Malpeste est le second tome de la série Thair de Jean-Luc Marcastel. Publié aux éditions Leha, ce second tome met au premier plan les personnages, sans toutefois oublier d’intégrer quelques scènes de combats impressionnantes. Un roman de transition qui prépare un final de trilogie en apothéose et qui confirme la réussite de la série.
Le Thoïl d’Orguenoir n’est plus ! Faïra sa Castalaïna elle, est toujours ! Elle a avec elle Jaan de Caarsac, l’arme ultime. Ultime espoir d’une humanité renaissante face à la Malpeste. Pour sauver l’humanité, elle va avoir besoin d’une armée afin d’accompagner Jaan. Pour cela elle va devoir trouver de nouveaux enfants en ralliant un Thoïl à sa cause avant d’entreprendre l’unification complète d’Avarnia. Jaan doit à tout prix rallier Tolosania afin de lever une armée. Pendant ce temps Yaïn et Vincent sont toujours à la poursuite de ceux ayant enlevé Naïade, l’orcinus qui a volé le cœur du jeune homme. Les voilà qui s’embarquent sur la dangereuse Garonnaï, où vivent les crocombres. Alors que l’humanité ne semble pas préparée, le fléau d’Arken avance doucement ses pions.
La couverture de Lionel Marty pour le premier tome était déjà très réussie mais avec ce tome-ci, il nous livre une illustration tout simplement sublime. Les couleurs choisies et la composition avec la menace des Nodes en premier plan en font une très belle illustration de l’univers de Thair. La scène choisie pour cette couverture est la scène la plus forte du roman et Lionel Marty en a capturé toute l’essence.
Du côté de la narration, on retrouve ce qui fait le succès du premier roman. L’alternance des points de vue et des lieux d’actions, des chapitres courts, et un univers néo-féodal particulièrement fouillé. L’alternance des points de vue rend la lecture addictive, voulant toujours avoir la suite des aventures d’un des groupes de personnages. Sentiment accru par la petite phrase à suspense qui clôt chaque chapitre. L’univers de Thair prend de l’ampleur et j’ai particulièrement aimé le mélange des époques et des technologies dans un monde indompté par l’Homme, qui risque sa vie régulièrement face à la nature.
Je le disais en préambule, ce tome est centré principalement sur les personnages au dépend de la guerre sous-jacente. Ursula K Le Guin disait, un roman c’est avant tout des personnages qui font quelque chose. C’est exactement le ressenti que l’on a avec Malpeste. Les Nodes commencent à s’organiser et, durant le premier tiers du récit, ils occupent une place entière dans la narration. Puis ils disparaissent de la narration durant le second tiers. C’est avec cette partie que Jean-Luc Marcastel joue avec les nerfs du lecteur. Nous savons qu’ils s’organisent et que la masse qu’ils représentent s’accroit d’heure en heure alors que les personnages eux, en sont encore à s’organiser et à se découvrir. C’est LA force du récit, on suffoque à force de se demander ce que l’ennemi prépare. On a continuellement envie de voir débarquer les Nodes et donc on enchaine les pages dans le but de les retrouver. Et quand ils arrivent enfin c’est en apothéose. L’arc entourant Yaïn est à nouveau celui que j’ai préféré, avec une scène d’action aquatique particulièrement impressionnante. La faible représentation des combats est due à la nature même de la menace que représentent les Nodes. Avec un tel ennemi, on assiste à des scènes de guérilla plutôt qu’à une longue bataille rangée. Cet aspect de l’histoire tend à évoluer et laisse entendre l’arrivée prochaine de grosses batailles avec une opposition frontale et/ou un siège (un bon gros gouffre de Helm et je serais vraiment comblé).
Jean-Luc Marcastel a une écriture efficace et il le prouve roman après roman. Son style n’est pas si simple qu’il n’y parait et l’on trouve une vraie puissance d’évocation. Il est d’ailleurs particulièrement malaisant de lire les sentiments amoureux que ressentent Jaan et Faïra. Ce sentiment de malaise travaillé par l’auteur met l’amour des corps et des êtres au centre du roman. Les sentiments ne sont pas crus et prennent une place très importante dans le roman. L’auteur nous montre que les Hommes restent l’esclave de leurs sentiments, souvent au dépend de leur raison. C’est un second niveau de lecture qu’il introduit dans le roman, sans avoir à y dédier des tartines entières. J’aurais cependant aimé avoir un peu moins de disgressions sentimentales et un peu plus de scènes d’action avec une bonne centaine de pages en plus. Car oui, 320 pages c’est bien trop court pour un univers aussi prenant !
Conclusion:
Avec ce très bon tome de transition, Jean-Luc Marcastel ancre profondément son univers. Il commence à réunir ses personnages vers une action commune. La menace gronde et commence à montrer plus que le bout d’une patte. C’est un très bon roman qui se lie d’une traite. Cependant on notera l’énorme défaut de ce roman : Un besoin urgent d’avoir la suite, qui promet des batailles plus qu’épiques.