Entretien avec Janis From Mars, poétesse en image

On continue notre série d’interviews avec cette fois Janis From Mars, modèle photo découverte grâce à Faallaway dont vous avez pu lire l’interview l’an dernier. Mêlant costumes, acting, et poésie, cette jeune femme envoûte et surprend. une interview passionnante qui va nous plonger dans son univers fantastique, sombre et pourtant terriblement poétique !

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Peux-tu tout d’abord nous expliquer comment tu es devenu modèle ? D’où t’es venue cette passion, et comment t’es venue l’idée d’ajouter cet aspect narration très important dans ton travail ?

Pour introduire mon travail, je n’utilise que rarement le terme « modèle » car ce n’est pas ce qui définit au mieux ma démarche. Je pose devant l’objectif cela est vrai, mais la majorité des photos sur lesquelles je figure ont été initiées par des projets personnels. Les personnages que je crée et les mises en scène que je propose ne sont pour la plupart pas commanditées, c’est donc pour cela que je préfère utiliser le terme alambiqué de « poétesse en image».

Pour la petite histoire, j’ai toujours aimé me costumer et petite j’attendais avec impatience le carnaval ou Halloween, car ma mère me faisait toujours des costumes travaillés pour ces occasions. Plus tard j’ai fait des études de costumière car je voulais apprendre à réaliser les tenues de mes fantasmes.

Ces études ne m’ayant pas servi dans le milieu professionnel, j’ai gardé ça de côté en passion. J’ai pendant des années saisi chaque occasion possible pour porter mes réalisations (festival, fête médievale ect) mais les occasions étaient mine de rien trop peu nombreuses. Pour profiter davantage cette passion pour le costume, j’ai commencé à me diriger vers la photo petit à petit.

Mes études dans le milieu artistique m’ont toujours poussé à aller au-delà des images ; l’aspect narratif est donc super important dans ma démarche, j’ai besoin que l’image aille plus loin que l’esthétique et raconte une vraie histoire.

Finalement ton travail revient à un mélange entre costumière, actrice, scénariste, accessoiriste… Comment gères-tu cette multitude de casquettes ? N’est-ce pas trop compliqué de tout faire soi-même ?

Je crois que je serais frustrée de ne faire qu’une petite partie de tout ce travail. J’adore imaginer l’histoire de chacun de mes personnages et aller jusqu’à leur créer une tenue, leur trouver un décor ou le fabriquer, choisir leurs accessoires pour immortaliser une scène en particulier…

L’avantage de faire tout ça par passion et non par profession, fait que je définis moi-même le timing, que je décide les délais dans lesquels je veux faire tel shooting, et ainsi je ne travaille pas sous la pression d’une dead-line et tout est plus simple. Pour les commandes, c’est autre chose car tout est plus précis et je gagne du temps dans l’élaboration puisqu’il y a en général un cahier des charges.

Que se passe-t-il quand on te contacte pour une prestation, quelle est ta méthode de travail ? Comment conçois-tu l’histoire autour de ton personnage, son costume…

Comme je l’ai dit plus haut, la plupart des shootings sur lesquels j’ai travaillé étaient des collaborations et j’ai donc majoritairement « page blanche » pour créer. Lorsque l’on me commande un personnage, cela reste en général un thème récurrent de mon univers donc je procède comme lorsque je créer des projets persos.

A l’école de costumier-réalisateur on nous apprend à délier la psychologie des personnages dont on doit faire le costume, afin de dessiner au mieux la tenue qui leur collera à la peau. C’est un aspect que j’ai adoré et que j’ai continué à explorer. L’aspect narration est donc primordial dans mon travail créatif puisque chaque idée qui naît est construite sous cet angle ; J’ai une image en tête avec un personnage, je me demande toujours ce qui a engendré la situation dans laquelle il se trouve et je creuse pour lui inventer sa vie. Ainsi je m’amuse à jouer un rôle le temps de la photo et je trouve cela plus profond.

Tu as beaucoup travaillé avec Faallaway, qui a déjà été interviewée dans nos pages d’ailleurs, ainsi que d’autres photographes. Comment choisis-tu les photographes avec lesquels tu travailles ?

Oui, Faallaway compte parmi mes photographes français favoris. Elle est aussi une amie proche, avec qui je me sens libre de créer car nos univers respectifs ont beaucoup de points communs et nous travaillons ensemble avec une grande facilité/fluidité. J’adore !

