Utopiales 17

Publiée à l’occasion de l’édition 2017 des Utopiales, Festival International de Science-Fiction de Nantes, cette neuvième anthologie regroupe 12 nouvelles, pour la plupart inédites, sur le thème du temps. Et gros point fort de cet ouvrage, vous voyagerez autant dans le temps que l’espace avec des textes d’auteurs français, canadiens, anglais, chinois…

Si le nom de certains auteurs m’était connu, je les ai tous véritablement découverts à travers cette anthologie qui regroupe d’ailleurs des personnes au style d’écriture très différent ce qui devrait permettre à chacun de trouver son bonheur. À l’exception d’un auteur dont la plume n’a pas su me séduire (mais c’est ici affaire de goût), j’ai d’ailleurs fait de très belles découvertes à l’instar d’Ariane Gélinas ou de Lionel Davoust. À noter qu’avant chaque nouvelle, son auteur est présenté brièvement ; un petit plus qui permet d’appréhender plus facilement les différentes histoires.

Évidemment, comme dans toute anthologie, j’ai préféré certaines nouvelles à d’autres que ce soit en raison de l’univers développé, de l’histoire, des personnages, des thèmes abordés ou encore du style d’écriture. Mais dans l’ensemble, j’ai apprécié la diversité des univers proposés, tous très immersifs, même si des récits très riches comme Pékin Origami auraient gagné à être proposés dans un format plus long. Quoi qu’il en soit, j’ai aimé faire la connaissance de personnages charismatiques ou, au contraire, de personnes communes qui vivent des histoires qui ne le sont pas tout à fait, j’ai aimé voyager dans le futur et aller sur la Lune, j’ai aimé m’interroger sur les différents messages véhiculés et réfléchir à des notions comme le féminisme, j’ai aimé ces fins subtiles, parfois évasives, qui ne tombent jamais dans la facilité,  j’ai aimé voir des auteurs jouer avec la légende arthurienne ou un célèbre détective…

En d’autres termes, j’ai aimé me laisser emporter par cette très belle sélection de textes, dont certains très poétiques, qui vous feront passer du sourire à l’effroi, de l’optimisme au dégoût, de l’étonnement à la frustration…

Je vous propose maintenant d’évoquer un peu plus en détail chacune de ces nouvelles.

  • 43 200 secondes de Jean-Laurent Del Socorro (inédit)

La sénatrice Kabbock, inspirée d’une personne réelle, s’apprête à faire un long discours pour s’opposer au vote d’une loi réduisant le droit à l’avortement au Texas. L’auteur a ajouté à son histoire une touche de science-fiction avec la présence d’augmentés, des humains bénéficiant d’améliorations transhumaines.

Je ne m’attendais pas vraiment à trouver un texte abordant le sujet de l’avortement dans ce recueil, mais ce fut une excellente surprise. Bien que le récit se déroule aux États-Unis, on ne peut en effet que se sentir concerné par le sujet, a fortiori si on est une femme. Ce droit qui nous semble acquis n’en demeure pas moins fragile, merci à l’auteur de faire une piqûre de rappel sur ce point. Le personnage de la sénatrice est également intéressant dans le sens où elle cumule un peu tout ce qui peut la mettre au ban de la société américaine : noire (rappelons le racisme envers la communauté afro-américaine encore d’actualité), femme dans un monde politique rempli d’hommes et lesbienne dans une société qui peut se révéler encore bien puritaine. Il ne manquerait plus qu’elle soit athée pour faire d’elle la cible à abattre. La voir mener son combat au nom de toutes les femmes du Texas force donc le respect et l’admiration. D’ailleurs, son combat dépasse l’avortement, ce qu’elle défend, c’est d’abord le droit pour chaque femme de disposer de son corps et de sa vie comme elle l’entend…

Même si le côté science-fiction reste léger, j’ai aimé ce mélange de réalité et d’imaginaire qui rend le tout plausible et donc assez glaçant. L’auteur a également veillé à faire référence à un élément qui fait partie intégrante de nos vies : les réseaux sociaux. Des tweets sont ainsi insérés dans la nouvelle ce qui, en plus de lui donner un air résolument moderne et réaliste, permet d’illustrer l’importance de ces réseaux qui s’invitent régulièrement sur la scène publique et dans les débats. Quant à la fin, je l’ai trouvée parfaite même si je n’arrive pas à me décider sur son ton : optimiste ou pessimiste ? A vous de choisir en fonction de votre tendance à voir le verre à moitié vide ou à moitié plein.

  • La place d’une femme d’Emma Newman (traduction : Erwan Devos et Hermine Hémon) (inédit)

Depuis quelques mois, je lis régulièrement les aventures de Sherlock Holmes, une œuvre contenant quelques romans et de nombreuses nouvelles. J’ai donc été plus que ravie de découvrir dans cette anthologie une nouvelle s’inspirant de ce célèbre détective d’autant que l’auteure nous propose ici un texte original, percutant et à l’issue surprenante. Si Sherlock est assez fidèle à lui-même, intelligent, froid mais parfois humain, et que Watson est toujours à ses côtés bien qu’il connaisse un changement de taille, le cadre temporel lui change complètement. L’histoire se déroule ainsi dans un univers futuriste où la technologie semble devenue omniprésente pour le plus grand déplaisir de Sherlock Holmes qui en a la phobie.

J’ai apprécié cette rencontre du traditionnel, à travers un personnage maintenant culte, et de la science-fiction. D’ailleurs, la nouvelle a le mérite de faire réfléchir aux progrès technologiques et aux conséquences qu’ils peuvent avoir sur nos libertés. Mais, en ce qui me concerne, le gros point fort de cette nouvelle est la manière dont Emma Newman a choisi de mettre sur le devant de la scène un personnage de second plan dans l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle : Mme Hudson, la propriétaire de Sherlock Holmes. Je ne développerai pas beaucoup plus mon avis sur cette histoire que j’ai adorée vous laissant ainsi le plaisir de découvrir LA Mme Hudson d’Emma Newman. Je peux néanmoins vous dire que sous sa houlette, elle prend une tout autre dimension ! Elle m’a surprise, intriguée et presque fascinée. Ce serait un véritable plaisir de la retrouver dans sa propre série de livres. Avec une telle intelligence, je suis en effet certaine que Mme Hudson pourrait, à son tour, nous offrir de belles aventures.

  • Huit siècles sur une échelle de temps d’Olivier Gechter (inédit)

Fuyant une terre recouverte par la glace, une colonie d’humains a trouvé refuge sur une base lunaire avec l’espoir de rendre, un jour lointain, la Terre de nouveau habitable. Afin de s’assurer de la réussite de cet ambitieux objectif, les survivants ont créé un système ingénieux : tous, à l’exception d’une personne réveillée tous les 100 ans, sont enfermés dans un sarcophage qui préserve les corps des ravages du temps. Cette organisation est chapeautée d’une main de fer par Nanie, une intelligence artificielle.

J’ai complètement été happée par cette nouvelle désirant en apprendre plus sur ce qui est arrivé sur Terre et sur l’étrange organisation des survivants. J’ai ainsi adoré l’idée de cette mini-société dont la vie des individus est partagée entre un sommeil séculaire et des tours de garde pour s’assurer du bon fonctionnement de la base lunaire. Mais le plus intéressant dans ce récit est la menace sourde qui se fait de plus en plus pesante et que perçoit le lecteur à travers le journal de bord de Boris, la personne réveillée que l’on suit durant toute la nouvelle. A la manière d’un thriller, la tension devient croissante et le suspense prenant ! On suit avec plaisir les investigations de Boris sur la mort d’un de ses collègues qu’il ne pense pas naturelle et on attend avec impatience de savoir si ses soupçons sont fondés… Je ne vous en dirai pas plus sur cette nouvelle sous peine de vous gâcher le plaisir de découvrir pourquoi il n’est jamais bon de contrarier les plans de quelqu’un, quel qu’il soit.

