Entretien avec Karen, Clément et Julien, de Gonezilla

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que vous pouvez tout d’abord vous présenter et nous expliquer ce que vous faites dans Gonezilla ?

Karen : Bonjour je suis Karen, j’écris une partie des textes, les lignes de chant, et je chante les parties en chant clair.

Clément : Bonjour, Clément, j’occupe le poste de bassiste, et chante certains chœurs.

Julien : Je suis le guitariste lead du groupe, co-auteur, compositeur et producteur musical.

D’où vient le nom du groupe ? Est-ce en référence à un monstre disparu ?

Clément : C’est en effet une référence au monstre Godzilla, mélangé au mot “gone”, qui dans le patois lyonnais désigne un enfant ou un jeune. Lorsque nous avons débuté comme groupe de reprises en 2011, nous voulions un nom qui rappelle notre ville d’origine, et qui souligne la lourdeur de la musique. Cette allusion à ce monstre nippon habitué nous a paru tout à fait adaptée…

Comment en êtes-vous venus au metal, à la fois en tant que fans et en tant que musiciens ?

Karen : A la base je jouais du rock dans un groupe de reprise et puis mon batteur de l’époque a rejoint une formation de metal progressif / symphonique et j’ai eu le coup de foudre.

Clément : Mon père jouait de la guitare et écoutait ZZ Top, Pink Floyd, les Doors etc… quand mon frère s’y est mis lui aussi, il s’est mis à écouter du Metallica… J’y étais complètement hermétique à l’époque puis j’y suis venu progressivement, de manière très classique. RATM d’abord, puis Metallica, Iron Maiden, Pantera etc… puis assez rapidement le metal extrême, et bien sûr le doom et ses dérivés. J’écoutais principalement le “Peaceville 3”: Paradise Lost, My Dying Bride, Anathema, et les groupes Suédois : Candlemass, Tiamat et surtout Katatonia donc je suis fan absolu. Ayant beaucoup de guitaristes dans mon entourage, je me suis plutôt orienté vers la basse, car j’aimais l’aspect “groove” de l’instrument.

Julien  : De mon côté j’ai acheté mes premières K7 de Scorpions, ACDC &, Maiden en 5eme. J’ai ensuite été très fan de cold wave et de punk…et suis revenu au metal avec le temps via Metallica, Mass Hystéria, Eths, puis le gothique et doom enfin.

Le doom metal est assez rare parmi les groupes français, encore plus quand il est chanté dans la langue de Molière. Pourquoi avoir choisi de chanter en français ?

Clément : Sur notre première démo nous avions des titres à la fois en anglais et en français, mais nous avons rapidement compris que nous arrivions mieux à transmettre de l’émotion avec le français. De plus nous tenions aussi à rendre hommage à notre langue maternelle, la plupart d’entre nous étant sensibles à la poésie française, notamment les mouvements romantiques et symboliques. Cela nous permet aussi de proposer quelque chose d’original en évitant d’être noyé dans la masse de formations chantant dans la langue de Shakespear.

Julien : L’affection pour la poésie de Hugo en passant par Beaudelaire, pour le rock français par ailleurs et tout simplement le respect de la richesse de cette langue ont conduit naturellement à écrire en Français et à assumer ce choix !

Aurore est le nouvel album du groupe. Comment s’est passé le travail dessus ? Qui écrit la musique et qui se penche sur les paroles ?

Karen : Julien a composé la totalité de la musique sauf les lignes de chant, et écrit une partie des textes. Je me suis occupée de l’autre moitié. On a beaucoup travaillé à distance comme tu dois t’en douter… quand j’écrivais les textes on commençait par les valider avec Julien, puis je maquettais le chant et on s’échangeait les fichiers sur internet. Pendant la phase créative, il était rare qu’un jour passe sans qu’on échange sur le morceau en cours.

Le duo vocal n’a pas été sans me rappeler Draconian et fonctionne particulièrement bien. Est-ce que vous travaillez particulièrement votre alchimie vocale ?

Karen : Je suis ravie que tu poses la question car c’est un point très intéressant : vu la distance ce n’était pas forcément simple, mais on s’est beaucoup parlé par messagerie privée. On s’est ouverts l’un à l’autre et c’est le lien humain au final qui donne cette alchimie au chant : on se fait entièrement confiance et on prend soin l’un de l’autre.

Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?

Julien : Ah, grande et vaste question… Je dirais tout d’abord qu’il s’agit davantage d’une façon de travailler que d’une “inspiration”. A travers les influences diverses, principalement dans des morceaux mélancoliques, j’essaye de démarrer une rythmique, et  travaille ensuite sur des phrases lead avec à l’esprit que ces dernières puissent fonctionner. C’est avant tout en voulant écrire des passages que j’aurais aimé entendre chez d’autres que je trouve jusqu’alors ces thèmes qui font l’ossature des morceaux choisis. Je dirais en résumé qu’on inspiration arrive lorsque je me mets au travail et pas de façon “divine” ou innée…

Quelle est votre piste préférée de cet album, et pourquoi ?