En général je choisis mes collaborations avec des photographes ayant un style bien défini, un Univers marqué, ayant une sensibilité pour la poésie et la narration et puis je vois en fonction du feeling.

J’aime créer à deux, que chacun des partis soit force de proposition ; cela donne en général des images plus fortes ! Et je suis aussi assez sélective au niveau du style de retouche, de la « patte », j’avoue avoir un gros coup de cœur pour ce qu’on appelle dans le milieu le style « Fineart », style photographique que l’on voit beaucoup aujourd’hui dans les pays de l’est, mais je suis aussi assez fan des styles cinématographiques.

Tu es également poète, plus particulièrement dans l’ésotérisme. Est-ce de même une passion ? Comment te viennent tes textes ?

J’écris des poèmes de temps en temps, et c’est vrai que les thèmes récurrents sont souvent liés à l’alchimie, aux créatures mystiques, à la magie, mais à travers tous ces mots je veux surtout évoquer le développement personnel, le soi profond.

Je m’inspire des choses que je vis, des schémas souvent vécus par tout un chacun au cours d’une vie, des émotions, des peurs, mais aussi des prises de conscience qui font que l’on avance au quotidien.

Je suis passionnée par la Magie de l’Univers et de la Vie, j’aime aussi beaucoup philosopher. C’est en général lors de méditations que me viennent ces thématiques.

Tu fais aussi des autoportraits. Quel matériel et logiciels utilises-tu pour ce travail ? Pourquoi travailler ces clichés en solitaire ?

Je n’en fais hélas que trop peu car je n’ai pas le matériel adapté pour faire des auto-portraits. J’ai un reflex Nikon d’un certain âge qui n’a pas l’option permettant de voir l’écran de son appareil lors de mise au point à distance et cela complique énormément la prise de vue quand on est seul. J’ai pensé à investir dans un matériel plus récent mais cela est toujours en réflexion. Sinon pour la retouche je bosse sur Lightroom et Photoshop, méthode classique.

Les make-up qui sont visibles sur tes clichés sont toujours très travaillés. Travailles-tu avec des maquilleuses ou bien cet aspect-là est-il aussi de ta partie ?

Je travaille rarement avec des maquilleur/euses car les thèmes abordés sur mes photos ne nécessitent en général qu’un make-up « beauté », et je ne veux pas faire déplacer des pro pour cela. Je me débrouille seule pour la plupart du temps et il y a aussi possibilité d’accentuer un maquillage simple en retouche photo, c’est pratique !

Tu ne shootes que peu ou voire pas en studio, en tout cas dans ce que tu postes. Est-ce parce que tu n’aimes pas ce type de travail, que les décors naturels te correspondent mieux ?

Si j’ai le choix, je vais dehors oui ! J’essaie de trouver un lieu qui a de l’histoire dans sa pierre, type château en ruines, église… Il y a plusieurs raisons à cela, la lumière naturelle est selon moi (si elle est bien gérée) plus jolie et plus douce que les lights de studio, et puis les possibilités sont infinies en extérieur tant que l’on se motive à prendre la voiture et qu’on explorer un peu. J’aime aussi énormément les grandes profondeurs de champs, cela laisse plus de place à l’imaginaire et je trouve les histoires racontées plus crédibles.

Mais je ne vais pas mentir, un décor bien fait en studio, c’est très chouette aussi !

Combien de temps passes-tu en moyenne sur chaque photo en auto-portrait ? (en comprenant prise de vue, retouche, publication).

Je mets à peu près un jour ou deux pour un projet perso en auto-portrait, entre la prise de vue et les retouches. Ça m’est arrivé de recommencer le lendemain des prises de vue qui ne m’avaient pas satisfaites la veille, du coup je perd beaucoup de temps en auto-portrait, car quand j’ai quelque chose de précis en tête je deviens super têtue et je persiste jusqu’à avoir le résultat attendu. Il y’a eu aussi plusieurs échecs dans l’histoire, des shootings que je n’ai jamais réussi à faire, ce qui génère de la frustration pour une passionnée comme moi (rires), donc je préfère faire appel à des photographes, cela est nettement plus simple ! J’ai quand même l’envie de créer de A à Z les images que j’ai en tête, chose que je ferai peut-être si je réussi à investir dans du matériel plus professionnel.

Et la création complète d’un personnage de la première idée à la séance photo, cela te prend combien de temps de travail environ ?