  • Le sphincter de l’œsophage de Nabil Ouali (inédit)

Merlo, un homme de vingt-neuf ans qui vient de se marier accompagne son père pour passer une soirée chez Enzo, un ami de ce dernier. Les conversations et les débats avec les autres convives s’enchaînent…

J’ai un avis assez mitigé sur cette nouvelle. Si le fond m’a plu, je n’ai pas vraiment accroché au style de l’auteur qui m’a semblé un peu brouillon. Mais cette impression peut avoir été en grande partie provoquée par le personnage principal qui m’a quelque peu agacée que ce soit dans sa manière de s’exprimer ou l’utilisation inopinée de l’anglais. Je reconnais toutefois que ces deux points sont cohérents avec le récit…

J’ai, en revanche, apprécié les différentes questions et réflexions suscitées par l’auteur : le français et son évolution, le mariage dont je partage d’ailleurs la vision défendue par le protagoniste, l’égalité homme-femme, les avancées médicales et leur impact sur la procréation… Mais ce que j’ai préféré, c’est la fin audacieuse qui m’a surprise même si j’avais fini par la supputer dans les toutes dernières pages. Elle apporte un tout autre éclairage au récit et permet, dans une certaine mesure, de mieux comprendre Merlo et de le rendre un peu plus sympathique.

  • Pékin origami de Hao Jingfang (traduction : Michel Vallet) (inédit)

L’auteure nous plonge directement dans son histoire nous condamnant ainsi à attendre quelques pages avant de réellement comprendre le fonctionnement particulier et original de la ville dans laquelle elle se déroule. Une démarche qui a titillé ma curiosité, mais qui ne m’a pas permis de m’immerger rapidement dans le récit. Les débuts ont donc été difficiles voire assez confus. L’univers imaginé et développé par l’auteure est, à mon sens, tellement riche qu’il n’est pas mis en valeur par le format nouvelle bien que celle-ci se soit révélée assez longue par rapport aux autres. Découverte sous forme de roman, je pense que Pékin origami m’aurait plu autant pour son aspect science-fiction que les réflexions qu’elle induit notamment sur l’économie, le chômage et les avancées technologiques.

Malgré des difficultés à me plonger directement dans le récit, j’ai néanmoins apprécié de découvrir le concept de ville repliée comportant trois espaces, chacun d’entre eux faisant surface à tour de rôle. Quant au personnage principal, Lao Dao, c’est l’élément qui m’a permis de m’accrocher à l’histoire. Simple, mais courageux et prêt à tout pour le bonheur de son enfant adoptif, il fait partie de ces personnes dont on a envie de suivre les péripéties. J’ai donc pris plaisir à le suivre dans sa mission qui l’a conduit de sa troisième zone à la première zone. Je dois dire que l’objet de la mission m’a plutôt fait sourire puisque je m’étais attendue à quelque chose de plus grandiose avec des enjeux plus importants… A travers le voyage de Lao Dao, le lecteur découvre les différences et les inégalités entre les trois zones, choses qui n’ont pas l’air d’affecter notre protagoniste outre mesure alors que l’on aurait pu s’attendre à un petit vent de révolte de sa part. Fatalisme devant une situation qui le dépasse, une certaine philosophie qui le pousse à profiter de ce qu’il possède sans vouloir plus ou volonté de ne pas modifier l’ordre établi ou un peu de tout ça, à vous de vous forger votre propre opinion. On découvre également les raisons à l’origine de la division de Pékin, raisons qui sont finalement assez prosaïques, mais non dénuées de sens et d’intérêt.

  • Les Anges tièdes d’Estelle Faye

Traumatisés par une troisième guerre mondiale, des êtres humains se sont réfugiés dans un monde virtuel, celui du jeu Arcadie. Tous ? Non, à l’instar de certains Gaulois qui résistent à l’envahisseur romain, des marginaux ont quant à eux choisi de vivre dans le monde réel. Parmi ceux-ci, se trouve l’arrière-petite-fille du créateur du jeu qui a choisi de se débrancher pour réintégrer la vie réelle d’abord par rébellion, puis par conviction…

Je connais Estelle Faye de nom et possède d’ailleurs quelques-uns de ses romans, mais je n’ai pas encore eu le loisir de découvrir sa plume. Et je dois dire que j’ai complètement adhéré à son style empreint d’une certaine poésie, mais également d’une certaine brutalité qui nous permet de nous immerger totalement dans ce monde réel abandonné au profit d’un monde virtuel fade et sans saveur. Façonné par la peur, Arcadie, sous ses airs d’utopie, semble surtout se distinguer par sa vacuité comme si les humains avaient été dépossédés de leur substance. Grâce à ses pensées et à son récit, on ne peut donc que comprendre l’envie de l’héroïne de changer l’ordre établi malgré les conséquences…

Si j’ai apprécié cette nouvelle, j’ai néanmoins été quelque peu frustrée par sa brièveté. L’univers et le style de l’auteure sont tellement riches que des pages supplémentaires auraient été les bienvenues. J’ai donc terminé le récit avec de nombreuses questions en tête et l’envie de souhaiter bonne chance à l’héroïne dans son entreprise. Un monde réel imparfait semble en effet préférable à un monde virtuel où les gens, comme anesthésiés, finissent par laisser passer leur vie au lieu de la vivre.

  • Les cristallines d’Ariane Gélinas (inédit)

Décidée à mourir, Béthanie s’offre en pâture aux snoligosters, créatures ressemblant à des crocodiles. Mais elle est heureusement sauvée in extremis par un homme qui la convainc de reporter son funeste projet et de le suivre.

Ariane Gélinas fut pour moi l’une des plus belles découvertes de cette anthologie. Je suis ainsi complètement tombée sous le charme de son écriture tout en rondeur, finesse et élégance. D’ailleurs, bien que cette nouvelle soit courte, la qualité de sa plume permet de passer outre la frustration de ne pas avoir plus de détails sur les différentes créatures fantastiques, les cristallines ou simplement sur ces deux protagonistes auxquels on s’attache très vite. Vous ne pourrez donc qu’être happés par ce récit baigné de mystère qui s’aventure vers un genre dont je ne suis en général pas friande, mais qu’ici ne m’a pas dérangée. Empreinte de poésie ce qui la rend d’une certaine manière assez abstraite, je ne suis cependant pas certaine d’avoir totalement saisi la fin ou, du moins, sa portée symbolique. Cela ne m’a pas empêchée de passer un agréable moment avec cette nouvelle qui alterne entre douceur et violence, espoir et désespoir.

  • Les arbres sont des gens comme les autres de Timothée Rey (inédit)

Afin d’attendre le retour de sa femme dont l’absence durera plus d’un millénaire, son mari accepte d’être implanté dans un arbre-hôte.

Comme avec Pékin origami, j’ai eu quelques difficultés à me plonger dans cette nouvelle principalement en raison de l’utilisation importante d’un jargon connoté très science-fiction, un genre que je connais peu. J’ai néanmoins trouvé l’idée de l’auteur très intéressante d’autant qu’il exploite parfaitement la symbiose qui finit par s’opérer entre cet homme prêt à sacrifier une partie de son corps par amour et cet arbre-hôte qui prend une place de plus en plus importante dans la narration. On suit avec intérêt l’évolution de notre homme qui perd peu à peu la notion de temps puis ses repères d’être humain… Il découvre alors progressivement ses nouvelles perceptions et développe assez naturellement de nouvelles relations avec d’autres arbres-hôtes. J’avais d’ailleurs assez vite anticipé la possible relation nouée avec un autre arbre habité, mais je n’avais pas vu la chute arriver. Et je dois dire qu’elle m’a beaucoup plu puisqu’elle correspond assez bien à l’image que l’homme avait dépeinte de sa femme… Ce qui est certain, c’est qu’après la lecture de ce récit, vous ne regarderez plus les arbres de la même manière.

  • Les oiseaux lunaires de Michael Moorcock (traduction de Pierre-Paul Durastanti)

D’une plume fluide et immersive, l’auteur prend le lecteur par la main pour le conduire sur les pas d’un homme qui cherche de manière obsessionnelle, voire compulsive, sa famille disparue il y a maintenant vingt-quatre ans. Quand son histoire rejoint celle d’une légende connue de tous ou presque, cela donne un récit auréolé de mystère, teinté de magie, mais surtout empli de nostalgie. Grâce, entre autres, à l’alternance entre présent et passé, l’auteur happe notre attention dès les premiers instants et nous coupe presque du monde réel pour nous immerger totalement dans son imaginaire. Je resterai volontairement vague, car Les oiseaux lunaires fait partie de ces histoires qu’il est préférable de lire sans rien en savoir pour en apprécier toute la beauté. En bref, c’est une très belle nouvelle dont le nombre limité de pages ne laisse en rien présager la palette d’émotions qu’elle vous fera vivre.

