Entretien avec Jean-Philippe Mocci, directeur des éditions Léha

Bonjour Jean-Philippe, et merci de prendre le temps de me répondre. On t’a déjà eu sur nos pages donc on va passer l’étape de la présentation pour simplement te demander comment tu vas, ainsi que les éditions Leha.

Bonjour Thomas et merci de ton accueil, c’est toujours un plaisir d’échanger ensemble. L’année 2024 s’annonce follement structurante et positive pour Leha avec un énorme projet qui a mobilisé beaucoup de temps, de moyens et d’énergie de préparation en 2023. J’en suis d’autant plus heureux que nous avons vécu une période très compliquée à gérer de l’automne 2022 à fin 2023 en raison de problèmes assez graves engendrés par notre ancien distributeur. Nous sommes passés depuis janvier 2023 chez CDE / Sodis (groupe Gallimard) qui nous apporte un soutien de grande qualité pour nos projets, à commencer par celui dont on va parler un peu après je pense…

Leha passe une grosse étape en 2024, on va y revenir, mais peux-tu nous parler des temps forts de 2023 ? Quelques gros titres sont sortis l’année dernière, asseyant encore la notoriété de la maison. J’imagine que ce sont tous des coups de cœur, mais si tu devais n’en sauver qu’un, ce serait lequel, et pourquoi ?

C’est terrible de demander ça à un éditeur ! On aime tous nos livres évidemment, surtout quand on est une petite maison d’édition indépendante… Après, il y en a un qui a fait l’unanimité au niveau critique comme au niveau des ventes et dont je suis très fier car il s’agit d’un des plus grands auteurs de Fantasy actuels et que c’est Leha qui le fait découvrir au public francophone. Ce livre c’est L’Ombre des Dieux de John Gwynne, 1e tome de La Confrérie du Sang. De la Dark Fantasy d’inspiration viking, très sombre et violente, qui met les femmes au cœur du récit. Une écriture addictive et des personnages très marquants comme sait si bien les dépeindre John Gwynne, avec une mention spéciale pour Orka, une jeune femme qui va déterrer son scramasaxe et sa cotte de mailles enfouis dans le jardin de sa ferme, reprendre le chemin de l’aventure pour défendre ce qu’elle a de plus cher, avec une rage, une énergie et en même temps une fragilité incroyables. Je suis vraiment très heureux et très fier de faire découvrir John Gwynne aux lectrices et lecteurs français car c’est sans aucun doute un des plus grands auteurs du genre actuellement. Nous le sentions déjà avec sa 1e série que nous traduisons également, Le Livre des Terres Bannies dont Malice a été récompensé d’un Prix Elbakin 2023 (après avoir reçu un David Gemmell Award lors de sa parution en anglais). Bref, après Steven Erikson, nous avons avec John Gwynne un autre très grand de la Fantasy au catalogue. Pas étonnant que le petit employé d’une grande maison d’édition ait essayé de nous le chiper, la classe faite homme.

En 2024 c’est une collection de poche, Majik, que tu lances. Pourquoi te lancer maintenant sur ce marché finalement très concurrentiel ?

C’est un enjeu majeur pour Leha, pour ainsi dire le lancement d’une 2e maison d’édition. Je porte ce projet depuis quasiment notre création. L’idée fondamentale, c’est d’avoir la main sur la gestion de nos livres dans leurs différents formats, mais aussi de faire connaître notre maison à un public de plus en plus large. Le poche est donc un excellent relais pour cela et avoir notre propre label évite de diluer notre image. C’est la raison pour laquelle j’ai conservé les droits poche de tous nos livres depuis la cession en 2020 du Livre des Martyrs de Steven Erikson et du Cycle d’Alamänder d’Alexis Flamand, ce que j’avais décidé à l’époque face à la réticence de mon ancien diffuseur à aller vers du poche. Vu le catalogue que nous avons construit depuis notre création, je me suis dit qu’il y avait moyen de proposer une collection poche vraiment chouette, très attractive, mêlant nos séries anglo-saxonnes qui ont rencontré un gros succès et des auteurs français talentueux installés ou en devenir et que nous souhaitons mettre en valeur. L’avantage d’avoir conservé nos droits poche, c’est que nous avons de belles locomotives pour tirer l’ensemble de la collection. Nous comptons également étudier l’achat de droits de livres parus en grand format chez d’autres éditeurs et qui correspondent à notre ligne éditoriale.

Tu as déjà annoncé tes premiers titres. Comment s’est fait le choix ? On retrouve d’ailleurs aussi bien des auteurs français qu’étrangers.