C’est super varié ! Parfois je me réveille le matin et une idée super élaborée pointe le bout de son nez et hop, tout est là en peu de temps (surtout si j’ai déjà des éléments de costumes disponibles pour le thème en question et si un/une photographe est dispo) et d’autre fois j’ai des brides d’idées, des inspirations et je dois creuser, dessiner le costume, le coudre…et donc parfois je fais les shootings plusieurs mois après l’idée initiale. Mais rarement trop longtemps après car quand j’ai une idée en tête ma passion me pousse à vite la réaliser (je travaille beaucoup dans l’émotion).

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Author: Dimitri John Dimo-nia'k Vigne
Aperture: 4
Camera: Canon EOS 7D Mark II
Iso: 100
Copyright: Dimoni'Art Serenity Studio 2019
Orientation: 1

As-tu des artistes qui t’ont inspiré et que tu aurais envie de citer ici ?

Je suis une fan inconditionnelle de la photographe Lillian Liu. Son travail est poétique et très élaboré et les thèmes qu’elle aborde dans ses images me touchent et m’inspirent beaucoup.

Sinon de manière générale, je suis plutôt inspirée par des histoires fantastiques, sombres et médiévales ou par la romance de l’époque victorienne, mais j’essaye de toujours les retravailler à travers mon filtre personnel, à travers la lecture que j’en fais.

Quelle serait ta série préférée parmi toutes celles que tu as shootées ?

C’est une question beaucoup trop difficile, j’en ai plein ! En ce moment je suis très armure, et dès que je peux jouer le chevalier je me sens super épanouie ; allez essayer de comprendre pourquoi haha…

Une polémique agite Instagram depuis quelques temps puisque la plate-forme voudrait privilégier les vidéos afin de concurrencer Tik-Tok. Toi qui as quelques centaines d’images hébergées sur ce réseau que penses-tu de ce changement de direction ?

Vis à vis de cette décision prise par Instagram, c’est une période très compliquée pour nous, passionnés de photographie.

Je ne suis pas douée en vidéo (ou peut-être pas assez à l’aise sur ce format) et cela impacte énormément ma visibilité sur cette plateforme. J’ai eu plusieurs phases ou j’ai failli arrêter de poster sur ce réseau car cela impactait trop mon moral de voir que mon travail était bien moins vu qu’avant. Je me suis récemment cassé la cheville ce qui fait que j’ai été beaucoup moins productive qu’en début d’année et que l’année précédente, et cela a également impacté ma présence sur ce réseau. Mais j’ai décidé que j’allais prendre tout ça « à la cool » et qu’il ne fallait pas que cela impacte directement ma passion.

Instagram a-t-il été un réel moteur pour la progression de ta notoriété ?

Oui et c’est pour cela que c’est difficile de s’en détacher ! Cela arrive qu’on m’interpelle lors d’événements pour me féliciter de mon travail ; cela montre malgré tout que ce réseau social impacte aussi de façon positive dans la vie réelle en rendant notre travail visible.

Sur quels autres supports peut-on retrouver ton travail ?

J’ai une page Facebook, qui montre à peu près le même travail que sur Insta, on peut me trouver sur Book.fr pour les prestas que je propose, mais j’ai de plus en plus envie de me faire un site pro. A voir par la suite !

La spiritualité est un aspect important de ton travail également. Ta manière de travailler t’aide-t-elle à trouver ce que tu cherches de ce côté-là également ?

Je n’ai pas encore réussi à analyser le cheminement entre ma vie spirituelle et mon art, mais pour les deux je me laisse porter et je me laisse inspirer par ce que je vis. Une chose en laquelle je crois fermement est que nous avons la chance et le don de créer en tant qu’Êtres Humains, et que ça c’est magique, presque divin. Je vous invite à vous en servir !

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui cherche à se lancer dans le modeling et les costumes ?

D’oser ! De se laisser porter par son enfant intérieur et aussi de croire en soi ; on a tous un monde imaginaire et c’est super chouette de l’exprimer à travers un art quelconque. La photo est un outil accessible à tous, encore plus entant que modèle. Tout le monde peut poser, interpréter un personnage. Il ne faut surtout pas s’arrêter aux premiers essais car ils sont rarement un succès et être persévérant.

Pour le costume, je dirais que les tutos vidéos sont nos amis. Avoir des bases en couture c’est mieux, mais tout peut s’apprendre. Bosser avec des tissus de récup au début pour éviter les achats onéreux de matière première et en plus cela stimule davantage de pouvoir tester des choses sans avoir peur de gâcher du tissu !

Merci beaucoup pour tes réponses et à bientôt au détour d’une nouvelle série de photos sur les réseaux !

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