportunité de découvrir sa prose sur de la fiction pure. C’est donc avec grand plaisir que je me suis plongé dans cette lecture réellement étonnante.
La couverture de Genkis est réellement impressionnante de maîtrise et représente bien le mix qu’Anne Larue va faire au sein de son ouvrage. Ce chevalier et ce cheval sur fond de Paris futuriste est absolument impressionnant et représente une toute petite part du roman en lui-même.
La présentation de l’éditeur m’a donnée par contre une idée assez « bordélique » de ce que je vais trouver dans le roman. Ce n’est pas la meilleurse présentation que l’Atalante ait pu nous proposer et pourtant je ne vois pas comment il aurait été possible de le présenter autrement… Paradoxal, non ?
Anna, une vestale consciencieuse mais émotive, est condamnée à mort pour avoir brisé un vase sacré – le fameux calix Esclarmonde. Son savant fou de maître la fait «décorporer» à son insu. L’expérience réussit et elle surgit indemne à une autre époque, où il perd sa trace.
En l’an 4666, Anna, devenue «costumière tradi» chez Thomasine Couture, habite avec Ankh Delafontaine, belle blonde médiéviste, et elle monte à cheval à Étampes. Le bonheur. Elle en viendrait à se convaincre qu’elle n’a pas rejoint le monde au-delà de la mort, quand tout se complique à nouveau.
Anna et Ankh sont arrêtées pour ne pas avoir assisté à un match de trimslop, puis une cavalière est assassinée. L’enquête conclut à la mort d’Anna.
Entre alors en scène Holinshed, un cheval extrêmement stylé qui effectue des missions en freelance pour les humains à travers le temps…
Pour tous ceux qui aiment Paris, la fin du monde, les chevaux, le camping, Simone de Beauvoir… et un peu moins le football.
La première chose à dire sur anne Larue c’est bel et bien qu’elle sait mixer les références de manière particulièrement impressionnante. En effet La Vestale du Calix est une suite de références assez impressionnante aux différents romans, films, musiques de l’imaginaire qui ont fait la culture de l’auteure. Et son roman va s’avérer être un véritable melting-pot de tout ce qu’il est possible de trouver en matière d’imaginaire. Chez beaucoup d’auteurs cela aurait tourné au grand n’importe quoi décousu et sas intérêt mais pourtant Anne Larue a parfaitement su maîtriser son sujet, ses élans littéraires, pour nous proposer un roman particulièrement étonnant, réellement passionnant.
Personnellement, j’ai eu du mal à rentrer dans le roman. Le prologue et les deux premiers chapitres m’ont paru un peu longs mais une fois entré dans le vif du sujte, une fois que je me suis vraiment pris au jeu j’ai pu apprécier tout le talent de cette auteure surprenante. Celle-ci parvient en l’espace de quelques pages à retourner les situations plusieurs fois, à prendre le lecteur au dépourvu, à changer même l’échelle temporelle à laquelle pensait le lecteur. Ce type de performance littéraire est assez impressionnant pour être relevé car il m’a rarement été donné de voir une telle maîtrise chez les auteurs français de science-fiction. Le style d’Anne Larue se prête particulièrement bien au type de roman qu’elle nous propose ici. En effet l’écriture est fluide, simple mais reste immersive. Rien à redire sur ce point.
Difficilement classable, le roman d’Anne Larue apparaît comme un OVNI dans le ciel imaginaire français. Empli de références plus passionnantes les unes que les autres, doté d’un scénario aux multiples rebondissements, d’un humour assez décapant, d’une écriture fluide, La Vestale du Calix est un de ces romans de science-fiction qui s’adore ou se déteste. Mais en aucun cas il ne vous laissera indifférent…
La Vestale du Calix
Anne Larue
L’Atalante
14 €