On est là au cœur du projet. Comme dit précédemment, avec Majik, je souhaite créer une collection qui propose tous types d’autrices et d’auteurs, de nos stars anglo-saxonnes traduites en 20 langues jusqu’à de jeunes auteurs français talentueux. Comme souvent chez Leha, il y aura une grosse part de Fantasy dans le catalogue mais pas que. Cela se traduit pour ce lancement par des titres tels que Malice de John Gwynne (premier tome de la tétralogie Le Livre des Terres Bannies), Three Dark Crowns de Kendare Blake (également un premier tome de sa tétralogie éponyme), La Promesse du Sang de Brian McClellan (premier tome de  La Trilogie des Poudremages), Inkarmations de Pierre Bordage et Cathédrale de Hermine Lefebvre. Trois auteurs internationaux de premier ordre, un des plus grands auteurs français d’imaginaire et une jeune autrice française très talentueuse : que du beau monde ! Suivront en mai deux romans de Fantasy d’auteurs français : La Complainte de Foranza de Sara Doke et Le Livre des Purs (en intégrale regroupant les deux tomes du grand format) d’Olivier Martinelli.

Leha a débuté en publiant essentiellement des auteurs français, puis depuis le Livre des Martyrs les choses se sont retournées avec un catalogue essentiellement de traductions. A quoi est dû ce revirement ? Penses-tu republier des auteurs français à l’avenir ? Tu viens de finir la trilogie Polaris de Philippe Tessier, mais d’autres sont-ils prévus ?

Oui, c’est vrai que la trajectoire initiale que j’avais imaginée en lançant Leha a été totalement bouleversée par l’arrivée du Livre des Martyrs dans notre catalogue. Finalement nous avons lancé cette fabuleuse série et son chantier colossal moins d’un an après notre création, ce qui est fou quand on y pense. C’est en arrivant à mi-parcours de sa publication en français et en constatant au quotidien les encouragements reçus et le bonheur que nous apportions aux lectrices et aux lecteurs que s’est posée la question de l’après. J’ai toujours aimé la Fantasy « classique » et je me suis aperçu que les éditeurs français la délaissaient de plus en plus. Cette tendance s’accélère encore plus avec la ruée vers l’o… la romantasy. Du coup, il y avait une place à prendre et Leha est probablement aujourd’hui l’éditeur indépendant le plus engagé dans la Fantasy « classique », ce que j’assume et revendique même pleinement. Mais bon, éditer John Gwynne, Brian McClellan, James Islington ou Kendare Blake, Ian Cameron Esslemont ou Garth Nix après Steven Erikson, c’est tout simplement éditer de très grands auteurs, un plaisir partagé avec les lectrices et les lecteurs, et une très grande fierté.

Pour autant, nous continuons à publier des autrices et auteurs français, cela a un peu moins de visibilité dans le monde éditorial qui fait la part belle aux traductions, mais cette volonté demeure forte chez nous et, pour répondre à ta question, Philippe Tessier demeure bien sûr un auteur « maison » avec qui nous avons de nombreux projets…

Que peux-tu nous dire du programme 2024 de Leha ? Quelles petites pépites nous réserves-tu ?

En parlant de Philippe Tessier justement, nous préparons pour la rentrée littéraire un livre très, très attendu dans l’univers de Polaris, mais…chuuuttt… ! Nous publierons également à la rentrée un nouveau roman de Fantasy très fort d’Olivier Martinelli dans l’univers du Livre des Purs, ainsi que le nouveau roman d’Alexis Flamand qui va surprendre. Et bien sûr, 2024 sera aussi une grosse année John Gwynne, avec le 2e tome de sa Fantasy d’inspiration viking La Confrérie du Sang et la fin de la série Le Livre des Terres Bannies. Sans oublier la fin de La Trilogie de Licanius de James Islington que nous sortons fin mars, une autre grande et belle série de Fantasy (fortement recommandée à toute personne aimant La Roue du Temps !).

Pour les lecteurs qui aiment acheter en salon, sur quels évènements pourra-t-on retrouver Leha en 2024 ?

Pour l’heure, on peut déjà annoncer notre présence à Trolls & Légendes en mars puis Grésimaginaire en avril, OctoGônes en octobre et le salon jeunesse de Montreuil en décembre ; d’autres présences sont à l’étude, on en reparlera bientôt j’espère !

 

Merci pour tes réponses et à bientôt au détour d’un salon !

Avec plaisir et plein de belles lectures à toi et aux fans d’eMaginarock !

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