  • Poèmes de Guy Gavriel Kay (traduction : Erwan Devos et Hermine Hémon) (inédit)

La plus grosse surprise de cette anthologie provient probablement de la participation de Guy Gavriel Kay qui nous propose deux poèmes. Je ne lis que peu de poésie, mais je suis néanmoins tombée sous le charme du premier poème qui est dans le sillage de la légende arthurienne. Nous découvrons ainsi les pensées d’une Guenièvre dont le cœur est déchiré entre deux hommes, Arthur et Lancelot. Si l’histoire est connue de la plupart d’entre nous, j’ai apprécié que l’auteur l’aborde sous le prisme d’un poème. Cette forme semble, en effet, particulièrement adaptée pour nous faire comprendre les errances du cœur de cette femme de légende. Mise à nue dans ses sentiments, Guenièvre n’en est alors que plus touchante.

  • L’Île close de Lionel Davoust

Récompensée par le prix Imaginales 2009, cette nouvelle nous offre une plongée dans la légende arthurienne dont les figures emblématiques sont condamnées à revivre inlassablement les mêmes événements. Nous suivons alors les pensées, couchées sur le papier, de Guenièvre, celles d’Arthur qui oscille entre résignation et révolte ou encore celles du fils indigne, Mordred. Cette alternance de point de vue apporte un dynamisme certain à une histoire qui happe l’attention des lecteurs dès les premières lignes d’autant que la plume de l’auteur s’accorde parfaitement à l’aura si particulière qui entoure la légende arthurienne. J’ai en outre trouvé intéressantes les questions quasi philosophiques soulevées par certains personnages sans oublier l’humour dont l’histoire n’est pas dépourvue. L’auteur n’hésite d’ailleurs pas à surprendre les lecteurs en passant du registre soutenu et poétique à un registre parfois un peu plus familier voire vulgaire. C’est ainsi que sous sa plume, Mordred passe, en quelques pages, du dangereux traître à un adulescent en rébellion et las de faire ce que sa mère attend de lui… J’ai adoré découvrir ces personnages prisonniers des facéties du temps qui sont devenus, au sens propre, acteurs de leur vie qu’ils jouent et rejouent enfermés dans les carcans de leur personnalité. Cette histoire poétique aux allures de conte philosophique est donc un coup de cœur.

  • Le gnome qui voulut être fée d’Audrey Alwett (inédit)

Cette nouvelle se déroule dans l’univers du roman de l’auteure, Les poisons de Katharz. Je ne l’ai pas lu, mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier cette histoire à l’humour omniprésent et très plaisant. Nous y faisons ainsi la connaissance d’un gnome qui, en raison de sa différence, n’est que peu accepté par les siens. Moqué et méprisé, il ne se sent donc pas à sa place au sein de cette communauté de rustres qui n’hésite pas à, plus ou moins, l’ostraciser. Alors que personne n’attend rien de ce gnome différent des autres, il aura néanmoins l’occasion de faire preuve d’héroïsme en sauvant d’une mort gluante une fée dont la témérité n’a d’égale que la stupidité. Une initiative louable, surtout si l’on considère que les fées sont les ennemies héréditaires de son peuple, qui ne sera pas sans conséquence sur sa vie…

Un peu anti-héros, voire archétype du perdant, on ne peut que prendre en pitié ce gnome, les autres gnomes et les fées étant tous particulièrement odieux avec lui. C’est d’ailleurs amusant de voir comment deux peuples qui se honnissent si viscéralement s’accordent sur la place à accorder à ce gnome de “bas étage” qui lutte pour trouver sa place… Sous fond de racisme inter-espèces et de recherche de soi, l’auteure nous livre ici une fable à la conclusion amère. De par la méchanceté que l’humour n’arrive pas à entraver, cette histoire est peut-être d’ailleurs celle qui m’a le plus marquée et, d’une certaine manière, touchée.

En conclusion, à travers une sélection soignée de nouvelles aussi différentes que variées, cette anthologie devrait permettre à tous les amateurs de science-fiction ou non, les textes étant bien souvent abordables pour les néophytes, de passer un moment de lecture très agréable. Je ne peux donc que vous encourager à vous plonger dans ces récits qui offrent un bon aperçu du travail et du style de douze auteurs de talent. Qui sait, vous pourriez même découvrir votre nouvel auteur chouchou !

Utopiales 2017
actusf
328 pages
15€

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