Karen : Pour moi, c’est “Le Marcheur de rêve” parce que ce passage en guitare acoustique/voix pur/en toute simplicité me fait toujours monter les larmes aux yeux.

Clément : Difficile de répondre à la question mais si je devais en choisir un, peut-être “Outre Monde” : j’adore l’ambiance de ce morceau qui m’a rappelé le groupe Pallbearer à l’écoute de la démo.

Julien : Ma piste préférée serait la dernière de l’album, “Outre Monde”, de part l’évocation des légendes celtiques/bretonnes et ce contraste des parties du morceau.

Comment s’est déroulé le travail sur l’artwork de l’album ? Que pouvez-vous nous dire sur sa signification ?

Clément : Pour les deux précédents albums nous avions travaillé avec 2 artistes lyonnaises très talentueuses, Camille Murgue pour le premier album et Mina pour le suivant (qui ont par la suite travaillé avec des groupes comme Maïeutiste ou K Amon K). Pour celui-ci nous voulions une esthétique plus classique qui colle avec le thème de l’album.

Karen : Au tout début du travail sur l’album quand Julien m’a proposé d’écrire le texte pour Ekho cette nymphe qui ne peut que répéter les mots des autres, comme nous l’expliquons dans la vidéo de présentation du morceau, présente sur notre chaine YouTube. J’ai immédiatement pensé à cette peinture Ekho and Narcissus de John William Waterhouse… et j’ai gardé cette image en tête tout le long du processus créatif … c’est donc assez naturellement que j’ai proposé une version de cette peinture avec une luminosité abaissée pour la rendre plus sombre à l’image de notre musique.

On sent clairement une inspiration mythologique tant dans les paroles que dans les thèmes visuels. D’où est venu cet amour et pourquoi l’appliquer au groupe ?

Karen : A titre personnel j’ai toujours trouvé la mythologie grecque fascinante, déjà de par l’absence de tabou comparativement aux religions monothéistes mais aussi par toutes les métaphores qu’elle peut engendrer. D’ailleurs la mythologie grecque inspire des peintures, des sculptures, des pièces de théâtres et des opéras depuis toujours.

Clément : Nous trouvions le concept intéressant de pouvoir parler de phénomènes contemporains et de thèmes assez classiques dans le doom en s’inspirant de ces mythes classiques. Tous les textes proposent plusieurs niveaux de lecture.

Julien : Encore une fois c’est un mélange d’affection pour l’antiquité et ses mythes, pour les auteurs classiques comme Homère ou les grands philosophes qui a mis en lumière notre envie commune du thème général que nous voulions pour cet album.

Qu’y-a-t-il de prévu niveau clip pour soutenir cette nouveauté ? Quelques vidéos sont déjà sorties mais d’autres choses sont-elles en production ?

Karen : Nous sommes effectivement en train de travailler sur la pré-production d’un clip vidéo.

Clément : Nous avons sorti une lyrics vidéo pour Ekho et une vidéo plus simple pour Limbes. Nous espérions pouvoir proposer une vidéo live de notre performance au Ferrailleur de Nantes, mais nous avons finalement renoncé car nous voulions nous concentrer sur notre performance scénique, car c’était notre premier concert en commun. Le prochain clip sortira donc d’ici la fin d’année.

Les vidéos où Karen et Julien présentent les morceaux sont particulièrement intéressantes. D’où est venue cette idée ?

Karen : L’idée vient de Clément, on a tout de suite adhéré.

Clément : Les textes des morceaux peuvent paraître simples de prime abord mais recèlent tous beaucoup de références ou de sens cachés… Je trouvais intéressant que leurs auteurs puissent avoir la chance d’apporter leur éclairage aux auditeurs.

Est-ce que l’on pourra bientôt vous découvrir sur scène ?

Clément : Jouer le plus possible va être vital pour nous ces prochains mois, car aujourd’hui les ventes de merchandising et de CD aux concerts sont pratiquement les seules sources de revenus pour les groupes.  Impossible d’espérer continuer à sortir de la musique dans le futur si nous n’arrivons pas à rentrer au moins partiellement dans les frais investis dans cet album. Nous avons eu la chance de nous produire à Nantes le 3 avril avec des groupes hypers talentueux : Lux Incerta, Conviction et Maudits. Notre pays à la chance des formations doom d’une qualité incroyable, qui ont besoin d’être soutenus ! Le 13 avril nous faisons notre release party au Rock N Eat de Lyon, avec Inner Landscape et les suisses d’E-L-R, qui viennent de sortir leur 2e album chez Prophecy Productions… Nous serons aussi à La Brat Cave de Lille le 10 juin et sûrement en Belgique le lendemain. On espère vraiment pouvoir multiplier les dates cette année.

2021 a été très riche en sorties d’albums. Quel serait ton album de l’année ?

Karen : J’ai été totalement hypnotisée par le dernier Swallow the Sun.

Clément : Probablement le dernier Helheim, WoduriaR.

Merci pour vos réponses et à bientôt au détour d’un concert !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *