Life on mars saison 1 – Matthew Graham, Tony Jordan et Ashley Pharoah

 

Victime d’un accident de voiture dans le présent, le commissaire Sam Tyler se réveille dans les années 70 à Manchester, la ville où il a grandi. Il y est inspecteur, nouvellement nommé dans la brigade du commissaire Hunt. Il va y mener des enquêtes tout en essayant de comprendre ce qui lui est arrivé.

Il y a dix ans, une courte série anglaise nommée Life on Mars débarquait sur les écrans de la BBC. Partant d’un postulat très science-fictif – le voyage temporel, ou alors le voyage intérieur -, elle se montrait surtout comme une série résolument anglaise, un regard sur une période, une musique, des vies et une ville, avec un décalage et une justesse frappante.

Petit Flashback.

La chanson Life on Mars ? de David Bowie est sortie en 1971 sur l’album Hunky Dory. Tube interplanétaire, il illustre ces années 70 dans lesquelles la série entend nous plonger après quelques minutes dans le présent. Sam Tyler (John Simm) y a un bête accident de voiture. À son réveil, le voilà dans le passé. A-t-il voyagé dans le temps ? Est-il dans le coma et rêve-t-il de tout cela ? C’est le fil rouge qui va occuper la série : Sam va tenter de revenir dans le présent.

Pourtant, cet élément science-fictif reste surtout un prétexte. Il se manifeste occasionnellement, par des voix dans la tête de Sam, l’habituel décalage entre le mode de pensée de l’époque et celui du héros, ou les curieuses apparitions de “la petite fille de la télévision”. Mais jamais cet arc ne prendra une réelle importance dans la saison une.

 

Le sujet principal des 8 épisodes est clairement Sam lui-même. Chacun d’entre eux illustre un trait de caractère du héros dans son métier (tenace, à la pointe de la technologie, méticuleux avec la procédure), son caractère (honnêteté, profonde gentillesse, connaissance intime de sa ville) ou ses traumas (son affaire non-résolue, son lien à ses parents et avec son père en particulier). Cette construction forme un portrait très net et attachant de Tyler, interprété avec brio par John Simm.

En contre-point, on trouve le DC Gene Hunt. Roublard, grossier, au mauvais caractère affirmé, le chef de brigade est l’antithèse de son adjoint. Prêt à toutes les compromissions afin d’arrêter un criminel, il montre à plusieurs reprises le côté obscur de la police.

Leur duo impose son énergie folle aux épisodes à coup de piques, de courses poursuites, d’affrontements. Ce lien d’amour/haine permet à Philip Glenister de s’exprimer pleinement (avec un accent à couper au couteau), au point de voler régulièrement la vedette à John Simm.

Les autres personnages de l’équipe sont très bien croqués, entre Chris le jeunot en formation, Ray le flic bête et méchant ou encore Annie, la seule à qui Sam ai tenté de tout raconter et qui joue un rôle d’ancrage dans le réel vis-à-vis du héros.

 

On se retrouve donc aux côtés de l’équipe dans une équation une enquête = un épisode. Plusieurs d’entre eux ont pour sujet la ville de Manchester où se déroule la série. Du déclin de l’industrie textile à la passion dévorante de la ville pour ses deux clubs de football (dans un contexte de développement du hooliganisme), l’esquisse est juste, appuyée par une reconstitution de qualité malgré les faibles moyens.

Derrière le ton humoristique de certaines scènes, les intrigues surfent globalement sur le fil du rasoir entre rire et gravité, penchant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. C’est particulièrement marqué à deux moments : d’abord dans l’épisode 4 où Sam fait face à la corruption de la police, y compris de ses équipiers. Face à sa probité, les pressions s’accumulent avant que la morale ne l’emporte. On touche là une limite de la méthode du DC Hunt, prêt à dépasser la ligne pour arrêter les plus méchants.

L’autre épisode frappant à ce sujet est le 7, Cas de conscience, signé Chris Chibnall (Broadchurch, bientôt Doctor Who). Cette fois, la brigade doit faire face à une bavure dans ses murs. L’opposition entre Hunt, chef de meute prêt à tout pour défendre ses troupes, et Tyler, loup solitaire épris de justice, atteint son paroxysme. Ce sont deux conceptions de la police qui s’opposent et qui ont une importante résonance aujourd’hui encore. D’autant que la morale, cette fois grise, apporte une nuance importante sur l’attitude des deux policiers. On y retrouve bien les traits d’écriture habituels de Chibnall, ce mélange de culpabilité, de recherche de vérité, de frontières floues qui font ici merveille.

 

Life on mars bénéficie d’une réalisation correcte, sans valeur ajoutée si ce n’est l’association image/musique. Outre le tube donnant son titre à la série, on peut y entendre, sur des montages élaborés, des chansons comme Live and let die de Paul McCartney et les Wings, Head in the sky d’Atomic Rooster, quelques Bryan Ferry (Mother of Pearl, Would you believe), du Status Quo et, bien sûr, d’autres Bowie. La musique originale, signée Edmund Butt se montre discrète.

Conclusion

Life on Mars est un pur produit anglais : derrière un postulat de science-fiction, la série propose une plongée dans le passé, ses mœurs, ses comportements, ses petites normalités qui nous choquent ou nous font rire. Bien écrite, elle embrasse les passages obligés du genre avec talent. C’est une belle découverte à prolonger en saison deux.

 

Life On mars

Crée par Matthew Graham, Tony Jordan et Ashley Pharoah

Avec John Simm, Philip Glenister, Liz White, Dean Andrews, Marshall Lancaster

Produit par la BBC

Diffusé par France 4

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *