Body Snatchers, l’invasion continue – Abel Ferrara

LES +

  • Film très divertissant
  • De belles influences
  • Un mélange sf/horreur très réussi

LES – :

  • Aucune innovation majeure

En mission d’expertise environnementale, Steve Malone (Terry Kinney) emmène toute sa famille avec lui dans une base militaire en Alabama. Sa fille, Marti (Gabrielle Anwar) ne va pas tarder à faire une rencontre pour le moins effrayante et étrange : un soldat la supplie de ne pas s’endormir, car c’est pendant votre sommeil qu’ « ils » vous remplacent…

Le roman culte de Jack Finney aura eu droit à quatre adaptations cinématographiques. Tout commence d’abord en 1956 avec le chef d’œuvre de Don Siegel, L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Le film est un monument du cinéma de science-fiction. C’est aussi celui qui est le plus fidèle au livre. Viendra ensuite, en 1978, le premier remake : L’Invasion des Profanateurs. Mis en scène par le très solide Philip Kaufman (The Wanderers, L’insoutenable légèreté de l’être) et bénéficiant d’un casting de haut vol (Donald Sutherland, Brooke Adams, Leonard Nimoy, Veronica Cartwright, Jeff Goldblum, s’cusez du peu !) le film est souvent cité comme un modèle d’excellent remake, réussissant à avoir un impact presque aussi important que l’original de 1956 dans l’imaginaire des cinéphiles. Cette dernière scène, cette dernière image du film, fait partie de l’histoire du cinéma de science-fiction et du cinéma tout court.

Arrive donc en 1993 le deuxième remake : Body Snatchers, l’invasion continue. Issu du cinéma d’exploitation, Abel Ferrara se fait remarquer tout d’abord par de toutes petites productions comme Driller Killer (1979) ou L’Ange de la Vengeance (1981) avant de gagner en notoriété avec des polars assez torturés tels que King of New York (1990) et Bad Lieutenant (1992). On peut se demander comment ce roi de l’underground new-yorkais s’est retrouvé aux manettes d’une grosse production comme Body Snatchers, l’invasion continue. Le film sera même présenté au Festival de Cannes !

Forcément, l’accueil sera mitigé. Les deux films précédents lui font trop d’ombre. Et pourtant Body Snatchers version années 90 est loin de démériter. Partant du principe que le public connaît déjà les versions de Siegel et Kaufman, Ferrara propose une série B généreuse, qui va droit au but, et c’est déjà pas si mal ! Le cadre militaire dans lequel se déroule toute l’histoire offre un côté anxiogène, étouffant, au film, lui donnant presque des airs carpenteriens. Si Body Snatchers, l’invasion continue n’apporte pas vraiment de nouveauté, on tient là quand même un film qui propose ses temps forts et qui est particulièrement divertissant.

Les fans de Ferrara auront peut-être du mal à retrouver la griffe du réalisateur sur cette production. Néanmoins, la noirceur est là. Et le bonhomme a su bien s’entourer puisque les deux poids lourds de l’horreur que sont Stuart Gordon (Reanimator, Fortress) et Larry Cohen (The Stuff, It’s Alive) travaillent également sur le projet. Gage de qualité qui permet ici à la science fiction et l’horreur de fusionner merveilleusement bien. On notera également les influences d’autres films dans Body Snatchers, l’invasion arrive. Contrairement à ses prédécesseurs (qui ont des héros adultes et masculins) le film a pour personnage principal une ado incomprise, qui sait qu’elle ne peut pas s’endormir. Ce qui fait furieusement penser à Les Griffes de la Nuit (1984) de Wes Craven. Le lien entre les deux films peut paraître tiré par les cheveux et pourtant une scène en particulier (la fameuse scène de la baignoire) rend la chose évidente. La conclusion du film rappellera également un certain Zombie (1978) de Maître George Romero. Bref, de belles influences.

CONCLUSION

Il est vrai que le casting du film (sans star, à part une courte mais marquante apparition du grand Forest Whitaker) est moins clinquant que celui de 1978. Mais ce n’est pas un problème, tant les acteurs ici présents font le boulot. Mention spéciale à la très cool Christine Elise qui crève l’écran dans son rôle de petite punkette rebelle encore dans un esprit 80’s.

L’Invasion des Profanateurs de Sépultures est une histoire au sujet intemporel, que chaque génération cherche à réinterpréter à sa façon. Les angoisses ici provoquées sont tellement enracinées et puissantes dans l’esprit humain que, nul doute là-dessus, d’autres adaptations au cinéma suivront. La version 90’s de Ferrara, souvent décriée, est un très bon petit film de SF/horreur, bien meilleur que la dernière adaptation en date : Invasion (2007) d’Oliver Hirschbiegel.

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