Un roman de science-fiction original et contemplatif.
Au sommet d’une falaise escarpée du Wisconsin se dresse la ferme Wallace, inchangée depuis plus d’un siècle. D’aussi loin qu’on s’en souvienne, son propriétaire, Enoch Wallace, n’a lui non plus pas pris une ride. Et pour cause, la bâtisse, qui n’a de ferme que l’aspect, abrite en secret un relais spatial où le temps s’écoule différemment. Des voyageurs galactiques y transitent quotidiennement, passant parfois quelques heures en compagnie du gardien des lieux et le régalant de leurs incroyables histoires. Mais depuis deux ans, l’agent fédéral Claude Lewis enquête sur cette anomalie. Le jour où il se décide à passer à l’action, il déclenche sans le savoir une chaîne d’événements aux conséquences dramatiques. Car dans ce petit coin d’Amérique oublié par la modernité, c’est rien de moins que le sort de l’humanité qui se joue…
Peu amatrice de science-fiction, j’ai apprécié la lecture de ce roman atypique, emprunt de solitude et de réflexion.
Le résumé ne rend pas justice, me semble-t-il, à l’originalité de l’œuvre. A sa lecture, j’avais imaginé des aventures extraordinaires, ponctuées de vaisseaux spatiaux, d’extraterrestres et d’affrontements interplanétaires. En réalité, il n’en est rien.
Au cours de ces deux cents et quelques pages, Simak nous narre avec un style simple et précis les réflexions et la solitude de Wallace, un humain choisi par le reste da galaxie pour tenir un relais spatial. Et de l’espace, nous ne verrons strictement rien, puisque l’histoire se déroule quasiment en huis clos, entre les murs de ce relais un peu particulier. Le lecteur y découvre donc Wallace, cet humain qui depuis de longues années, porte une lourde responsabilité. Seul représentant terrien auprès des peuples galactiques, il lui revient d’assurer le transfert des individus envoyés chez lui, mais aussi de cacher la vérité au reste du monde. Ses cheminements intellectuels le pousseront à s’interroger sur sa place dans cet univers, mais aussi sur l’équilibre fragile de sa loyauté.
Si trois autres protagonistes (Lucy, Ulysse et Lewis) prennent une place indispensable, le récit reste centré sur Wallace et les choix qui lui incombent. Au fur et à mesure, on s’attache à ce personnage trop solitaire, dont l’existence semble à la fois si grandiose et si terne.
Malgré le rythme relativement lent de l’histoire (il ne s’écoule que quelques jours entre le début et la fin), je ne m’y suis ennuyée à aucun moment. L’auteur décrypte avec talent les dilemmes de son héros, ses failles et les enjeux de ses décisions. Quelques éléments extérieurs viennent bousculer l’équilibre et apporter une touche de suspense quand c’est nécessaire. Le récit reste donc prenant, et m’a beaucoup intéressée.
Au carrefour des étoiles est donc un roman de science-fiction atypique, misant davantage sur la réflexion que sur les effets spéciaux.