Les parisiens de Shaârghot ne font guère dans la dentelle, et les connaisseurs en savent quelque chose… La machine Electro Metal Indus que le groupe est devenu nous envoie dans un véritable monde apocalyptique et post apocalyptique, comme si l’on était en train d’assister à une prophétie déjà en marche. L’illustre Shaârghot et ses fidèles Shadows n’ont pas fini de prouver leur statut d’arme de guerre. C’est ainsi que le Shaârghot a enfanté, deux ans après l’album éponyme, un EP d’une nature très nuancée et souvent, brutale. Quand on songe qu’ils partagent (depuis quelques temps) l’affiche avec l’une de leurs nombreuses muses, Punish Yourself, il s’en dégage un tournant incisif dans l’évolution de ce groupe.
Nous y retrouvons toute une recette qui nous plonge dans un monde à la sonorité savamment oppressante qui nous hantera à tout moment, en tout lieu.
C’est avec Doom’s day, au nom évocateur, que les savoureuses hostilités ouvrent le bal. Le ton martial est donné. Inexorable pour tous. Les rangs s’y forment, chaotiques. Le relent amer et délicat ne laisse présager qu’une suite, brutale et délicieuse.
Les prémices ne pouvaient mentir sur le déroulement des festivités. Avec Kill your god, nous nous exposons à du vraiment lourd de sens. Le tempo saccadé donne l’impression d’un interrogatoire suivi d’une exécution en masse systématique. Veuillez goûter par vous-même.
Quand on entame le titre Into the deep, nous ressentons comme une déflagration qui va vous en foutre plein les sens. Car celui-ci annonce les supplices que le Shaârghot a prévu de faire subir à ses détracteurs. Tous, autant que nous sommes, amenés dans ce paroxysme par notre frontman Etienne Bianchi Shaârghot au chant, la bassiste et back vocal ClemX et le lead guitar Brun’o Klose ; nous sommes confrontés à une singulière boucherie. Break your body ne laisse aucune échappatoire. Une mise en scène macabre digne de vos pires cauchemars et de vos plus profondes angoisses personnelles. Parfaitement le style de choc qui, sans surprise, l’on reçoit pendant une phase de stress post traumatique.
Puis revient une étrange sensation de plénitude avec Bucolikiller. Comme si l’on avait fait table rase… Mais est-ce de la plénitude pour autant ? L’auteur de ces lignes en doute… Au regard des précédents massacres perpétrés, la note donnée au piano annonce une fin aussi heureuse qu’un pauvre hère déambulant au sein d’un immense charnier que le Shaârghot a créé. La pâture que ce champ de bataille industrieux restera à jamais gravé dans les consciences. Un sentiment de profond renversement, en somme, avec l’âpre mélancolie qui en résulte.
Ce que l’on peut déduire de l’analyse, c’est qu’étant donné la grande diversité rythmique, instrumentale et vocale (toujours dans le gras et le lourd à n’en pas douter), la formation Electro Metal Indus parisienne n’a pas dit son dernier mot. Le Shaârghot continuera sans cesse à tourmenter tout celles et ceux qu’il croise sur sa route. Si l’esprit du chaos qui anime le nouvel EP persévère à nous piquer là où ça fait mal, c’est pour notre plus grand plaisir allez savoir ! Il est certain qu’avec une telle réalisation, ça Shaârghot dur !
Break your body
Shaârghot
2017