Un superbe roman de fantastique vampirique par deux auteurs plus qu’experts du genre !

« Le 25 octobre 1856 La Nouvelle-Orléans Monsieur, La mort n’a pas d’ombre. Vous devez me croire, je la connais. Longtemps j’ai dansé avec elle sans le savoir, aveuglé par sa beauté de soleil. Elle n’avait aucune ombre avant de prendre la mienne. Et je voulais vous dire que vous la connaissez, vous aussi. Je voulais vous dire qu’elle rôde autour de vous et que vous ne la voyez pas. Tout vous dire, c’est vous doter de la seule arme capable de vous aider à remporter le combat auquel je vous appelle. En vous écrivant, je ne fais pas qu’affronter l’horreur de mes souvenirs et l’ignominie de mes actes : j’engage tout mon corps dans une entreprise qui l’éreinte un peu plus à chaque seconde. Puisse mon âme ne pas basculer dans le néant avant de vous avoir tout révélé. Puisse votre coeur répondre à mon imploration. Je n’entrevois nul autre espoir. »
Aubrey Clare a tout perdu. Sa sœur est morte de maladie, son père s’est réfugié dans des paradis artificiels et sa mère dépérit. Elle ne semble revivre que lorsqu’elle reçoit un bien mystérieux marquis le soir…
Un roman épistolaire
Festin de Larmes nous invite à découvrir un roman épistolaire, dans la grande veine des romans gothiques de la fin du XIXème siècle. On se prend vite au jeu tant Aubrey parvient à nous séduire par sa plume, par ses propos énigmatiques mais également par le malsaisant que ses pratiques personnelles dégagent au fil du roman. Le fonctionnement en longues lettres permet au lecteur de s’immerger dans le récit. La manière d’écrire, qui n’est pas sans rappeler Dracula de Bram Stoke, ainsi que toute une vague fantastique de l’époque, est à la fois désuète et pourtant des plus rafraîchissantes. Morgane et Vincent maîtrisent parfaitement leur sujet littéraire et cela se sent dès les premières lignes.
Une histoire prenante
L’histoire proposée obéis aux codes du fantastique le plus classique qui soit, avec une bonne famille anglaise qui va sombrer dans le deuil et la folie. On ne lâche pas Aubrey dans cette descente aux enfers qu’il vit tout au long des 450 pages de ce roman. D’orgies en cimetières, de peine en moments d’extase, il va ponctuer son parcours de musique, pianiste de talent qu’il est. L’histoire proposée est passionnante et le personnage d’Aubrey fonctionne parfaitement.
Un vampire inattendu
Mais la véritable intrigue de ce roman, c’est bel et bien le personnage du marquis. On voit de suite qu’il s’agit d’un vampire, c’est évident, et pourtant les deux auteurs sont parvenus à me surprendre, piochant dans le folklore des éléments inattendus. Et justement ils parviennent à rendre le récit intriguant, crédible, pesant dans son ambiance. Ce marquis va nous poursuivre psychologiquement tout au long du roman, nous surprenant et nous séduisant jusqu’à la fin.
Un style parfait
Les deux auteurs nous proposent un roman au style juste impeccable. On sent le côté gothique XIXème qui nous est proposé et on prend plaisir à se plonger dans l’histoire porté par les descriptions léchées, les dialogues à la fois percutants et pleins de charme. L’horreur est elle aussi bien présente, mais avec une douceur, une langueur des plus délicieuses.
De superbes illustrations
Le roman est aussi illustré de belle manière par Morgane Caussarieu, à qui l’on doit également la couverture du livre. C’est à la fois thématique, très réussi, et cela aide indéniablement à plonger dans le roman et dans l’univers développé.
Festin de Larmes est un de mes gros coups de cœur fantastiques de l’année. J’adorais déjà ce qu’avaient écrits les deux auteurs auparavant, mais je dois dire que leur association m’a particulièrement séduit. ActuSF nous propose à la fois un bel écrin et un excellent texte, pour notre plus grand plaisir littéraire.